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Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : un appel à « la paix » et au « dialogue »

mai 23, 2024 4:35, Last Updated: mai 23, 2024 8:35
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Emmanuel Macron a débuté jeudi matin sa visite éclair en Nouvelle-Calédonie en souhaitant un retour « le plus vite possible » à « la paix, au calme, à la sécurité », mais aussi au « dialogue » après une semaine d’émeutes qui ont laissé l’archipel profondément meurtri et dans l’impasse politique.

« Ma volonté est d’être aux côtés de la population pour que le plus vite possible, ce soit le retour à la paix, au calme, à la sécurité. C’est la priorité des priorités », a déclaré le chef de l’État dès sa descente de l’avion à l’aéroport de Nouméa.

Alors que depuis le début des émeutes sur l’archipel français du Pacifique, six personnes ont été tuées, dont deux gendarmes mobiles, il a observé une minute de silence en préambule d’une réunion de plus de trois heures et demie avec des élus et acteurs économiques poursuivie par un déjeuner informel.

Arrivé aux côtés des ministres Gérald Darmanin (Intérieur), Sébastien Lecornu (Armées) et Marie Guévenoux (Outre-mer), Emmanuel Macron a promis des « décisions » et des « annonces » à « l’issue de cette journée », même s’il a assuré n’avoir « pas de limite » de temps sur place.

Le président Emmanuel Macron visite le commissariat central à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, le 23 mai 2024. (Photo LUDOVIC MARIN/POOL/AFP via Getty Images)

Le président a souligné que « beaucoup de populations souffrent aujourd’hui », évoquant les difficultés d’accès aux soins, mais aussi « l’approvisionnement », dix jours après une éruption de violences inédites sur l’archipel depuis près de 40 ans, qui laissent encore des quartiers entiers difficilement accessibles.

Déterminé à rétablir l’ordre, Emmanuel Macron a assuré que les quelque 3 000 membres des forces de sécurité déployés « resteront aussi longtemps que nécessaire, même durant les Jeux olympiques et paralympiques » de Paris qui prennent fin début septembre.

Quant à l’état d’urgence en vigueur depuis une semaine, il « pense » qu’il « ne devrait pas être prolongé » au-delà des 12 jours légaux, à condition que « tous les dirigeants » de l’archipel « appellent à lever les barrages ».

« L’apaisement ne peut pas être le retour en arrière »

Accompagné des trois hauts fonctionnaires qui auront pour mission de renouer le dialogue avec les indépendantistes et non indépendantistes, Emmanuel Macron a appelé à un « apaisement constructif » et à la recherche d’une « solution » politique. Mais sans revenir sur le résultat des trois référendums qui ont acté le maintien du territoire ultramarin dans la République, car « l’apaisement ne peut pas être le retour en arrière », a-t-il plaidé.

Il n’a toutefois pas dit clairement comment il entendait déminer ce qui fut le détonateur des émeutes, à savoir le vote à l’Assemblée nationale du dégel du corps électoral de l’archipel. Une réforme constitutionnelle décriée par les indépendantistes et qui doit encore être votée par les députés et sénateurs réunis en Congrès avant la fin juin, sauf si un accord sur un texte global entre indépendantistes et loyalistes intervient d’ici là.

Une gageure alors que le dialogue est au point mort, incitant une grande partie de la classe politique, jusqu’au sein du camp macroniste, à demander un report du Congrès.

Dans cette perspective, M. Macron, qui tente avec ce déplacement surprise un vrai coup de poker, a dit venir avec « beaucoup de respect, d’humilité ». Son dernier déplacement dans l’archipel, en juillet 2023, avait été boycotté par des indépendantistes kanak.

Jeudi, les indépendantistes Roch Wamytan, président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, et Louis Mapou, président du gouvernement calédonien, étaient présents à la première réunion autour du chef de l’État. Un second rendez-vous, plus axé sur les questions politiques et institutionnelles, doit encore se tenir dans la journée.

Encore « tellement de choses qui sont détruites »

En attendant, sur le terrain, « la nuit a été calme », a indiqué jeudi matin le Haut-commissaire Louis Le Franc à l’AFP. « Il n’y a pas eu de dégâts supplémentaires mais il y a tellement de choses qui sont détruites », a-t-il encore fait valoir, alors que 281 personnes ont été placées en garde à vue depuis le 12 mai, à une écrasante majorité pour des atteintes aux biens, selon une source judiciaire.

Une rue bloquée par des débris et des objets brûlés à Nouméa. (Photo DELPHINE MAYEUR/AFP via Getty Images)

Sur la route qui relie Dumbéa, au nord de la capitale, à Nouméa, de nombreux barrages filtrants et des carcasses de voitures incendiées continuent de hacher la circulation, a constaté un journaliste de l’AFP jeudi matin.

Dans le Grand Nouméa, ces barrages se sont même renforcés dans la nuit. Les indépendantistes y ont hissé leurs drapeaux et tendu des banderoles « Non au dégel » ou « Darmanin assassin ».

Un retour à la vie normal s’est amorcé dans le centre de Nouméa, quadrillé par une forte présence policière, mais où de nombreux magasins ont rouvert leurs portes.

Dans un communiqué, le gouvernement a toutefois rappelé à l’ordre « certains commerçants qui profitent des circonstances pour augmenter de manière exagérée les prix de leurs produits dont certains sont réglementés, rendant cette pratique totalement illégale ».

Et pour ajouter à l’instabilité, l’archipel a aussi été visé par une cyberattaque « d’une force inédite » visant à « saturer le réseau calédonien », a annoncé Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial calédonien. Une attaque stoppée « avant qu’il y ait des dégâts importants », a-t-il assuré.

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