Le 11 juin, une plainte pour « crimes contre l’humanité » a été déposée à La Haye à l’encontre du président Français et du ministre de l’Intérieur, considérés par Francis Lalanne et ses conseils comme les « donneurs d’ordre » des violences policières exercées contre les Gilets jaunes.
Ce mardi, Francis Lalanne s’est rendu au siège de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye (Pays-Bas) afin de déposer plainte pour « crimes contre l’humanité » contre le président de la République et le ministre de l’Intérieur. Il était accompagné de Maître Ghislain Mabanga – avocat agréé Cour pénale internationale en charge du dossier dont les honoraires, qui s’élèvent à 30 000 euros, ont été intégralement pris en charge par le musicien – et de Maître Sophia Albert-Salmeron qui défend les Gilets jaunes depuis maintenant plusieurs mois.
« J’étais accompagné de Maître Mabanga, qui est un avocat accrédité Cour pénale internationale, et de Francis Lalanne, parce qu’il nous fallait un requérant. En notre qualité d’avocats, nous ne pouvions pas être les requérants mais il nous fallait un nom et comme Francis Lalanne a, depuis le début de ce mouvement, décidé de saisir cette cour, c’est son nom qui figure en qualité de requérant et il devait être là », a expliqué Maître Albert-Salmeron dans un long entretien accordé à la chaîne YouTube Provence Reportages.
« Une minorité identifiée et identifiable »
« Maître Mabanga a rédigé une requête qui fait environ 88 pages », poursuit l’avocate avant d’expliquer que 1000 pièces de preuves et des vidéos accompagnent également le dossier déposé. « On attend que ce procureur décide de poursuivre. Nous avons d’autres alternatives, le cas échéant, mais notre premier espoir, c’est qu’il poursuive pour crimes contre l’humanité et persécution », confie Sophia Albert-Salmeron.
« Les Gilets jaunes sont aujourd’hui une minorité identifiée et identifiable. C’est comme cela que le traité de Rome définit la persécution sur une minorité ou sur un peuple, les Gilets jaunes constituent bien cette minorité qui est persécutée. Nous avons des blessés, nous avons des morts, nous avons des mutilés, nous avons des éborgnés et nous avons aussi transmis un dossier de gaz très important puisque la nature même des gaz, leur composition, a changé depuis quelques semaines. Ce sont des gaz qui sont interdits, qui ne peuvent pas être utilisés sur une population civile et qui pourtant le sont. Ce dossier gaz, qui a été étudié par un professeur, […] met en exergue tout ce qui a été fait, y compris sur les forces de l’ordre puisque ces gaz sont inhalés par la population, mais aussi par les forces de l’ordre. Ces nouveaux gaz entraînent pour la plupart des difficultés à respirer, c’est une évidence, des crises d’asthme et des troubles pulmonaires à plus long terme », ajoute l’avocate.
« Inadmissible qu’en France, État de droit, on puisse avoir de tels blessés »
Interrogée sur l’immunité octroyée au chef de l’État par la Constitution de la Ve République, Maître Albert-Salmeron a souligné que celle-ci ne pouvait pas être invoquée devant la CPI.
« Il a une immunité au niveau interne et c’est pour cela qu’existe la Cour pénale internationale. On peut saisir cette cour, et c’est d’ailleurs là sa spécificité, contre un chef d’État et ses ministres. La plainte a été portée contre Emmanuel Macron et Christophe Castaner parce que ce sont les donneurs d’ordre. Il est évident qu’il y a des forces de l’ordre qui ont commis des fautes personnelles au cours des exactions qui ont lieu chaque week-end, mais ils ont reçu des ordres et l’exercice du maintien de l’ordre avec des armes qui sont répertoriées comme des armes de guerre sur une population civile constitue un crime de guerre dont les conséquences relèvent de crimes contre l’humanité. Je parle bien sûr des Lanceurs de balles de défense, mais aussi des grenades de désencerclement GLI-F4. »
« Il est inadmissible qu’en France, État de droit, on puisse avoir de tels blessés, on puisse avoir des mains arrachées. […] Nous sommes vraiment dans un État policier, mais il ne faut pas oublier que c’est parce que notre gouvernement leur donne carte blanche », conclut l’avocate au barreau d’Avignon.
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