Voulue par Emmanuel Macron, la conférence internationale sur le Liban, qui se tiendra jeudi à Paris, est un énième effort de la France, sans garantie de succès, pour tenter de peser sur l’avenir de ce pays où Israël et l’organisation terroriste Hezbollah sont en guerre.
Israël et l’Iran, soutien du Hezbollah, seront absents de cette réunion, à laquelle ne participera pas non plus le secrétaire d’État américain Antony Blinken, ce qui laisse augurer d’avancées minimes du processus de paix. Même si des progrès pourraient être réalisés sur le volet humanitaire.
Pas d’annonce majeure à l’issue de la conférence
Il ne faut pas attendre d’annonce majeure sur l’issue du conflit, a de fait convenu une source diplomatique française.
La conférence a déjà « le mérite d’exister », souligne Hasni Abidi, directeur du Centre d’études sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. « Depuis l’initiative avant-gardiste des Français et Américains, c’est la seule dynamique diplomatique en cours », dit-il.
Fin septembre, quelques jours après le démarrage d’une intense campagne de frappes aériennes d’Israël contre des fiefs du Hezbollah, Paris et Washington avaient dévoilé une proposition internationale de cessez-le-feu temporaire. Sans succès.
La proposition formulée à New York est « toujours sur la table », selon le ministère des Affaires étrangères.
La France pousse à l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies de 2006, stipulant que seuls les Casques bleus et l’armée libanaise doivent être déployés dans le sud du Liban frontalier d’Israël.
Un règlement, qui consisterait à revenir à la situation d’avant la guerre avec de nombreuses violations de cette résolution, n’est pas envisageable, a expliqué la source diplomatique française. À Paris, on estime que l’enjeu n’est pas d’améliorer la 1701 mais de la mettre en oeuvre.
D’où le renforcement des forces armées libanaises qui sera discuté jeudi.
« Cela fait des années qu’Emmanuel Macron souligne, à juste titre, qu’il faut donner des moyens à cette armée », commente Agnès Levallois, de l’Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient. Car c’est finalement « la seule institution au Liban qui fonctionne ».
Mais la spécialiste est « plus que sceptique » sur les résultats concrets à attendre de la conférence. « Que le président veuille faire un sommet pour montrer qu’il n’abandonne pas les Libanais, il est dans son rôle mais je n’en attends pas grand-chose », exception faite de l’aide humanitaire, dit-elle.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati, qui sera présent à Paris, a expliqué espérer un soutien à sa population et son armée dont les effectifs doivent être augmentés dans le sud du pays pour contrôler cette région frontalière une fois le cessez-le-feu avec Israël appliqué.
La classe politique responsable de la faillite du Liban ?
Aucun objectif chiffré n’a été dévoilé par le ministère français des Affaires étrangères, qui n’a pas divulgué la liste des participants.
« Les besoins sont tellement monumentaux que, quand bien même l’aide se chiffrerait en centaines de millions de dollars, elle pourrait être vue cyniquement comme une sorte de soins palliatifs », observe Karim Bitar, professeur de relations internationales à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. Il s’interroge en outre sur l’ampleur de l’aide des pays du Golfe, traditionnels contributeurs pour le Liban alors qu’aujourd’hui, « on ne constate pas d’appétence de leur côté pour s’engager dans une aide massive ».
Les Saoudiens se sont désintéressés du Liban ces dernières années, estimant que la classe politique était responsable de la faillite du pays, dont l’économie s’est effondrée, a expliqué une autre source diplomatique. Mais alors qu’une guerre régionale opposant États-Unis et Israël à l’Iran semble se profiler, ils sont « conscients » de la nécessité d’appuyer tout processus pour résoudre la crise libanaise, a-t-elle poursuivi.
« Cette conférence, c’est mieux que rien, mais on aurait aimé qu’il y ait une feuille de route politique et des pressions plus intenses sur Israël », souligne Karim Bitar.
Il regrette aussi le moment choisi : « C’est à la fois trop tôt puisqu’on ne connaît pas encore ce que vont donner l’issue des combats, et peut-être aussi trop tard, parce que le mal a déjà été fait. »
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