Emmanuel Macron a promis jeudi soir aux Français de nommer « dans les prochains jours » un nouveau Premier ministre, alors que le pays se retrouve une nouvelle fois sans gouvernement, dans un contexte budgétaire alarmant et une atmosphère de crise politique.
Mercredi, Michel Barnier est devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, en vigueur depuis 1958, après avoir été censuré par une majorité de députés trois mois seulement après sa prise de fonction.
La France a déjà été sans gouvernement pendant plusieurs semaines cet été, après une dissolution et des législatives anticipées ayant abouti à une Assemblée fragmentée en trois blocs (alliance de gauche, macronistes et droite, extrême droite) sans majorité absolue. Le gouvernement démissionnaire avait expédié les affaires courantes jusqu’à la nomination, dans la douleur, de Michel Barnier début septembre.
Emmanuel Macron a reconnu jeudi soir que sa décision de dissoudre n’avait pas été « comprise », disant assumer « sa responsabilité ».
Le budget, une priorité
Selon le chef de l’État, le prochain gouvernement aura une « priorité » : le budget. Et si un nouveau budget devra être présenté en « tout début d’année prochaine », le président a affirmé qu’une « loi spéciale sera déposée avant la mi-décembre au Parlement », un texte qui permettra « la continuité des services publics et de la vie du pays ». Elle appliquera pour 2025 « les choix (budgétaires) de 2024 ».
La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, qui a été reçue jeudi par Emmanuel Macron, a souhaité que le successeur de Michel Barnier soit nommé « rapidement » pour « ne pas laisser s’installer le flottement ».
Le chef de l’État recevra vendredi les chefs des groupes parlementaires du Parti socialiste, du camp présidentiel (Renaissance, Modem, Horizons…) et du parti Les Républicains (droite), a-t-on appris jeudi soir de sources parlementaires et au sein de l’exécutif. La France insoumise, le Rassemblement national et les Écologistes n’ont pas été invités à ce stade, selon ces sources.
« J’espère que toutes les forces politiques ont participé au front républicain » lors des législatives de juillet dernier « seront de la même manière conviées par le président », a plaidé jeudi soir sur la chaîne France 2 le patron des députés socialiste Boris Vallaud. « Les socialistes font ce qu’ils veulent », a balayé de son côté le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard sur BFMTV.
Les conditions posées par les groupes parlementaires
L’équation de la formation d’un nouveau gouvernement s’annonce tout aussi complexe qu’elle l’a été pour nommer Michel Barnier. Tant la gauche que le centre ou la droite paraissent désunis pour s’entendre sur un nouveau gouvernement de coalition.
Pour les centristes et la droite, travailler avec les socialistes et les écologistes implique que ces derniers se détachent du parti de la gauche radicale La France insoumise (LFI), avec qui ils forment le Nouveau Front populaire (NFP), la première force à l’Assemblée.
LFI de son côté a d’ores et déjà prévenu jeudi que sa formation censurerait tout Premier ministre n’étant pas issu de l’alliance de gauche, mais réclame surtout la démission du chef de l’État et une « présidentielle anticipée ».
Les Français jugent Emmanuel Macron premier responsable de l’instabilité politique.
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Socialistes et écologistes, eux, se disent prêts à des compromis avec le bloc central, qui s’engagerait en retour à ne pas censurer un gouvernement de gauche.
L’extrême droite, qui joue les rôles d’arbitre et a précipité la censure du gouvernement Barnier, assure qu’elle laissera « travailler » le futur chef du gouvernement pour « co-construire un budget acceptable pour tous ».
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