En raison du risque d’incendie, la communauté de la Halte-Saint-Jean, dont certains compagnons sont en grève depuis six mois, fait l’objet d’un arrêté préfectoral de fermeture.
Installée à Saint-André-lez-Lille, la Halte-Saint-Jean doit être mise aux normes car une commission a relevé des anomalies, notamment « l’absence d’un système incendie adéquat » lors d’une visite au mois d’octobre, précise la préfecture dans un communiqué. Elle souligne que cet arrêté préfectoral « est bien une mesure de protection et non une mesure d’expulsion, intervenant au titre des règles de sécurité d’un établissement recevant du public (ERP) », parce que l’exploitant n’a pas entrepris de travaux depuis cette visite.
Impossible d’accéder au site « même pour faire de travaux »
Il sera redevable d’une astreinte de 500 euros par jour s’il n’applique pas l’arrêté de fermeture. La préfecture indique ne pas prévoir d’intervention policière dans les prochains jours à la Halte-Saint-Jean, devant laquelle les grévistes, soutenus par la CGT et le comité des sans-papiers, tiennent un piquet de grève depuis début juillet. Le président de la communauté, Pierre Duponchel, estime à 300.000 euros la perte de chiffre d’affaire découlant du blocage de l’accès au magasin de vente, selon la Voix du Nord.
La préfecture souligne qu’il incombe à l’exploitant de la Halte-Saint-Jean d’assurer le relogement des compagnons le temps de la mise aux normes de l’établissement. Pierre Duponchel, avait indiqué mardi à l’AFP être prêt à reloger les compagnons non-grévistes, mais renvoyait à la fédération Emmaüs France – qui a engagé une procédure de conflit contre cette communauté – pour le devenir des grévistes. « Pour nous, la problématique, c’est que les manifestants s’en aillent parce qu’aujourd’hui, on ne peut même pas entrer dans le site malgré une décision de justice (ordonnant la levée du blocage), l’accès au site n’est pas possible même pour faire de travaux », avait-il assuré.
« Une stratégie »
Pour la Gabonaise Alixe, une des porte-parole des grévistes, l’arrêté de fermeture « est juste une stratégie du préfet pour casser le mouvement de grève ». « Nous sommes des victimes à protéger et on veut nous mettre à la rue, nous disperser », s’indigne-t-elle. La Halte-Saint-Jean est visée depuis mai par une enquête pour « traite d’êtres humains » et « travail dissimulé ». Les grévistes assurent travailler 40 heures par semaine et toucher un pécule inférieur à celui préconisé par Emmaüs France, avec des perspectives de régularisation incertaines.
Depuis 2018, un sans-papiers qui peut justifier d’au moins trois années d’activité dans un Organisme d’accueil communautaire et d’activités solidaires, mais aussi de perspectives d’intégration, peut se voir accorder une carte de séjour. La Halte-Saint-Jean est une des rares communautés Emmaüs à ne pas avoir adopté ce statut.
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