Ancien responsable taliban, Haji Lala a renoncé aux armes, se tournant il y a près d’un an vers des policiers afghans pour rentrer chez lui dans la province de Kandahar (sud) et y reprendre une vie normale.
Pendant 12 ans, Haji Lala a été un chef militaire taliban et même un membre du gouvernement parallèle des « étudiants en religion » chargé d’administrer les districts sous leur contrôle.
Il dit avoir été enlevé et gardé captif pendant deux ans et demi au Pakistan par l’Inter -Services Intelligence (ISI), agence de renseignement militaire pakistanaise accusée de soutenir les talibans, qui recherchait un espion en leur sein.
Rentrer avec sa famille dans son district
Une fois libéré, sous l’influence d’un ami taliban ayant fait défection, il s’est résigné à rentrer avec sa famille dans son district natal de Panjwai.
Il a contacté Sultan Mohammad Hakimi, l’ancien chef de la police locale, qui a aidé une centaine d’ex-talibans à retourner à la vie civile dans la province de Kandahar, bastion historique des insurgés.
« Je pensais que … peut-être ils me livreraient aux troupes américaines », raconte à l’AFP Haji Lala, assis dans une modeste maison de terre, le visage fatigué et à moitié caché par un châle couleur olive pour préserver son anonymat.
Il a été très bien reçu
Mais, contrairement à ses craintes, il a été très bien reçu. « Quand je suis arrivé, les gens – amis, villageois – sont venus me rencontrer pendant dix jours, comme si c’était un mariage », se remémore-t-il.
« J’ai bonne réputation dans le village. La police se comporte bien avec moi. Je m’y sens parfaitement bien », ajoute le vieil homme, qui a retrouvé ses terres et quelques têtes de bétail.
Haji Lala dit avoir « peur » des talibans, qui le menacent régulièrement. Mais il affirme avoir convaincu plusieurs dizaines d’insurgés de déposer les armes.
Ne pas retourner sur le champ de bataille
Parmi eux, figurent des prisonniers relâchés cette année dans le cadre d’un échange avec le gouvernement. « Je les ai exhortés à rester chez eux et à ne pas retourner sur le champ de bataille », assure-t-il.
Le projet de réinsertion dont il a bénéficié, dans lequel le gouvernement n’est pas impliqué, avait été imaginé par le puissant chef de la police de Kandahar, le général Abdul Raziq, férocement opposé aux talibans qui l’ont assassiné en 2018.
La police est la cible d’attaques récurrentes des insurgés. Mais, à Panjwai, Sultan Mohammad Hakimi a su nouer des relations de confiance avec des talibans originaires de sa région.
Nous les avons aidés à reconstruire
« Nous les avons invités à venir ici en leur disant que personne ne les agresserait », explique l’ancien policier, âgé d’une soixantaine d’années. « Si leurs fermes avaient été détruites, nous les avons aidés à les reconstruire. S’ils n’avaient pas d’eau, nous leur avons creusé des puits ».
Il se félicite d’avoir contribué ainsi aussi bien à une indispensable réconciliation qu’à « affaiblir le leadership » des talibans, et entend continuer de la sorte.
A son arrivée à la tête de la police du district en 2013, il avait multiplié les opérations de nettoyage dans chaque village.
Efforts de réinsertion d’anciens talibans
Cette approche mêlant dialogue et fermeté a fait dès 2014 de Panjwai l’une des zones les plus sécurisées de la province. Début novembre, toutefois, les talibans ont repris une partie du district dans le cadre d’une offensive plus large.
Des efforts de réinsertion d’anciens talibans « apparaissent ici ou là de temps en temps dans le pays, mais c’est très sporadique », note Andrew Watkins, analyste pour l’International Crisis Group.
« En fait, la plupart de ces tentatives ont échoué car elles n’ont jamais pu convaincre les commandants de haut rang de débaucher beaucoup de leurs combattants », ajoute-t-il.
Sultan Mohammad Hakimi coopère avec Tadin Khan, le frère et successeur du général Raziq. « Nous avons aidé (ces ex-talibans) à se réintégrer et nous continuerons à les aider, ce sont nos frères », déclare celui-ci, sans rancune.
Nous avons le droit de vivre
« Le gouvernement et cette terre appartiennent à tous les Afghans. Si nous avons le droit de vivre, les talibans aussi, mais de vivre en paix, pas de vivre comme ça en menant des attaques suicides et en tuant les gens », précise-t-il.
Les talibans ont dirigé l’Afghanistan de 1996 à 2001. Chassés du pouvoir par une coalition menée par les États-Unis, ils ont ensuite lancé une guérilla.
Ils contrôlent ou contestent aujourd’hui plus de la moitié du territoire afghan et négocient parallèlement avec le gouvernement, alors que Washington a prévu de retirer toutes ses troupes d’ici mai 2021.
Mullah Rauf, 48 ans, a été un commandant taliban pendant la moitié de sa vie. Lui aussi a fait revenir sa famille du Pakistan, pour se réinstaller à Panjwai, faisant confiance à Tadin Khan.
Haji Ahmadullah Khan, 53 ans, un autre ex-commandant taliban, a suivi exactement le même parcours et s’est installé avec toute sa famille à Aino Mina, un quartier aisé de Kandahar.
« Je n’ai plus d’armes ni de gardes du corps. (Mais) je ne pense pas que nous aurons des problèmes », glisse-t-il, confiant, pendant que son fils et celui de Sultan Mohammad Hakimi discutent et rigolent comme de vieux amis.
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