ÉCONOMIE

En Europe, l’industrie sidérurgique en transition forcée

avril 21, 2023 11:35, Last Updated: avril 21, 2023 11:50
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Production en déclin, hausse des prix de l’énergie, concurrence : les défis ne manquent pas pour l’industrie sidérurgique européenne, qui doit à la fois réduire son empreinte carbone et répondre aux besoins d’acier créés par la transition énergétique, par exemple pour les éoliennes.

L’industrie sidérurgique représente quelque 308.000 emplois directs dans l’Europe des 27, où la production d’acier a chuté de 10,5% en 2022 pour s’établir à 136 millions de tonnes, sur un total de 1,88 milliard de tonnes au niveau mondial (-4,2% en un an), selon l’association mondiale de la sidérurgie Worldsteel.

La Chine est le premier producteur au monde, avec un milliard de tonnes, suivie loin derrière de l’Inde (125 millions). Largement utilisé pour le bâtiment, les infrastructures, l’automobile ou encore l’électroménager, l’acier est également indispensable pour la construction d’éoliennes, de parcs solaires ou des futurs réseaux d’hydrogène et de transport du CO2.

« Il y a dix ans, l’Europe exportait un peu plus qu’elle importait », rappelle Marcel Genet, expert en sidérurgie et fondateur de la société Laplace Conseil. Mais au fil des années, le Vieux Continent s’est avéré « de moins en moins compétitif par rapport à de nouveaux pays, à commencer par la Chine, raison qui a conduit à poursuivre un certain nombre de fermetures d’usines en Belgique, en Allemagne, en Espagne, en Angleterre » ou encore en France, résume-t-il auprès de l’AFP. Ce fut, de façon emblématique, l’arrêt définitif des hauts fourneaux d’ArcelorMittal à Florange, dont le 10e anniversaire sera marqué le 24 avril.

Une transition énergétique à la peine

Aujourd’hui, la situation n’est pas plus rose : après les perturbations générées par le Covid, l’industrie sidérurgique européenne a dû essuyer en 2022 « des crises économiques » et une explosion « des coûts de l’énergie et même l’arrêt de certaines usines, tandis que 2023 ne laisse présager aucune amélioration », écrit la consultante en énergie Sylvie Cornot-Gandolphe dans un rapport pour l’Institut français des relations internationales (Ifri) publié en janvier.

Autant d’éléments — sans oublier que la production d’acier est particulièrement émettrice de gaz à effet de serre — qui poussent « l’UE et les sidérurgistes à accélérer la transition énergétique », indique-t-elle, martelant que cette industrie « est le secteur clé pour la décarbonation de l’économie européenne » dans son ensemble.

« L’hydrogène propre est une marché tout juste naissant »

Principal défi climatique : ne plus recourir aux énergies fossiles pour fondre le minerai de fer. ArcelorMittal, deuxième fabricant mondial d’acier, vise ainsi la production de quatre millions de tonnes d’acier sans émission d’ici à 2026, grâce à des installations utilisant l’hydrogène au lieu du charbon, et des fours électriques.

« L’hydrogène c’est très bien, mais si on n’a pas suffisamment d’électricité décarbonée et propre » provenant des éoliennes, du solaire ou du nucléaire, « on ne pourra pas faire de l’hydrogène bon marché », estime Marcel Genet.

Le rapport de l’Ifri va dans le même sens : le remplacement des hauts-fourneaux « nécessite des quantités élevées d’électricité et d’hydrogène propres, et ce dès cette décennie, alors que les mix électriques (l’éventail des sources d’énergie électrique, ndlr) des pays européens ne sont pas complètement décarbonés et que l’hydrogène propre est un marché tout juste naissant ».

Un acier indispensable « sans aucune produit de substitution »

À elle seule, la sidérurgie européenne « aura besoin d’au moins 2 millions de tonnes d’hydrogène dans les prochaines années pour la transition », soulignait en mars Axel Eggert, directeur général d’Eurofer, la fédération européenne de l’acier. Alors que l’UE a pour objectif d’ici 2030 de produire 10 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable par an sur son sol et d’en importer autant. M. Eggert affirme également que « plus de 74 millions de tonnes de production d’acier supplémentaire seront nécessaires rien que pour atteindre les objectifs de l’UE en matière d’énergies renouvelables ».

« Solaire, éolien, nucléaire… tous les projets d’énergies renouvelables que l’on envisage et qu’on commence à mettre en œuvre consomment de plus en plus d’acier. Les éoliennes par exemple sont des gouffres à la consommation d’acier. Il n’y a absolument aucun signe qui dirait qu’on pourrait se passer d’acier, et il n’y a absolument aucun produit de substitution », souligne Marcel Genet.

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