Ils s’érigent en minorité « éveillée » contre une mesure « inutile » et « liberticide »: très actifs en Allemagne ou aux Etats-Unis, les opposants au masque peinent encore à rencontrer un large écho en France au-delà des réseaux sociaux.
Leur fronde, née Outre-Atlantique avant d’essaimer en Europe, commence tout juste à frémir dans l’Hexagone en se nourrissant de la montée en puissance du port obligatoire du masque et de la volte-face du gouvernement sur le sujet.
Longtemps présenté comme « inutile » par les autorités, le masque est devenu obligatoire dans les lieux publics clos le 20 juillet. Depuis une semaine, les préfets sont autorisés à l’imposer à l’extérieur « lorsque les circonstances locales l’exigent ».
Créé en mai, le groupe Facebook « anti masque obligatoire » s’est largement nourri de ces atermoiements. Composé de quelques centaines de personnes début juillet, il comptabilise aujourd’hui près de 4.700 membres et a parfois pu puiser des arguments dans des décisions judiciaires.
En avril, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise avait ainsi jugé que l’arrêté du maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) imposant à ses administrés de sortir le visage couvert portait une « atteinte grave à la liberté fondamentale d’aller et de venir ».
« Nous sommes identifiés comme des complotistes, des gens d’extrême droite, des anti-macronistes voire même des psychopathes », déplore Grégory Hazard, l’un des membres du collectif, qui rejette l’étiquette de « virulent » ou de « radical ».
Le quadragénaire, qui ne combat pas tant le masque que son caractère obligatoire, se décrit simplement comme « quelqu’un qui se pose des questions ». « Je doute de la véracité de tout ce qu’on nous impose pour soit-disant nous protéger », dit-il.
Il s’interroge sur « les chiffres alarmistes » qu’il soupçonne d’être « gonflés, truqués », anticipe un « vaccin obligatoire pour voyager » mais ne croit pas au risque d’une deuxième vague épidémique, qu’il appelle « deuxième blague ».
Certains mettent en avant le choix des pays scandinaves ou des Pays-Bas qui n’imposent pas de protection à la population. D’autres s’amusent à se prendre en selfie ou se filmer dans des magasins le visage découvert ou avec des masques en laine à mailles très larges. Des tee-shirts « dictature sanitaire » sont exhibés.
Seuls 14% des Français déclarent qu’ils refuseraient de porter un masque à l’extérieur
Pour l’heure, cette agitation se cantonne à ces échanges en vase clos où les membres, conscients d’être en minorité, font bloc contre « les moutruches » — contraction de moutons et autruches–, un néologisme raillant une majorité, selon eux, grégaire et facilement manipulable.
Le grand défilé des « anticoronas » à Berlin, qui a réuni quelque 17.000 personnes le 1er août, mais aussi ceux au Canada, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, ont donné aux anti-masques français des envies de manifester eux aussi pour mobiliser au-delà de leurs cercles.
Plusieurs dates circulent mais pour l’heure, faute d’un mouvement suffisamment structuré, rien n’a été arrêté.
« Contrairement aux pays anglo-saxons, où le respect des recommandations des pouvoirs publics a été beaucoup plus faible, les Français ont été plutôt exemplaires (…) avec même un démenti de certains stéréotypes culturels », souligne auprès de l’AFP Jocelyn Raude, chercheur en psychologie sociale à l’Ecole des hautes études en santé publique (Ehesp).
Sur la question des masques, « on a même constaté une augmentation régulière de leur utilisation dans les lieux publics fermés à partir du mois de mai et jusqu’à la fin juin » avant une légère baisse liée, selon M. Raude, à « l’accoutumance au risque », un phénomène « déjà observé dans toutes les épidémies (…) comme la dengue, Zika ou le chikungunya ».
Selon un sondage Yougov pour le Huffington Post publié mercredi, seuls 14% des Français déclarent qu’ils refuseraient de porter un masque à l’extérieur.
« Il n’y a pas en France un terreau très important pour une mobilisation anti-masques. L’opinion est d’abord dominée par l’idée qu’on n’a pas raconté la vérité aux Français sur le manque de stocks », explique Bruno Cautrès, politologue au Cevipof. Cinq mois après le début de la crise sanitaire, « s’il y avait de vrais leaders d’influence pour mobiliser là-dessus, ils seraient déjà apparus », ajoute le chercheur.
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