Après sept ans de crise, la Grèce connaît enfin de meilleures nouvelles : retour sur les marchés, réapparition de la croissance, et nouvelle année-record pour le tourisme. Mais en parallèle, les Grecs, surtout les jeunes, affrontent une précarisation de l’emploi grandissante.
Markos Markakis, 28 ans, a enchaîné sept petits emplois après quatre ans d’études avant de trouver un contrat permanent à Athènes : il travaille beaucoup plus que les huit heures légales par jour et ne gagne guère plus que le salaire minimum de 684 euros brut.
« Je suis heureux d’avoir trouvé un vrai boulot mais je commence à 10h30 et j’enchaîne jusqu’au soir, parfois 02h00 du matin. Je n’ai pas de vie en dehors du bureau », raconte-t-il.
La Grèce, comme l’ont remarqué les grandes agences de notation, enregistre un frémissement positif, après sept ans de récession.
Juillet a été marqué par un retour du pays sur les marchés, après trois ans d’absence, via une obligation à cinq ans légèrement mieux accueillie que la dernière, émise en 2014 par le précédent gouvernement.
Des emplois au rabais
Par ailleurs, la croissance devrait enfin revenir en 2017, à au moins 2%. « Industrie lourde » du pays, le tourisme bat de nouveaux records, avec 26 millions de visiteurs (hors croisières) attendus cette année contre 24,8 en 2016.
« La route est encore longue mais nous pouvons être plus optimistes », a commenté récemment le Premier ministre Alexis Tsipras.
Le chômage, qui a atteint un pic en 2013 (27,8%) recule lentement, lui aussi. Cependant avec encore 21,7% en mai, il reste le plus élevé de la zone euro.
Les jeunes sont les plus touchés avec un taux à 44,4% pour les 15 à 24 ans et 27,9% entre 25 et 34 ans, selon Elstat, l’autorité des statistiques.
Pour s’en sortir, les chômeurs acceptent donc souvent des emplois au rabais.
Dans une brasserie d’Athènes, Yannis K. (il préfère être cité sous ce deuxième prénom), 22 ans, travaille ainsi chaque jour non stop de 19h00 à 4h du matin minimum, avec seulement un ou deux jours de repos par mois.
« Tous les matins, je repars avec 30 euros donc je suis content, et si mon patron me payait deux fois moins j’accepterais. Si tu dis non à un travail, tu sais que tu risques de pas en retrouver, et c’est ça qui nous effraie », explique-t-il.
« Ces dernières années il y a une augmentation soudaine du travail à temps partiel (moins de 30 heures hebdomadaires, ndlr), dont le salaire ne dépasse pas 380 euros brut, et le travail au noir bat des records », relève Savvas Robolis, directeur de l’Institut du travail, think-tank de la grande confédération syndicale GSEE.
Bien que le taux de contrats à temps partiel soit toujours plus bas que la moyenne de la zone euro, il a presque doublé en dix ans (11,12% en 2016), selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Freiner le travail au noir
La suspension des conventions collectives imposée par les créanciers du pays (FMI, UE) a favorisé la dérégulation de l’emploi, qui se traduit souvent par l’absence de couverture sociale : seuls 8% des jeunes de 20 à 24 ans sont couverts, selon des données officielles.
« Mon patron me déclare à temps partiel pour ne pas payer toutes les cotisations », remarque Yannis.
Pour parer au problème, le ministère de l’Emploi a annoncé vouloir présenter un projet de loi visant à freiner le travail au noir.
« En raison du chômage, le rapport de force est en faveur des patrons. Ils gèrent les horaires et la rémunération des salariés à leur gré avec des retards de paiement de un à quinze mois », témoigne Savvas Robolis.
« Si ces caractéristiques instables du marché perdurent, la fuite des cerveaux que connaît la Grèce se poursuivra », craint-il.
« Ici, je n’ai pas le temps de penser à autre chose qu’à mon travail, mais lorsque je vois mes amis partis à l’étranger travailler deux fois moins pour cinq fois plus, ça me donne envie de partir aussi », constate de fait Markos Markakis.
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