Dans un nouveau carré du cimetière militaire national d’Israël à Jérusalem, la foule est compacte, l’émotion générale. Bérets rouges, violets, verts de diverses unités, proches et amis rendent hommage lundi aux soldats tombés dans l’offensive dans la bande de Gaza, un journée annuelle du Souvenir « différente » après l’attaque du 7 octobre.
Les autres allées escarpées du cimetière du mont Herzl, qui abrite des sépultures de grandes figures nationales comme le père du sionisme Théodore Herzl ou la Première ministre Golda Meir, sont elles aussi bondées.
Certains déposent une touche d’intime sur les tombes aux pieds de pins et de figuiers. Un bouquet aux pétales bleus, une écharpe aux couleurs d’un club de foot.
« Cette année c’est différent »
La journée de Yom Hazikaron rend hommage aux soldats morts en service et aux victimes d’attentats en Israël. La fête nationale pour la proclamation de l’État d’Israël lui succédera lundi soir, pour 24 heures.
« Cette année c’est différent », parce que 620 soldats et policiers ont été tués pendant et depuis l’attaque menée en Israël par le Hamas le 7 octobre, et « parce que la guerre est toujours en cours » dans la bande de Gaza, explique Yeoshoua Shani, 61 ans, devant la tombe de son fils Ouri.
Ce lieutenant de l’unité Golani a combattu le 7 octobre pendant « neuf heures » à la frontière avec Gaza. Lui et ses hommes sont rentrés sains et saufs dans leur base de Kissoufim, raconte son père. Une demi-heure plus tard, une roquette a été tirée sur la base, son fils a été emporté.
« Même si des voix s’élèvent (sur la façon de mener la guerre, ndlr) et semblent dire que l’on n’a pas d’unité, l’unité est là et ça nous donne de l’espoir », l’espoir de « détruire le Hamas », malgré « la douleur » et le deuil, ajoute son père.
La guerre a débuté quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont attaqué le 7 octobre le sud d’Israël, entraînant la mort de plus de 1 170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles. Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l’attaque et 128 restent captives à Gaza, dont 36 sont considérées mortes, selon l’armée.
Pour Noa Lev, qui a perdu il y a 22 ans un de ses fils, Hagai, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, les pertes dans les rangs de l’armée israélienne ravivent la douleur. C’est « très difficile pour nous, nous avons des petits-enfants et un gendre » dans l’armée, dont « un petit-fils dans la même unité », la brigade Givati, la même que son fils décédé.
« Il avait 24 ans. Il a été tué lors d’une mission militaire à la recherche de tunnels » dans la bande de Gaza, déjà à l’époque, et « il était beaucoup plus difficile de les trouver ».
« Pas d’otages, pas d’indépendance »
À 11h00, le cimetière s’est figé. Comme chaque année, la sirène retentit pendant deux minutes. Dans le ciel, des avions de chasse brisent le silence pour un hommage aux disparus. À la fin de cette journée, la cérémonie officielle de passage du deuil aux festivités de l’Indépendance, proclamée le 14 mai 1948, se déroule sans public exceptionnellement.
En parallèle, deux cérémonies alternatives se sont déroulées lundi soir : l’une à Tel-Aviv avec des milliers de personnes réunies sur la « place des Otages » en présence de proches de personnes retenues à Gaza, exigeant leur libération.
L’autre à Binyamina (nord), plus politique et critique à l’égard du gouvernement et comptant aussi dans ses rangs des proches d’otages, ayant affirmé « qu’un État normal ne peut pas festoyer quand 132 de ses citoyens sont en captivité », faisant allusion aux 128 otages du 7 octobre et aux 4 Israéliens, retenus depuis plus longtemps à Gaza dont deux corps de soldats, selon un communiqué des organisateurs.
« Pas d’otages, pas d’indépendance », scandaient les participants.
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