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En 15 ans, Paris s’est enrichi et sa région s’est appauvrie – le taux de pauvreté est grimpé à 15,9%

juin 3, 2019 4:00, Last Updated: juillet 12, 2019 20:58
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Une ville-capitale de plus en plus riche, dans une région qui se paupérise: l’Ile-de-France est le territoire le plus inégalitaire de France, montre une étude sur la trajectoire des revenus de ses habitants entre 2001 et 2015.

Intitulée « Gentrification et paupérisation au cœur de l’Ile-de-France« , cette enquête de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) souligne les inégalités croissantes dans cette région qui abrite 12 millions d’habitants (18,8% de la population) et produit près d’un tiers de la richesse du pays.

Si les cadres et les ménages aisés y sont surreprésentés, la pauvreté y est aussi la plus prégnante : en 2015, le taux de pauvreté est grimpé à 15,9% (un point de plus que la moyenne française), contre 12,3% neuf ans plus tôt.

Une polarisation sociale entre les quartiers bourgeois et les quartiers pauvres

L’étude met en exergue la « polarisation sociale » de la région: d’un côté Paris (2,2 millions d’habitants) et les Hauts-de-Seine, départements les plus aisés du pays, continuent à « s’embourgeoiser ». De l’autre, la Seine-Saint-Denis, le territoire le plus pauvre.

« La richesse est plus marquée, plus concentrée que la pauvreté. Les riches vivent plus entre eux que les pauvres », note Mariette Sagot, la démographe auteure du rapport.

Sans surprise, la « différenciation sociale reflète surtout le marché immobilier ». Pour Martin Omhovère, directeur du département habitat à l’IAU, dans un contexte de flambée des prix des logements, « seuls le parc social et la loi SRU », qui impose aux villes des objectifs de construction de logements sociaux, « restent les garants de l’accueil des ménages modestes dans le centre ».

Phénomène de « gentrification » des grandes capitales

Paris n’échappe pas au phénomène de « gentrification » observé dans de nombreuses capitales, qui se traduit par l’arrivée de cadres dans des quartiers populaires, entraînant ainsi une baisse de la pauvreté.

À Paris comme ailleurs, c’est le renchérissement des prix du logement qui exclut progressivement les plus modestes des quartiers centraux.

L’IAU observe que les cadres sont de plus en plus nombreux à s’installer dans les arrondissements mixtes de l’Est et du Nord-Est -notamment dans le XVIIIe arrondissement-  et dans certains quartiers de communes « mixtes » voisines de la capitale (Colombes, Malakoff, Les Lilas, Arcueil, Fontenay-sous-Bois…).

La gentrification touche aussi par capillarité quelques -rares- quartiers de communes pauvres (Clichy, Saint-Ouen).

Mais, dans de nombreuses villes de première couronne, l’arrivée progressive de cadres ne parvient pas contrebalancer la paupérisation globale de la population. C’est le cas à Montreuil, Pantin, Bagnolet, Bagneux, Ivry ou Villejuif.

Conséquence : l’émergence de « contrastes sociaux très importants » dans ces villes, qui cumulent un gros parc HLM et des logements anciens dégradés.

Une baisse du pouvoir d’achat dans la moitié des communes pauvres

L’étude montre en parallèle un appauvrissement des secteurs les plus modestes et une baisse du pouvoir d’achat dans la moitié des communes pauvres, majoritairement concentrées en Seine-Saint-Denis et, dans une moindre mesure, dans le Val-de-Marne.

Si un tiers des villes pauvres s’inscrivent dans « une trajectoire de rattrapage modéré », « dans 44 communes, où vivent 15% des Franciliens, le revenu médian a baissé », souligne son auteure.

A noter toutefois, quelques villes pauvres de grande couronne ont réussi à inverser la vapeur, en « utilisant le levier de la construction » (Chanteloup-les-Vignes, Saint-Ouen-l’Aumône), ou en diversifiant l’offre de logements grâce à des programmes menés par l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Meaux, Persan, Mantes-la-Jolie).

Alors que le conflit des « gilets jaunes » a amené à opposer « souvent de façon caricaturale » deux France, « celle des métropoles « qui gagnent » et de la périphérie « qui perd », l’étude de l’IAU montre au contraire que la situation financière des ménages s’améliore dans les secteurs péri-urbains de grande banlieue. L’auteure parle de « moyennisation » des territoires périphériques.

En quinze ans, la pauvreté a ainsi sensiblement baissé dans les Yvelines et en Seine-et-Marne, département d’origine de certaines figures marquantes de ce mouvement social. Même si les cadres sont moins nombreux qu’auparavant à venir s’y installer.

Epochtimes.fr avec AFP

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