En région parisienne, la police déjà sur le terrain pour les JO

Par Epoch Times avec AFP
27 mars 2023 09:44 Mis à jour: 27 mars 2023 09:57

Pas le temps pour le dealer de finir sa transaction que des policiers l’interpellent et saisissent pour 8000 euros de cocaïne. L’opération de « nettoyage » quotidienne de la banlieue parisienne s’inscrit dans un plan qui vise à enrayer la délinquance en vue des JO.

À moins de 500 jours de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris-2024, le coup d’envoi est déjà donné pour la police en Seine-Saint-Denis, au nord-est de la capitale. Car les yeux du monde seront braqués sur ce département populaire où se déroulera une grande partie de la compétition mais aussi l’un des plus criminogènes de France.

Outre le Stade de France, la Seine-Saint-Denis accueillera le village des athlètes, le centre aquatique olympique, le village et le centre des médias ainsi que le mur d’escalade au Bourget. Mais l’impératif sécuritaire dépasse les sites olympiques proprement dits, des visiteurs étant susceptibles de se promener ou de loger sur l’ensemble du territoire.

Réduire la criminalité, « au moins le temps des Jeux »

L’enjeu d’image est considérable. Encore traumatisée par le fiasco de la finale de la Ligue des Champions à Saint-Denis en 2022, et son cortège d’agressions de supporters étrangers, le pays veut à tout prix s’éviter une nouvelle humiliation internationale. Les opérations policières se multiplient donc depuis l’été pour réduire la criminalité dans le département – au moins le temps des Jeux.

Il s’agit de « s’attaquer à la délinquance et particulièrement au phénomène d’accaparement de l’espace public : les points de deal, la vente à la sauvette, les gares où l’on se sent en insécurité… », résume pour l’AFP Michel Lavaud, directeur territorial de la sécurité de proximité de Seine-Saint-Denis, qui dépend de la préfecture de police de Paris.

À Saint-Ouen, plaque tournante du trafic de stupéfiants liée à sa proximité avec Paris, « c’est 192 opérations ‘‘JO zéro délinquance’’ depuis le début de l’année », indique la commissaire de la ville Claire Laclau.

Un point de deal rapportant 10.000 à 20.000 euros par jour

Dans la cité enclavée Arago, entre des bureaux flambant neuf et un jardin d’enfants, la présence policière est « quotidienne » dans ce juteux point de deal au chiffre d’affaires avoisinant les « 10.000 à 20.000 euros » par jour, selon un policier local.

Ce jour-là, une unité équestre, cynophile, une brigade territoriale de contact (BTC) et la Brigade anticriminalité (BAC) ratissent le quartier de long en large, sans rencontrer apparemment d’hostilité de la part des  habitants. Ils mettent la main sur le fournisseur de drogue, deux revendeurs et leurs butins de 83 grammes de cocaïne d’une valeur marchande estimée à 8000 euros, 168 g d’herbes (1680€) et 42 g de cannabis (420€).

Accueil mitigé des opérations « JO Zéro délinquance »

« Une satisfaction » pour les résidents du quartier, confie la commissaire Laclau pour qui ces opérations « désorganisent le trafic où le vendeur est roi ». Ce « nettoyage des quartiers passe par de la répression policière », dénonce Mehdi Ourezifi, membre du collectif « Stop aux violences à Saint-Denis ».

« On a l’impression que les JO se font presque au détriment des quartiers » défavorisés, laissés-pour-compte des promesses d’embauche, ulcérés par le « prix exorbitant des places » pour les épreuves olympiques, et maintenant, cible de la « répression », se désole le travailleur social.

La présence policière dissuade mais ne règle pas tout

L’une des priorités des autorités est de limiter les violences aux personnes, proportionnellement plus importantes en Seine-Saint-Denis qu’ailleurs en région parisienne, avec quelque 35.000 faits recensés chaque année dans le département. « Face à la délinquance, il faut instaurer un rapport de forces. Ce rapport de forces est avant tout visuel, et cette visibilité sert à prévenir les passages à l’acte délinquants mais aussi à interpeller plus rapidement », déclare Michel Lavaud.

Une visibilité accrue dans la rue qui peut rassurer les spectateurs des JO, mais ne règle pas pour autant les problèmes structurels de criminalité. Ce travail de patrouilles s’effectue donc en parallèle d’enquêtes judiciaires au long cours autour de « sites emblématiques des JO », assure M. Lavaud, sans autre précision.

Cependant, l’intensification de l’activité policière ne met pas que les délinquants sous pression: la justice du département se retrouve également acculée. Dans une juridiction historiquement saturée, le tribunal de Bobigny n’est actuellement pas en mesure d’absorber le surcroît d’activité des JO, qui commence déjà à se faire sentir, ont publiquement prévenu ses chefs qui ont demandé des renforts dès que possible.

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