Un homme dépose un billet de 5 euros dans la main gauche de Lotfi et prend aussitôt l’un des quatre paquets de cigarettes de contrebande qu’il tient dans sa main droite. Une scène quotidienne à Bobigny, dont se passeraient bien les riverains, les commerçants et les élus.
Arrivé en France il y a deux ans, Lotfi a commencé à vendre des cigarettes de contrebande pour parvenir à payer un loyer et sortir de la rue. Depuis, la vente à la sauvette est sa solution de « dépannage », lorsque ne travaille pas. À 5 euros le paquet, plus de deux fois moins que chez un buraliste, les vendeurs à la sauvette défient toute concurrence. Avec l’inflation qui sévit, ce commerce interlope se porte bien.
« Je préfère acheter les cigarettes dehors, que payer 12 euros », témoigne à Noisy-le-Sec Malika (prénom d’emprunt), qui vit de petits ménages. Une fois son paquet de cigarette de contrefaçon en main, elle retrouve le sourire.
« Un réseau où il n’y a que des victimes »
Derrière elle, le maire de la commune s’apprête à prendre la parole devant une petite assemblée d’élus, de buralistes et quelques curieux devant la gare RER. « Depuis 2020, ce trafic a explosé », affirme Olivier Sarrabeyrouse, qui dénonce un « réseau où il n’y a que des victimes en dehors des réseaux mafieux »: les acheteurs exposés à une batterie de produits hautement plus nocifs que le tabac, les vendeurs « en grande précarité », les usagers des transports, les riverains et les commerçants, excédés par les nuisances (bruit, harcèlement des clients et rixes entre vendeurs)…
Olivier Sarrabeyrouse et deux autres maires PCF – de Bobigny et de La Courneuve – ont organisé mercredi, une « conférence de presse itinérante », le long de la ligne 1 du tramway. Dans chacune de ces villes populaires, ils répètent aux quelques administrés passant par là, leurs mises en garde et leurs souhaits de « moyens supplémentaires de l’État ».
« Le trafic il y en aura toujours, c’est l’occupation du territoire qui est compliquée »
La librairie La Malle aux histoires, présente depuis 16 ans dans la ville, a ouvert en septembre une seconde boutique, en face de la bouche de métro.
« Au début, c’était gérable », raconte la gérante. Les vendeurs, une demi-douzaine, étaient polis. « Aujourd’hui, ils sont 30 », avec un comportement plus hostile qui dissuade certains clients. « Le trafic il y en aura toujours, c’est l’occupation du territoire qui est compliquée », ajoute la libraire, attristée par le manque de perspective des vendeurs, dont la physionomie se rajeunit.
Les doléances, mises par écrit via une pétition, sont remontées jusqu’au maire, reçu le 3 mars par le préfet de police de Paris, compétent pour la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne). Depuis plusieurs semaines les patrouilles plus régulières de la police – municipale et nationale – éparpillent les vendeurs, offrant quelques minutes de répit aux riverains et commerçants… avant qu’ils ne se regroupent, inexorablement.
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