En signant les deux tribunes des militaires, un capitaine de gendarmerie rompt le devoir de réserve et risque de nouveau un blâme

Par Emmanuelle Bourdy
14 mai 2021 05:33 Mis à jour: 14 mai 2021 05:33

Pour avoir édité un livre à compte d’auteur, le capitaine Hervé Moreau avait eu un blâme. Il risque de nouveau le même traitement cette fois-ci. Jugeant la situation « trop grave », il a rompu le droit de réserve en annonçant qu’il avait signé les deux tribunes des militaires.

C’est sur le plateau de CNews, dans l’émission de Jean-Marc Morandini, que le capitaine de gendarmerie d’active Hervé Moreau a de nouveau rompu son devoir de réserve. Il l’avait déjà fait, lors de la sortie de son livre intitulé Vérités d’un capitaine de gendarmerie, publié le 15 octobre 2020. Ses écrits dénoncent l’explosion de la délinquance et les manquements de la justice, ce qui lui a valu un blâme de la ministre des Armées le 4 mars dernier.

« Il m’a semblé que le devoir de vérité était plus important que le devoir de réserve »

Au micro de Jean-Marc Morandini le 11 mai dernier, Hervé Moreau est donc de nouveau sorti de son devoir de réserve en expliquant qu’il avait signé les deux tribunes de militaires. Le premier texte, signé par d’anciens soldats ainsi que le second, lancé quelques semaines plus tard par des militaires en activité, ont tous deux été publiés dans le journal Valeurs actuelles.

« Il m’a semblé que le devoir de vérité était plus important que le devoir de réserve », a-t-il expliqué au journaliste. « Le peuple de France a le droit que l’on dise les choses, que l’on cesse d’être dans ce déni », s’est-il encore justifié. Car même s’il risque de nouveau un blâme, il est « nécessaire de faire connaître cette réalité » aux Français.

En effet, le capitaine de gendarmerie de l’Oise affirme que « ce que nous traversons depuis des années, des mois maintenant, [lui] paraît trop grave au regard des violences, au regard de l’insécurité, des injustices que le peuple français a à connaître ». Il considère que cette « France dans laquelle nous évoluons aujourd’hui », à savoir la France de la violence, de l’irrespect, du désordre et du chaos ainsi qu’il le détaille, n’est pas « la France que nous voulons transmettre à nos enfants ».

Dans son analyse, l’officier a également pointé du doigt le monde judiciaire, rappelant son écœurement (ainsi que celui de ses pairs), face à « cette incapacité de la justice de notre pays à répondre aux attentes des justiciables, de ceux qui souffrent », pour contrer cette « violence qui se répand », de façon intransigeante. « Nous, gendarmes et policiers, nous sommes écœurés par l’incurie de cette justice. Nous sommes scandalisés par ces peines de prison qui ne sont jamais données à ceux qui nous font du mal », a-t-il exposé, dégoûté de surcroît « par ces magistrats qui ne se remettent jamais en cause ».

C’était son « honneur de devoir démissionner »

Hervé Moreau a donc estimé qu’il était « nécessaire de signer les deux lettres », croyant fermement « aux convictions, aux vertus » qui y sont formulées. Pour toutes ces raisons, cela « méritait de prendre ce risque en rompant mon devoir de réserve », a-t-il rappelé dans l’émission Morandini Live.

À la suite de quoi, le militaire a annoncé qu’il quitterait ses fonctions prochainement, soulignant que c’était son « honneur de devoir démissionner ». Il n’a pas caché non plus ses ambitions futures, celles de s’engager prochainement dans le combat politique. Ainsi qu’il l’avait confié au Figaro en mars dernier, le capitaine de gendarmerie souhaite effectivement se présenter en juin aux élections législatives de 2022 à Beaune (Côte-d’Or), sous la bannière des Républicains.

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