Année après année, les repas du ramadan deviennent plus modestes dans une Syrie déchirée par la guerre et en plein effondrement économique, mais les habitants de Damas restent fidèles au « naaem », une croustillante crêpe traditionnelle dont ils raffolent.
Durant le mois du jeûne musulman, ils sont nombreux à affluer avant le coucher du soleil pour acheter ce dessert frit à des vendeurs ambulants qui les préparent dans des chaudrons bouillonnants.
Egalement appelé « pain du ramadan », il est préparé en plongeant une pâte ronde très fine dans de l’huile chaude. Sortie du chaudron, la crêpe odorante est ensuite garnie de dattes brunes ou arrosée de mélasse de raisin.
Abdallah, 51 ans, partage chaque soir un « naaem » avec sa femme et ses deux filles.
Ce dessert l’un des seuls encore abordables
« Quelle que soit la dureté des circonstances, le naaem est une tradition dont nous ne pouvons nous passer durant le ramadan », affirme ce fonctionnaire.
Vendu à environ 2.500 livres syriennes (moins d’un euro), ce dessert est aussi l’un des seuls encore abordables, ajoute-t-il.
D’autres, plus sophistiqués, tels que les « barazeks », les fameux biscuits recouverts de sésame, ou les « baklavas » aux pistaches, sont devenus hors de prix.
La hausse vertigineuse des prix dans le pays a contraint cette année de nombreux Syriens, à l’instar d’Abdallah, à se priver de certains produits et plats traditionnels.
In Damascus, a crispy pastry named « naaem » is sweetening a frugal Ramadanhttps://t.co/adyhGxVXQh @Maher_mon @AFP @AFPphoto pic.twitter.com/FHwkaGpCJK
— Alice Hackman (@alicehackman) April 30, 2021
Viandes rouges, bouillons de poulet ou encore desserts fourrés à la pistache ont quasiment disparu des menus de l’« iftar », le repas quotidien de rupture du jeûne.
La plupart des ménages tentent de s’adapter, en recourant à des produits moins chers, comme le « naaem ».
Et « les enfants adorent ça, c’est la chose la plus importante », souligne Abdallah.
Dans un souk de Damas, Abou Tarek, 49 ans, a disposé des piles de « naaem » sur un grand plateau, invitant de sa voix portante les clients à y succomber.
« Ville de la pâtisserie arabe »
Selon lui, ces desserts se vendent encore comme de petits pains malgré la crise.
« Les desserts font partie du ramadan (…) et les +naaem+ sont les moins chers et les plus délicieux », assure-t-il.
Les personnes aisées font aussi partie de ses clients car il s’agit d’un dessert traditionnel, ajoute le commerçant.
A quelques pas de là, les effluves de pâtisseries fraîchement confectionnées se dégagent des confiseries qui ont conféré à Damas sa réputation de « ville de la pâtisserie arabe ».
Le naaen « à la portée de tous »
Mais ces dernières années, les clients se font de plus en plus rares et ils sont toujours moins nombreux à repartir avec de grandes boites remplies d’une variété de desserts sirupeux, ou cuits et farcis de noix ou de dattes.
Un kilo de ces desserts peut coûter jusqu’à 50.000 livres, soit 15 euros au taux de change du marché noir.
Dans un pays où la monnaie a perdu 98% de sa valeur depuis le début de la guerre en 2011 et où des millions de personnes ont du mal à manger à leur faim, beaucoup ne peuvent plus se permettre ce luxe.
Le « naaem », en revanche, « est à la portée de tous », affirme Abou Tarek. Et puis, « le ramadan n’aurait pas le même goût sans ».
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