« On vous intube, ils nous entubent ! » : des infirmiers anesthésistes sont descendus le 17 mai dans les rues de plusieurs villes de France pour réclamer une reconnaissance de leur spécialité et des hausses de salaires.
Blouses bleues et vertes, masques sur le nez et tubes de réanimation sur la tête, une centaine d’infirmiers anesthésistes diplômés d’État (IADE) ont notamment manifesté devant l’Hôtel de ville de Bordeaux.
Répondant à un appel à faire grève et à manifester de la CGT, ils défendent le savoir-faire de leur profession « avancé, transversal et polyvalent », qu’ils veulent voir à la fois « sanctuarisé » et revalorisé en terme de grille salariale, pour prendre en compte cinq années d’études. Les quelque 10.000 IADE que comptent les hôpitaux français ont suivi un cursus de spécialisation pendant deux ans, après les trois années initiales en école d’infirmière.
« On ne peut pas, d’un côté nous appeler du jour au lendemain pour aller en réanimation, aller en évacuation sanitaire, en urgence, en attendant le même niveau d’excellence, et d’un autre côté nous dénier un statut à part », fait valoir Julie, 35 ans, infirmière anesthésiste au CHU de Bordeaux depuis cinq ans.
« Nous, on vous intube. Véran, lui, nous entube »
À Lille, ils étaient également une centaine (dont beaucoup d’étudiants) réunis autour d’un faux cercueil « infirmiers anesthésistes. 1949-2021 ». Pour Arnaud Warot, infirmier anesthésiste à Douai et l’un des porte-parole du collectif régional, il est important de « faire remonter à l’exécutif l’épuisement et le sentiment de mépris et d’abandon de la profession ».
« On est au bout du rouleau »
Ludovic Lainé, étudiant IA, demande lui que le programme de formation des infirmiers anesthésistes, mis à mal par la crise sanitaire, soit respecté : « nos heures de stage en anesthésie s’amenuisent au profit des heures de réa covid. On oublie que nos apprentissages se font par l’expérience ».
Plusieurs dizaines de personnes en blouse bleue étaient également rassemblées place du Capitole à Toulouse. « Nous, on vous intube. Véran, lui, nous entube » ou « IADE, un métier formidable, un statut fort minable », pouvait-on lire sur le dos de certaines manifestantes. « On est au bout du rouleau. On voudrait que notre polyvalence soit reconnue », explique Sandrine, 50 ans, venue de Figeac, qui dit gagner moins de 3000 euros brut après 25 ans de travail, dont 20 en tant qu’infirmière anesthésiste.
Une grève à l’appel de la CGT avait a déjà touché quelque 110 services de réanimation le 11 mai, selon le syndicat, pour réclamer plus de moyens et de reconnaissance.
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