Menace de destitution d’Emmanuel Macron : le PS se désolidarise de la démarche de LFI

Par Epoch Times avec AFP
18 août 2024 16:30 Mis à jour: 18 août 2024 16:31

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a écarté l’hypothèse d’un soutien du PS à une procédure de destitution d’Emmanuel Macron, menace brandie par La France insoumise, estimant dimanche préférer la « censure » si le président refusait de nommer un Premier ministre issu de la gauche.

Ce nouveau désaccord entre les deux principales composantes du Nouveau Front populaire, qui continue de revendiquer Matignon, annule toute chance de voir cette procédure complexe aboutir au Parlement.

Dénoncer « un coup de force institutionnel contre la démocratie »

Dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire La Tribune Dimanche, les co-signataires, dont le leader des insoumis Jean-Luc Mélenchon, le coordinateur du parti, Manuel Bompard, ou encore la patronne des députés LFI, Mathilde Panot, justifient leur initiative par la dénonciation d’un « coup de force institutionnel contre la démocratie » attribué à Emmanuel Macron, sur le point, selon eux « de nommer un chef de gouvernement sans tenir compte du résultat politique » des élections législatives anticipées.

« Nous donnons à cette tribune un rôle concret d’avertissement solennel », écrivent les co-signataires. Emmanuel Macron « doit savoir que seront utilisés tous les moyens constitutionnels de le démettre plutôt que nous soumettre à son mauvais coup contre la règle de base de la démocratie : en France, le seul maître est le vote populaire », insistent-ils.

Ceux-ci invoquent donc l’article 68 de la Constitution, qui permet au Parlement de destituer le président pour «  manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ». « Il est évident que le refus de prendre acte d’une élection législative et la décision de passer outre constituent un manquement condamnable aux exigences élémentaires du mandat présidentiel », plaident les signataires de la tribune.

Mais cette tribune « n’engage que leur mouvement » et non l’ensemble du Nouveau Front populaire, a écrit Olivier Faure sur X. « La réponse à une nomination d’un (Premier ministre) qui ne serait pas conforme à la tradition républicaine, est la censure », a-t-il ajouté.

Même s’il avait été soutenu par tout le NFP, cet « avertissement solennel » des Insoumis aurait été complexe à mettre en place : une procédure de destitution nécessite en effet de convaincre Assemblée et Sénat de se constituer en « Haute cour ». Ce qui nécessite, notamment, une majorité des deux tiers dans chaque hémicycle, puis lors du vote de tous les parlementaires.

D’autres membres du PS se sont désolidarisés de la proposition de LFI, comme l’opposant interne à Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol. « Discutée ? Non. Approuvée ? Non. Engageant le NFP ? Non. Cette tribune – ni fait ni à faire – n’engage que ses auteurs », a écrit sur X le maire de Rouen.

« Destituer le Président pour cause de non-respect de la volonté mélenchonienne ? Lunaire! LFI tire encore la gauche vers l’extrémisme et sort du champ républicain », a pour sa part réagi le ministre démissionnaire de la Justice Éric Dupond-Moretti.

Arrivée en tête du second tour des législatives anticipées mais loin de la majorité absolue à l’Assemblée, la coalition de gauche du NFP revendique Matignon et aimerait y installer la haute-fonctionnaire Lucie Castets.

Cette dernière doit accompagner une délégation du NFP à l’Elysée vendredi lors d’une journée de consultations organisée par Emmanuel Macron avec tous les responsables des forces politiques du Parlement.

Interrogée par La Tribune Dimanche, la cheffe des Écologistes Marine Tondelier avait pour sa part évité le sujet : « Je n’ose imaginer qu’Emmanuel Macron ne nomme pas Lucie Castets », avait-elle balayé.

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