Si, comme l’affirme Riss – le directeur de la publication de Charlie Hebdo – « l’envie de rire ne disparaîtra jamais », l’attentat jihadiste qui s’est produit il y a dix ans et a fait douze morts a laissé des séquelles profondes. Marika Bret, l’ancienne DRH du journal satirique, a expliqué qu’elle était toujours sous protection policière et faisait encore l’objet de nombreuses menaces de mort.
La commémoration des dix ans de l’attentat – qui a tué huit membres de la rédaction du journal Charlie Hebdo ce fatidique 7 janvier 2015 – va débuter ce mardi en fin de matinée dans le XIe arrondissement, où le journal avait ses locaux. Dans un numéro spécial « historique » à paraître ce mardi, Charlie Hebdo se dit « increvable ». Mais qu’en est-il pour Marika Bret, l’ancienne directrice des ressources humaines de l’hebdomadaire ?
« Des appels aux viols sur les réseaux »
« Depuis dix ans, je suis sous protection policière. Quand j’y repense, c’est abyssal », a déclaré Marika Bret à BFMTV ce lundi, soulignant qu’il y a quelques mois seulement, elle a porté plainte « pour des appels aux viols sur les réseaux ». Pour elle, cette protection policière est « indispensable ».
Depuis ce 7 janvier 2015 où les frères Kouachi ont semé la mort, son monde s’est écroulé. « Mes déplacements, dès que je sors de mon domicile jusqu’à ce que j’y rentre, c’est entouré de deux officiers que je remercie tous les jours d’être là », a-t-elle poursuivi. Se désolant de voir la liberté d’expression bafouée et la menace qui pèse sur ses défenseurs, elle a renchéri : « La République me protège, je la remercie. »
« J’ai hurlé comme jamais de ma vie j’ai hurlé »
Marika Bret a raconté que ce matin-là du 7 janvier 2015, elle était à la banque. Dans les locaux du journal se tenait la conférence de rédaction hebdomadaire. « J’avais éteint mon téléphone. Je l’ai rallumé à 11 h 45, il y avait une vingtaine de messages, au bout de deux messages, j’ai compris », se rappelle-t-elle tristement. Elle a alors tenté d’appeler Charb « frénétiquement » et a fini par apprendre, par le commissariat du 11e arrondissement, qu’il était décédé. De même que sept autres membres de la rédaction, à savoir les dessinateurs Cabu, Honoré, Tignous, Wolinski, la psychanalyste Elsa Cayat, ainsi que l’économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad.
Marika Bret, qui est chargée de la transmission de la mémoire de Charb comme le précisent nos confrères, a affirmé que le dessinateur subissait des menaces depuis des années. « Il était sur une fiche d’al-Qaïda au Yémen au côté de Salman Rushdie : ‘Recherché mort ou vif pour crime contre l’Islam’. Tout ça a fait que je n’ai pas été surprise mais que j’ai été anéantie », a-t-elle signifié, confiant néanmoins sur le plateau de la chaîne d’information en continu : « J’ai hurlé comme jamais de ma vie j’ai hurlé. »
« L’envie de rire ne disparaîtra jamais »
Dans son numéro spécial de 32 pages à paraître ce mardi, Charlie Hebdo déclare être « increvable » en Une et révèle le dessin d’un lecteur jovial assis sur un fusil d’assaut, lisant ce journal « historique ».
Riss, le successeur de Charb à la tête de Charlie Hebdo, souligne dans l’édito que « la satire possède une vertu qui nous a aidés à traverser ces années tragiques : l’optimisme ». « Quoi qu’il arrive de dramatique ou d’heureux, l’envie de rire ne disparaîtra jamais », affirme-t-il en revenant sur les dernières années marquées par une « situation géopolitique » qui s’est « aggravée ».
C’est en substance ce qu’affirme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui en première page du Parisien a affirmé : « La menace terroriste n’a jamais été aussi présente. » De son côté, Emmanuel Macron souhaite qu’il n’y ait « aucun répit dans la lutte contre le terrorisme ». Il a également expliqué ce lundi devant les ambassadeurs français réunis à l’Élysée qu’il s’agissait d’un « risque qui demeure prégnant dans nos sociétés et qui implique qu’il n’y ait aucun relâchement ».
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