ÉNERGIES RENOUVELABLES

Energie: les hydroliennes dans les starting-blocks

juillet 10, 2024 6:48, Last Updated: juillet 10, 2024 9:31
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Les industriels se disent « prêts »: après avoir regagné le soutien de l’Etat, le secteur de l’hydrolien compte faire descendre bientôt dans les fonds maritimes normands le parc hydrolien le plus puissant d’Europe, destiné à tirer de l’électricité des courants marins.

Alors que les besoins électriques vont aller croissant, la France a acté l’an dernier le retour de son appui à cette énergie, réduit après une faillite dans le secteur en 2018.

Il faut « repartir sur la bataille de l’hydrolien », avait lancé Emmanuel Macron en novembre à Nantes, évoquant ce parc Flowatt au large du Cotentin, doté d’une aide de 65 millions d’euros dans le cadre du plan France 2030.

Ce projet-pilote, composé de six hydroliennes pour une capacité de 17 mégawatts (MW) – de quoi alimenter 20.000 personnes en électricité – a reçu fin 2023 son autorisation préfectorale et n’a fait l’objet d’aucun recours en justice. Il ouvre la voie à de futurs sites commerciaux bien plus importants, espère la filière.

A terme, « nous visons un parc commercial de 250 MW », puis 500 MW supplémentaires avant 2030, soit au moins autant qu’un parc éolien en mer, explique Guillaume Gréau, directeur des opérations du groupe cherbourgeois HydroQuest, qui porte le projet Flowatt avec le producteur d’énergies renouvelables Qair.

Posé sur le sol marin par 35 mètres de fond, le site tirera son énergie du très puissant courant du Raz Blanchard, au large de La Hague (département de la Manche).

Après deux ans de test en démonstrateur à Paimpol-Bréhat, en Bretagne, HydroQuest est prêt à lancer le chantier des premières turbines en 2025: six structures d’acier tripodes hautes de 21 m et lestées de fonte, aux pales en matériau composite, bien plus courtes et plus lentes que des éoliennes.

L’hydrolien « est bien accepté car les machines sont sous l’eau », fait valoir M. Gréau. Seule émerge une « sous-station » électrique, plateforme reliant les engins pour acheminer le courant à terre.

Il souligne aussi la « prédictibilité » de cette énergie basée sur les marées, donc « la Lune, et un peu la gravitation terrestre ». Et le courant ne fait une pause qu’à chaque cycle de six heures, ajoute-t-il.

Plusieurs projets en cours

Au niveau mondial, le secteur évoque un gisement de 100 gigawatts (GW), autant que 60 centrales à charbon. En potentiel, la France est considérée comme le 2e pays européen, après le Royaume Uni, avec 5 GW.

Plusieurs projets, plus ou moins avancés, y sont en cours: au Raz Blanchard, où un autre projet-pilote, NH1 de Normandie Hydroliennes, annonce 12 MW, mais aussi en Bretagne dans le passage du Fromveur, près d’Ouessant. Fin juin, la Région Bretagne a présenté une étude montrant un gisement dans le raz de Sein ou encore, moins puissant cependant, au large de Bréhat.

Selon l’association professionnelle Ocean Energy Europe, une dizaine d’entreprises ont des projets matures en Europe, de l’Angleterre et jusqu’aux îles Feroe. Mais la Chine a également un programme, et les Etats-Unis « font des appels du pied aux développeurs européens », signale Valentin Dupont, d’Ocean Energy Europe (OEE), organisation professionnelle du secteur qui regroupe plus de 120 acteurs.

Le Royaume-Uni a pris de l’avance, avec l’allocation depuis 2021 par l’Etat de tarifs d’achat de l’électricité à plusieurs projets.

En France, « on aura besoin de 2 GW de projets attribués d’ici 2030 pour garantir une compétitivité », estime Marc Lafosse, pour le Syndicat des énergies renouvelables (SER), selon qui les prix vont baisser. « On sera sous 100 euros/MWh au 1er gigawatt dans l’eau », voire moins de 80 (l’éolien offshore étant à 45-60), prévoit-il.

Alors les industriels attendent la nouvelle planification énergétique de la France, qui doit fixer un objectif par énergie, et espèrent de premiers appels d’offres commerciaux.

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