Les énergies renouvelables, des coûts exorbitants pour les Canadiens, une réduction de l’empreinte carbone contestable

Par Isaac Teo
4 novembre 2021 11:13 Mis à jour: 6 novembre 2021 03:34

Le plan d’Ottawa visant à éliminer les centrales au charbon au profit des énergies renouvelables imposera aux Canadiens des coûts importants, tout en ne permettant qu’une réduction modeste des émissions de gaz à effet de serre. Cela n’aidera pas vraiment le pays à réaliser ses objectifs climatiques, révèle une étude.

« Malgré ce que prétendent les partisans, l’énergie renouvelable, y compris l’énergie éolienne et l’énergie solaire, n’est pas gratuite et ne présente que des avantages modestes pour l’environnement », déclare l’auteur de l’étude, G. Cornelis van Kooten, professeur d’économie à l’Université de Victoria et chercheur principal à l’Institut Fraser, dans un communiqué de presse.

L’étude de l’Institut Fraser, intitulée « Canadian Climate Policy and its Implications for Electricity Grids » (La politique climatique canadienne et ses implications pour les réseaux électriques), indique que si le gouvernement fédéral ferme les centrales électriques au charbon et les remplace par des éoliennes et des panneaux solaires, les émissions de gaz à effet de serre seront réduites de 7,4 %, mais les coûts d’exploitation augmenteront de manière exorbitante, entre 16,8 et 33,7 milliards de dollars par an, selon les conditions météorologiques.

Par ailleurs, en éliminant les centrales au charbon (9,2 % de l’électricité canadienne en 2017) l’énergie éolienne et l’énergie solaire réduiront les émissions de CO2 à un niveau dérisoire, à moins d’un cinquième des objectifs établis par le Canada. D’ici 2030, celui-ci s’est engagé à réduire les émissions de 40 à 45 % par rapport à l’année 2005. Le coût de l’opération équivaudra à environ un à deux pour cent du PIB annuel total du pays.

Dans un article publié le 27 octobre, M. van Kooten et Elmira Aliakbari, directrice des études sur les ressources naturelles à l’Institut Fraser, ont souligné que les énergies éolienne et solaire ne sont pas toujours disponibles en raison de leur nature intermittente, une source d’énergie alternative en cas d’un climat peu favorable est donc indispensable.

« En termes simples, nous avons besoin d’une autre source d’énergie lorsque le soleil ne brille pas et que le vent ne souffle pas. Cela signifie maintenir une capacité énergétique suffisante dans un système parallèle fonctionnant généralement au gaz naturel », écrivent-ils.

« Cette exigence – construire et maintenir une source d’énergie parallèle, à savoir le gaz naturel – entraîne une augmentation des coûts énergétiques globaux lorsque les juridictions passent des combustibles fossiles fiables à davantage d’énergies renouvelables. »

Dans son étude, M. van Kooten note que la Californie, l’Allemagne et le Royaume-Uni font partie des juridictions qui exigent une alimentation de secours à partir de gaz naturel pour éviter les pannes d’électricité potentielles.

L’auteur fait également valoir qu’il est nécessaire de construire des éoliennes et des panneaux solaires pour assurer la transition. En se basant sur l’expérience de l’Ontario en matière de subventions aux énergies renouvelables, l’étude estime que les coûts supplémentaires s’élèveront entre 2,4 et 2,6 milliards de dollars par an pour le pays. À l’heure actuelle, les coûts du Canada oscillent entre 19,2 à 36,3 milliards de dollars par an. Au final, les énergies renouvelables coûteront entre « 500 et 1000 milliards de dollars, pour un système dont la durée de vie sera de 60 ans. »

L’étude fait référence à une analyse de Gordon Hughes, professeur d’économie à l’Université d’Édimbourg, selon laquelle « les renflouements des parcs éoliens et des institutions financières seront inévitables ». M. van Kooten estime qu’en raison du taux élevé de défaillance des équipements et de vents généralement moins favorables que prévus, les coûts d’exploitation des parcs éoliens dépassent leurs revenus au bout de 12 à 15 ans.

« Pour éviter la fermeture des parcs éoliens, le gouvernement n’aura d’autre choix que de ‘renflouer les projets en panne et en échec pour assurer la continuité de l’approvisionnement en électricité’ », poursuit l’étude en citant M. Hughes. Concrètement, ce sera aux Canadiens de régler ces renflouements et subventions via une augmentation des impôts et des factures d’électricité.

L’énergie solaire n’offre pas de meilleures perspectives, car l’étude indique que les facteurs qui s’appliquent à l’énergie éolienne sont tout aussi valables pour cet autre type d’énergie renouvelable. Se référant à une recherche publiée dans le Harvard Business Review, M. van Kooten fait valoir que les coûts d’élimination des déchets dangereux contenus dans les panneaux solaires augmenteront le « niveau des coûts de l’électricité par un facteur de trois ou quatre », ce qui fera du solaire une source d’énergie peu rentable.

En utilisant l’Alberta comme étude de cas, l’auteur a constaté qu’il est « pratiquement impossible » pour la province de s’appuyer uniquement sur les sources d’énergie éolienne et solaire en raison de la nécessité de disposer de « batteries de taille et de coût excessifs » pour le stockage. Les batteries de stockage électrique nécessiteront entre 1 000 à 10 000 hectares de terrain (l’équivalent de 1 400 à 14 000 terrains de football).

L’auteur estime enfin que chaque réduction des émissions de CO2 au Canada, Royaume-Uni ou Union européenne sera, d’une façon ou d’une autre, contrebalancée par une augmentation des émissions en Chine, en Russie, en Inde ou ailleurs, comme en Afrique ou en Asie du Sud. Par exemple, le passage aux voitures électriques dans les pays riches a entraîné une baisse de la demande et du prix de l’essence dans les pays en voie de développement, les habitants ont donc consommé davantage de pétrole, et les émissions de CO2 ont grimpé en conséquence.

Par ailleurs, les coûts de santé humaine liés aux éoliennes, les coûts environnementaux associés aux collisions avec les oiseaux et les chauves-souris, l’extraction des terres rares pour produire les batteries des véhicules électriques et bien d’autres éléments problématiques émergeront à terme, ajoute l’étude.


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