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Enfant, Serena Williams « avait ce désir brûlant de rattraper la balle »

septembre 3, 2022 13:50, Last Updated: septembre 3, 2022 13:51
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Rick Macci, qui fut l’entraîneur de Serena Williams entre 9 et 14 ans, se rappelle auprès de l’AFP d’une enfant au « physique hors norme », animée par un « esprit de combattante de rue », devenue in fine « la sportive la plus forte mentalement jamais vue ».

« Quand je suis allé en 1991 à Compton (alors cité ghetto du grand Los Angeles, ndlr), elle avait neuf ans. Je me suis demandé ce que je faisais là, parce que j’avais eu avant elle Jennifer Capriati pendant trois ans, qui à 14 ans était dans le top 10 mondial. Mais en regardant Serena et Venus, j’ai vu leur physique et j’ai été soufflé. »

« A un moment, Venus a demandé: +Papa, je peux aller aux toilettes ?+. Les cinq premiers mètres, elle marchait sur les mains. Les cinq suivants, elle faisait la roue à l’envers. Moi pendant ce temps, j’étais juste assis là à imaginer dans ma tête l’avenir. Je me projetais comme un coach, me demandant quel serait leur gabarit à 17, 18, 19 ans ».

« J’ai pris un grand risque. Mais ce que j’ai vu sous le capot, m’a convaincu de tout miser sur elles. J’ai financé le tout. » 

Un désir brûlant de rattraper la balle

« Leurs bras, leurs jambes et leurs cheveux partaient dans tous les sens. Mais la préparation de leurs coups, leur jeu de jambes étaient très bons, même s’il y avait encore beaucoup de choses d’ordre biomécanique ou technique à parfaire ». 

« Je leur ai demandé de jouer des points. Serena et moi contre Venus, car elle était meilleure, plus puissante. Serena sortait du lot. Elle savait où vous alliez frapper la balle avant que vous ne le fassiez. C’était inné ».

« Surtout, j’ai vu quelque chose que je n’avais jamais encore vu: une rage, un désir brûlant de rattraper la balle. Surtout Serena, au point d’en tomber presque. Son nez était plus proche du sol que son genou. Et même si la balle était à 4 mètres, et que personne n’aurait pu l’attraper, elle courait pour l’avoir. C’est une qualité unique ».

« Je vais voir leur père Richard et je lui dis: +Tu tiens la prochaine Michael Jordan. Et il met son bras autour de moi et répond: +Non, mon frère. J’ai les deux prochaines+ ».

A joué pendant 25 ans et N.1 mondiale à 35 ans

« On ne verra plus jamais une joueuse comme Serena. Elle remplit toutes les cases: taille, vitesse, rapidité, force, agilité… Tactiquement, elle frappe la balle très proprement. Elle s’est créée le meilleur service de l’histoire. Mais ce qui fait sa force, c’est ce +Compton street fight+, cet esprit de combat de la rue hérité de Compton, où beaucoup de choses l’ont rendue à l’épreuve des balles. Elle est comme un pitbull quand elle vous tient, elle ne vous lâche pas ».

« Il n’y a pas de faiblesses chez elle. On peut toujours chipoter sur ceci ou cela, son lift ou je ne sais quoi, mais on parle de quelqu’un qui a joué pendant 25 ans et était N.1 mondiale à 35 ans, qui a tant dominé, qui a remporté 23 Grands Chelems en simple, 14 en double… Et ce qui est fou, c’est qu’elle n’a pas joué tous les Majeurs qu’elle aurait pu, soit parce qu’elle était blessée ou venait de devenir maman. Elle aurait pu gagner 30 Grands Chelems ».

La sportive la plus forte mentalement

« Plus le point était important, plus le moment était important, plus elle se dépassait. C’est la sportive la plus forte mentalement jamais vue. Sa confiance intérieure fait d’elle la plus grande joueuse de tennis de tous les temps et la plus grande sportive de l’histoire ». 

« Elle trône sur le Mont Rushmore, pas seulement par sa capacité à dominer n’importe qui, mais aussi parce que lorsque Serena joue, tout le monde se précipite pour voir ça ». 

« Y aura-t-il un vide ? Oui. On ne retrouvera jamais quelqu’un qui a influencé autant de personnes, dans le monde entier. C’est normal en tant que femme de montrer ses émotions, son intensité, sa compétitivité. Elle inspire tant de gens, pas seulement la communauté afro-américaine ou le monde du tennis. Avec elle c’est +si je peux le faire, vous pouvez le faire+ ».

 

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