Affaiblissement musculaire, malnutrition et éventuellement infections: affaiblis par de longs jours sans rien à manger, 12 jeunes Thaïlandais et leur entraîneur coincés dans une grotte vont pourtant devoir se remettre sur pied rapidement pour sortir, soulignent les spécialistes de ce genre de sauvetage. La survie du groupe devra beaucoup au mental, en plus de la résistance physique individuelle.
« Même si l’incertitude face au sauvetage peut développer une situation anxiogène, la force du groupe, leur habitude des lieux doit les avoir fait tenir », estime Jean-Noël Dubois, médecin et coordinateur du pôle santé secours à la Fédération française de spéléologie. « L’aspect mental doit être l’une des choses dont il faut tenir le plus tenir compte », confirme Andrew Watson, du Service de sauvetage minier britannique.
Lundi, après plus de neuf jours prisonniers, les garçons de 11 à 16 ans et leur entraîneur de football avaient d’abord été rejoints par des plongeurs britanniques. Ils étaient affamés, hagards, mais tous en vie. Passé l’euphorie, il leur a fallu intégrer qu’il allait être compliqué de les ramener à l’air libre. Car ils vont peut-être devoir faire de la plongée pour franchir certains passages inondés.
« L’incertitude quant au moment et à la façon dont ils pourront être sauvés va commencer à s’installer », prévient un universitaire expert de la santé mentale militaire, Neil Greenberg, du King’s College de Londres. Quand les plongeurs sont arrivés, les victimes ont dû se dire: « Ils sont entrés, pourquoi je ne peux pas sortir? », selon Andrew Watson.
La réponse: le parcours, très exigeant, a pris six heures à des plongeurs expérimentés et en pleine forme. « Il faut leur dire exactement quelle est la situation. Ils doivent comprendre que c’est un processus difficile qui exigera de la patience ». La priorité est donc de nourrir et hydrater le groupe, pour que chacun retrouve la santé.
Pour Mike Tipton, professeur de physiologie humaine à l’université de Portsmouth (Grande-Bretagne) spécialiste des environnements extrêmes, ils avaient les trois ingrédients-clés pour survivre: de l’oxygène, une température supportable et de l’eau potable. On peut se préoccuper de choses moins vitales maintenant, mais essentielles: « Où vont-ils aux toilettes? Sont-ils disciplinés pour ne pas déclencher une épidémie? », explique l’universitaire. À éviter surtout: polluer sa source d’eau potable.
Autre souci: « Quelle place ont-ils? » Le confinement, la sédentarité peut déjà atrophier les muscles, avec le risque de complications articulaires et osseuses, ou dans le contrôle de la tension artérielle. Entreprendre ou non ce chemin vers l’air libre, « cela va être une décision très, très délicate », d’après Andrew Watson. Il estime « bien plus sûr » d’attendre que la route soit praticable sans plongée.
« Il faut garder à l’esprit que ce sont des enfants. Et qu’il s’agit d’eau: ça va bouger, il y aura de la pression, de la résistance, elle ne sera pas claire, et ils n’ont pas d’expérience de l’équipement de plongée », insiste-t-il. Que l’un d’entre eux ait des difficultés ou panique risque de stresser tous les autres.
Tant que le groupe sera bloqué au même endroit, l’un des défis sera de lui trouver des occupations et maintenir son moral. Un meneur peut transformer ce moment « en aventure plutôt qu’en épreuve », indique Mike Tipton. L’idéal serait d’avoir le soutien des parents, une fois la communication établie.
« L’anxiété exprimée par leur famille pourrait facilement épuiser la résistance d’un enfant », avertit Neil Greenberg. « Une attitude positive pour dire ‘ça va aller’ serait une manière efficace de dissiper leurs craintes ». Pour Jean-Noël Dubois, la cohésion des 13 sera un facteur essentiel pour se tirer d’un tel mauvais pas.
« Ils sont en groupe. Ils connaissaient la cavité, et c’est sûrement ce qui leur a permis de trouver cette zone relativement sûre. Ce que les gens nous disent lorsqu’on fait ces sauvetages souterrains, c’est qu’on vit très bien tant qu’on est en groupe et qu’on espère », affirme-t-il.
DC avec AFP
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