Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation du nouveau gouvernement d’Édouard Philippe n’est pas un politicien mais un ancien professeur de droit public devenu ensuite recteur des deux académies les plus sensibles de France, la Guyane (de 2004 à 2006) et Créteil (de 2007 à 2009). Il aura aussi côtoyé la rue de Grenelle en tant que directeur adjoint du cabinet de Gilles de Robien entre 2006 et 2007, puis directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) entre 2009 et 2012. Il se consacrait depuis à l’enseignement supérieur en tant que directeur général de l’ESSEC.
À peine arrivé au Ministère, celui qui assure user du « meilleur de la tradition et du meilleur de la modernité » retrousse ses manches et énonce déjà des changements pour la rentrée prochaine.
Des rythmes scolaires laissés aux communes
Emmanuel Macron l’avait promis, Jean-Michel Blanquer l’applique aussitôt : revoir la réforme des rythmes scolaires en permettant aux communes de choisir de garder les neuf demi-journées dont 5 matinées obligatoires, ou de revenir à la semaine des 4 jours.
Le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) examinera le 8 juin, un projet de décret visant à réformer l’organisation actuelle des rythmes scolaires.
Concrètement, c’est le DASEN (directeur académique des services de l’Education nationale) qui doit être « saisi d’une proposition conjointe d’une commune (ou d’un établissement public de coopération intercommunale) et d’un ou plusieurs conseils d’école » avant d’autoriser des adaptations qui ne doivent pas avoir « pour effet de répartir les enseignements sur moins de huit demi-journées par semaine, ni d’organiser les heures d’enseignement sur plus de vingt-quatre heures hebdomadaires, ni sur plus de six heures par jour et trois heures trente par demi-journées, ni de réduire ou d’augmenter sur une année scolaire le nombre d’heures d’enseignement ni de modifier leur répartition. » Ces dérogations peuvent « s’accompagner d’une adaptation du calendrier scolaire national ».
Le projet de décret précise que « le texte entre en vigueur le lendemain du jour de sa publication », soit dès la prochaine rentrée scolaire si la commune s’y attelle à temps. Mais Jean-Michel Blanquer sera peut-être plus ambitieux, estimant lors du dernier congrès de la FCPE (Fédération de parents d’élèves) à Biarritz: « Nous devons mieux étaler le temps de l’enfant sur une base hebdomadaire, mais aussi sur une base annuelle ». Alors, s’achemine-t-on vers un étalement des vacances scolaires et un raccourcissement des vacances d’été ? « Il y a dix ans, certaines villes avaient expérimenté une rentrée en fin de mois d’août. Nous ne sommes pas en train de dire qu’il faut faire cela à l’échelle nationale, mais il faut en discuter » précise Mr Blanquer qui souhaite initier « une libération des énergies pour que chacun définisse ce qu’il y a de mieux pour lui ».
Excellence, redoublement et réduction d’effectifs.
D’aucuns voient en Jean-Michel Blanquer l’un des « hussards noirs » de la IIIe République, ces instituteurs en habit noir décrits par Charles Péguy dans son roman « L’argent » et dont la ferveur patriotique et républicaine permit à de nombreux fils et filles de paysans, ouvriers de gravir l’échelle sociale.
Alors, la recherche de l’excellence, il y tient. Il s’y était déjà essayé en 2007 avec la création des internats d’excellence pour les élèves méritants issus de milieux défavorisés. Pour l’heure, il annonce le rétablissement des classes bilangues, de l’enseignement du latin et du grec au collège. La pratique des EPI (Enseignements pédagogiques interdisciplinaires) sera laissée au bon vouloir de chaque établissement mais ne sera plus obligatoire. Bonne nouvelle pour les parents, une aide aux devoirs sera aussi proposée aux collégiens après les cours : « Dès la rentrée prochaine, l’objectif est que les enfants rentrent chez eux devoirs faits. Ça signifie que des devoirs, il y en a, mais qu’ils ne sont pas faits pour être faits à la maison mais plutôt dans l’établissement, de façon à créer une forme de tranquillité en famille sur ces sujets, d’amenuiser les inégalités qui peuvent exister entre les familles », a détaillé le ministre.
Une réforme du baccalauréat est aussi envisagée avec moins d’épreuves: « Il y aura désormais quatre matières obligatoires à l’examen final. Les autres seront validées par un contrôle continu » En revanche, Mr Blanquer serait favorable à « un bac plus musclé », laissant entendre des épreuves de maths, français et histoire-géographie plus denses. En début de chaîne, priorité est donnée aux classes charnières. Au primaire, dès la rentrée 2017, 2200 classes de CP des zones REP+ passeront à un effectif de 12 élèves par classe ou, en cas de locaux manquants, deux professeurs par classe de 24 élèves. Jean-Michel Blanquer souhaite aussi s’attacher à « la charnière CM2-sixième », qu’il juge « particulièrement importante aussi », évoquant l’instauration de « stages de remise à niveau gratuits fin août pour les élèves qui entrent en sixième ».
Qu’en est-il maintenant des enseignants ? Une revalorisation des rémunérations, déjà entamée lors du quinquennat précédent, est évoquée, sans plus. Si la réussite des élèves passe aussi par le bien-être de leurs enseignants, on peut s’étonner du manque de dispositions prévues à leur égard. Mr Blanquer qui fut successivement recteur de Guyane puis de Créteil, n’est pas sans connaître la difficulté énorme que connaissent les enseignants, notamment du premier degré, concernant leur demande de mobilité. On en a même fait une blague en Seine-Saint-Denis: « Quelle différence y a t-il entre un enseignant du 93 et un prisonnier ? », la réponse étant que le prisonnier, au moins, sait quand il sortira de prison… Avec moins de 25% de satisfaction aux demandes de mutation des enseignants du 1er degré, et une durée de quelques décennies pour l’obtenir, sauf maladie handicapante, ces académies prendraient-elles l’image de geôles ?
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