Des vagues d’enlèvements ruinent les églises nigérianes ; le séminaire catholique est la dernière cible en date

Par Luka Binniyat
19 octobre 2021 16:15 Mis à jour: 19 octobre 2021 16:15

KADUNA, Nigéria – La vague d’enlèvements contre rançon qui sévit au Nigéria met en faillite les communautés religieuses des États du nord du pays et, malgré les promesses de la police de remédier au problème, aucune fin n’est en vue.

Lors du dernier enlèvement en date, un gang constitué de militants fulanis a attaqué un séminaire catholique le 11 octobre.

Le Comité international sur le Nigeria (ICON) estime que le Nigeria a enregistré plus de 4 500 enlèvements cette année, selon Kyle Abts, directeur exécutif de l’ICON.

« L’ICON estime que la rançon moyenne est d’environ 10 000 dollars par personne et que sur les 4 500 enlèvements, plus de 2 500 ont été perpétrés cette année en ciblant spécifiquement les chrétiens », explique Kyle Abts pour Epoch Times.

« Cela signifie que plus de 25 millions de dollars ont été versés », selon Kyle Abts. « La communauté chrétienne souffre donc à la fois financièrement, physiquement, mais aussi spirituellement. L’impact des enlèvements et des paiements de rançons appauvrit ces communautés locales de sorte qu’elles ne peuvent pas payer les pasteurs locaux, mener des projets de bienfaisance, investir dans l’agriculture locale et, par conséquent, cela empêche la durabilité des communautés locales. »

« Plus de 162 églises ont été fermées en raison du banditisme et du paiement de rançons dans le seul État de Kaduna au cours des dernières années », a déclaré le révérend Joseph Hayab, responsable de la section de Kaduna de l’Association chrétienne du Nigeria, dans un SMS adressé à Epoch Times.

« Ces enlèvements ne sont plus seulement le fait des terroristes de Boko Haram/État islamique d’Afrique de l’Ouest, mais de plus en plus, ce sont les militants fulanis qui s’imposent dans l’industrie du kidnapping », explique M. Abts. « Les rançons vont de quelques milliers de dollars américains à plus de centaines de milliers de dollars. Un État a signalé que plus de 5 millions de dollars ont été versés rien que cette année. »

Des hommes armés ont attaqué un séminaire catholique isolé dans le Kaduna Sud dans la soirée du 11 octobre, enlevant 3 membres du corps enseignant et 4 séminaristes. La bande armée, une « milice Fulani » musulmane, a pris d’assaut l’institut catholique et le séminaire St. Albert à Fayit, Fadan Kagoma, dans la zone de gouvernement local (LGA) de Jema’a.

Trois des séminaristes ont été libérés par leurs ravisseurs tôt le 14 octobre, selon une déclaration faite ce jour-là par le révérend père Emmanuel Uche Okolo, chancelier du diocèse catholique de Kafanchan. Quatre autres personnes sont toujours dans la brousse.

Une vidéo publiée sur la page Facebook de l’Institut St. Albert’s montre trois hommes épuisés et secoués, accueillis dans la chapelle du séminaire par une congrégation de prêtres en liesse. Cette attaque est la deuxième attaque récente contre un séminaire catholique dans le Kaduna Sud.

En février de l’année dernière, des milices musulmanes Fulani armées ont attaqué le grand séminaire du Bon Pasteur, à Buwaya, dans la région de Chikun, et ont enlevé quatre étudiants. Bien qu’une rançon ait été versée, les ravisseurs ont tué Michael Nnadi, 18 ans, qui était en première année.

« Le cœur rempli de joie, nous élevons nos voix dans une symphonie de louanges en annonçant le retour de nos trois grands séminaristes, qui ont été enlevés par des personnes armées dans la chapelle », selon une déclaration du révérend père Okolo. « L’événement [l’enlèvement] a eu lieu le lundi 11 octobre 2021 à environ 19 h 26, dans la chapelle du grand séminaire du Christ Roi à Fayit, Fadan Kagoma dans la zone du gouvernement local de Jema’a situé dans la partie sud de l’État de Kaduna.

« Au moment de l’attaque, 10 formateurs, dont le recteur du séminaire et de l’institut, 132 séminaristes, 6 non-séminaristes, une femme membre du personnel non académique et un intendant étaient sur place.

« Six séminaristes ont été blessés à des degrés divers. Un groupe de soldats de l’Opération Safe Haven (OPSH) était sur place pour accompagner certains formateurs et les séminaristes blessés à l’hôpital Salem de Kafanchan. Là, ils ont été soignés et ont pu quitter l’hôpital après avoir été déclarés stables.

« D’après le récit des agents de sécurité du séminaire, du personnel des forces de l’ordre et du comptage effectué après la messe du 12 octobre 2021, il a été confirmé que trois théologiens [et] quatre séminaristes ont été enlevés. Ces séminaristes appartiennent à la Congrégation des Apôtres de la Divine Charité et des Petits Fils de l’Eucharistie. »

Le Révérend Williams Abba Kaura, ancien chef des académiciens de l’institut précise : « Les assaillants sont des hommes armés peuls, comme l’ont confirmé de nombreux étudiants.

« Ils sont venus dans le seul but de procéder à un enlèvement avec demande de rançon. Ils ont attendu qu’il y ait une réunion du soir à la chapelle, puis ils ont fait irruption. Ils ont tiré dans tous les sens, et tout le monde courait dans différentes directions pour sauver sa vie.

« Les secours sont arrivés très tard. Heureusement, personne n’a été tué. La plupart des blessures sont dues à la bousculade. Aucune blessure par balle.

« Ils ont contacté les familles des élèves enlevés, car notre diocèse a pour politique de ne pas négocier avec les kidnappeurs, car nous ne payons pas de rançon, pour de nombreuses raisons.

« Ils parlent directement avec les parents des otages, et j’ai entendu dire qu’ils demandent 107 000 dollars (92 000 €). »

Le porte-parole du commandement de la police de l’État de Kaduna, Mohammed Jalige, a confirmé à Epoch Times qu’un enlèvement avait eu lieu dans l’institut catholique, mais qu’une mission de sauvetage avait été envoyée pour libérer les personnes enlevées et arrêter les coupables.

« Il est vrai qu’un tel incident s’est produit. Il est très regrettable que ces criminels s’en prennent aux écoles », affirme-t-il. « Je tiens à vous assurer que nous avons dépêché une équipe spéciale de sauvetage depuis hier soir. Je suis sûr que nous allons retrouver les victimes et appréhender les criminels. »

Cet enlèvement est le plus récent d’une série d’enlèvements d’étudiants. Ceux-ci ont commencé en novembre 2020. Comme l’a rapporté Epoch Times, 121 étudiants de la Bethel Baptist Academy ont été enlevés sous la menace d’armes à feu par des milices musulmanes Fulani le 5 juillet 2021. Une rançon d’un montant non divulgué a été versée avant la libération par lots de 117 d’entre eux. Quatre de ces étudiants sont toujours en captivité.


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