Énorme coup dur pour Greenpeace, accusée de fausses déclarations et de diffamation

Par Germain de Lupiac
23 mars 2025 16:47 Mis à jour: 24 mars 2025 13:58

L’ONG environnementale Greenpeace vient d’être condamnée aux États-Unis à verser plus de 667 millions de dollars de dommages et intérêts à l’exploitant d’un oléoduc Energy Transfer,  contre lequel elle avait organisé de grandes manifestations, il y a près de 10 ans.

Au cœur de cette bataille judiciaire, les manifestations menées entre 2016 et 2017 dans le Dakota contre le projet du Dakota Access Pipeline. La tribu autochtone Sioux de Standing Rock et des groupes écologistes dont Greenpeace, rejoints par des milliers de manifestants, avaient tenté d’empêcher la construction d’un tronçon de l’oléoduc.

Le groupe Energy Transfer a accusé plusieurs entités de l’ONG de diffamation et d’incitation à la violence. « Notre action en justice contre Greenpeace porte sur le fait qu’ils n’ont pas respecté la loi. Il ne s’agit pas de liberté d’expression comme ils essaient de le prétendre », a assuré le groupe dans un communiqué – ce que l’ONG dément. En 2017, le directeur général justifiait ces poursuites en expliquant que son groupe avait été « grandement lésé » par Greenpeace, lors d’une campagne de diffamation agressive du groupe militant.

L’ONG, habituée aux coups d’éclat, dénonce malgré l’avis du jury une procédure abusive visant à la « faire taire ». En 2022, le fondateur de Greenpeace Patrick Moore affirmait à Epoch Times que les actions environnementales de Greenpeace reposaient sur de faux narratifs, sur des biais politiques plutôt que sur des faits scientifiques.

L’orchestration de campagnes de diffamation

Un jury de l’État américain du Dakota du Nord a reconnu le 19 mars l’organisation écologiste responsable de la majorité des griefs qui lui étaient reprochés et l’a condamnée à verser plus de 667 millions de dollars au groupe Energy Transfer.

Trois entités de l’organisation, dont sa branche américaine Greenpeace USA, étaient poursuivies pour diffamation et incitation à la violence par le groupe américain. Ce dernier les accusait d’avoir joué un rôle clé dans ces grandes manifestations.

Selon Le Point, le jury a estimé que Greenpeace avait fait des déclarations fausses et nuisibles, notamment en affirmant qu’Energy Transfer avait « endommagé au moins 380 sites sacrés et culturels » le long du tracé de l’oléoduc », et que ses employés avaient « délibérément profané des lieux de sépulture documentés ». L’organisation a également été reconnue coupable d’avoir accusé à tort l’entreprise d’avoir « utilisé du gaz poivré et des chiens d’attaque contre des Protecteurs de l’eau pacifiques ».

Greenpeace a également organisé une campagne médiatique à grande échelle visant explicitement à nuire à la réputation d’Energy Transfer. Dans une lettre ouverte cosignée par plus de 500 organisations, l’ONG a exhorté les banques à cesser de financer le projet (sur la base de fausses informations, selon le jury) ce qui a conduit plusieurs institutions financières à se retirer du projet.

« Nous tenons à remercier le juge et le jury pour le temps et les efforts incroyables qu’ils ont consacrés à ce procès », a réagi Energy Transfer après l’annonce du jugement. Ce jugement constitue surtout « une victoire » pour la population de cet État du Nord des États-Unis qui a fait les frais « du harcèlement quotidien et des perturbations causées par les manifestants qui ont été financés et formés par Greenpeace », a-t-il poursuivi.

Greenpeace récuse toute responsabilité

Deepa Padmanabha de Greenpeace USA a fustigé le « mépris » de la justice « pour les voix de la tribu sioux de Standing Rock », assurant que le groupe avait « essayé de déformer la réalité », en exagérant le rôle joué par l’ONG. Cette affaire « pourrait établir de nouveaux précédents juridiques dangereux », estime Deepa Padmanabha évoquant la possibilité d’un « sérieux effet dissuasif » sur les futurs mouvements de contestation.

Ce jugement contre Greenpeace pourrait avoir de larges conséquences, avait prévenu en amont du procès Michael Gerrard, professeur de droit à l’université Columbia et spécialiste des actions de justice climatique. « Si Energy Transfer réussit à imposer une forte amende à Greenpeace, cela encouragera d’autres entreprises à mener des actions similaires et pourrait décourager considérablement des mouvements de contestation », avait-il déclaré.

« Une organisation politique de collecte de fonds »

Pourtant Patrick Moore, un des fondateurs de Greenpeace, a déclaré dans un courriel obtenu par Epoch Times en 2022, que « Greenpeace a été ‘détourné’ par la gauche politique lorsque cette dernière a réalisé que le mouvement environnemental était riche et puissant. Les activistes politiques [de gauche] d’Amérique du Nord et d’Europe ont fait passer Greenpeace d’une organisation à vocation scientifique à une organisation politique de collecte de fonds. »

Patrick Moore a quitté Greenpeace en 1986, 15 ans après avoir cofondé l’organisation. Éminent universitaire, écologiste et défenseur de longue date de l’environnement, Patrick Moore est considéré comme un des experts les plus qualifiés en matière d’environnement.

« Le mouvement environnemental est devenu davantage un mouvement politique qu’environnemental » a-t-il déclaré. « Ils se concentrent principalement sur la création de narratifs, d’histoires, conçues pour instiller la peur et la culpabilité dans la population et récolter des fonds. »

« Aujourd’hui, la gauche a adopté de nombreuses politiques qui seront très destructrices pour la civilisation car elles ne sont pas réalisables techniquement. Il suffit de regarder la crise énergétique qui s’annonce en Europe et au Royaume‑Uni, dont Poutine profite. Mais il s’agit d’une crise qu’ils créent eux‑mêmes en refusant de développer leurs propres ressources en gaz naturel, en s’opposant à l’énergie nucléaire et en adoptant une position irréaliste sur les combustibles fossiles en général » a-t-il continué.

Selon lui, l’ONG qui était à l’origine pacifique et écologiste (« Green » et « Peace ») a perdu le côté pacifiste et a dérivé vers des mouvements politiques basés sur des narratifs radicaux.

D’une écologie pacifiste à une écologie politique

L’ONG Greenpeace a bâti sa notoriété sur des opérations coup de poing, sur terre et en mer, aussi spectaculaires que médiatiques.

Greenpeace est née sur un coup d’éclat le 15 septembre 1971, quand un petit groupe de militants nord-américains embarque sur un bateau de pêche, le « Phyllis Cormack » et se rend sur le site des essais nucléaires d’Amchtika, en Alaska, afin d’empêcher les explosions en se plaçant au centre de la zone d’essai.

Le bateau est intercepté par la marine américaine avant d’approcher du site d’essai. Mais la médiatisation est là et l’année suivante, Washington abandonne le site.

L’organisation prend ensuite pour cible la France, seule puissance nucléaire occidentale à effectuer des essais nucléaires atmosphériques. Dès 1972, des incidents opposent à la marine française des volontaires de Greenpeace près de l’atoll de Mururoa.

Le 10 juillet 1985 à Auckland, en Nouvelle-Zélande, les services secrets français coulent le Rainbow Warrior, un chalutier reconverti par Greenpeace pour perturber les essais nucléaires dans le Pacifique, sans savoir que se trouvait à bord un photographe, tué dans l’explosion. La France a payé une compensation de 7 millions de dollars à la Nouvelle-Zélande et de 8,1 millions à Greenpeace.

Le 12 octobre 2017 à l’aube, des antinucléaires pénètrent dans le site de la centrale de Cattenom en Moselle (Est de la France). Ils tirent un feu d’artifice près du bâtiment abritant selon eux la piscine à combustibles pour alerter les pouvoirs publics sur les failles de sécurité. Depuis les années 2000, Greenpeace organise de nombreuses intrusions. En 2012, c’est à bord d’un ULM qu’un militant s’introduit dans la centrale de Bugey (Ain).

Mais dans l’affaire Cattenom, la justice prononce les premières peines de prison ferme contre des militants Greenpeace. En appel, les peines sont transformées en amendes.

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