Le procès en diffamation de Libération, poursuivi par l’ancien président de l’Unef après la publication des témoignages d’anciennes militantes dénonçant un système de violences sexistes et des violences sexuelles au sein du syndicat étudiant, s’ouvre mardi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Jean-Baptiste Prévost, président de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) de 2007 à 2011, avait porté plainte peu après la publication de l’enquête de Libération, le 19 février 2018, attaquant sept passages qu’il jugeait diffamatoires.
« Un terrain de chasse sexuelle » selon le quotidien
Selon le quotidien, la présidence de Jean-Baptiste Prévost à la tête du deuxième syndicat étudiant de France avait été marquée « par une multitude de dérives ». L’Unef était alors devenu « un terrain de chasse sexuelle » pour ses cadres dirigeants, écrivait Libération. Cette enquête avait été publiée en pleine déflagration du mouvement #MeToo et trois mois après une tribune dans Le Monde de 83 anciennes militantes ou cadres de l’Unef dénonçant le caractère « systémique » des violences sexistes et sexuelles à l’Unef en appelant à la libération de la parole.
Libération avait recueilli les témoignages de seize femmes dénonçant des faits de harcèlement, agressions sexuelles ou viols de la part de dirigeants du deuxième syndicat étudiant de France. Deux femmes relataient avoir été violées, en 2014 et en 2016, par un membre de la direction, désigné dans l’article par son prénom: « Grégoire T. » Quatre militantes témoignaient d’agressions sexuelles de la part d’un autre membre du syndicat, appelé « A », en 2007, 2008 et 2013, ainsi qu’un viol en 2015.
« Il n’y a aucune plainte pénale contre » Jean-Baptiste Prévost
De son côté, Jean-Baptiste Prévost était mis en cause dans l’article pour avoir « pioché des numéros de téléphone dans les fichiers du syndicat pour multiplier les relations sexuelles » et d’avoir « profité » de son statut de président. Dans sa plainte, il rappelle que les faits de viol et agressions sexuelles se seraient « principalement déroulés » après son départ de l’Unef. Il déplore par ailleurs qu’il soit le seul à être nommément mis en cause dans le papier et que sa photo apparaisse à deux reprises en illustration. « Il n’y a aucune plainte pénale contre » Jean-Baptiste Prévost, qui est « socialement très abîmé par cet article » et qui « attend de s’exprimer depuis cinq ans », souligne son avocate, Mme Sophie Obadia.
Une enquête de plus de trois mois
« C’est un procès important du point de vue des excès des méthodes journalistiques à l’ère de #MeToo« , estime-t-elle. « On est sur une enquête de plus de trois mois, plusieurs dizaines de personnes ont été interviewées », réplique l’avocat de Libération et des auteurs de l’article, M. Charles-Emmanuel Soussen, qui défendra le sérieux du travail journalistique. Une dizaine de témoins ont été cités, dont huit par la défense. L’audience se tiendra sur trois demi-journées, mardi, jeudi et vendredi après-midi.
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