Le régime chinois s’immisce depuis des années dans les écoles et universités françaises. Avec une stratégie bien définie et plus offensive depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping, la Chine avance méthodiquement ses pions pour influencer l’enseignement supérieur et le monde de la recherche de l’Hexagone. Divers rapports parlementaires alertent déjà depuis des années sur l’influence grandissante de Pékin dans ce secteur. Ces ingérences du pays communiste représentent une réelle menace pour notre enseignement supérieur et plus largement nos libertés.
Chercheurs courtisés, étudiants chinois, partenariats avec les écoles… la stratégie bien rôdée de Pékin
« La Chine souhaite aller de l’avant avec la France, concrètement et solidement, pour réaliser des accomplissements encore plus éclatants dans la coopération sino-française ». Voilà ce qu’écrivait dans une tribune publiée dans le Figaro en 2019, le président chinois, Xi Jinping.
Il faut dire que jusqu’à présent, en matière d’« accomplissements éclatants » dans la coopération entre nos deux pays, la Chine dispose malheureusement d’une avance confortable.
Les outils d’influences déployés par l’Empire du Milieu depuis plusieurs années sur notre monde académique et de la recherche en sont le parfait exemple.
Ces outils sont divers et révélateurs d’une stratégie bien pensée par la Chine dans le but d’imposer son propre narratif et surtout d’avoir le contrôle sur ce qui se dit ou se fait à son sujet. Elle a par exemple depuis longtemps dans son viseur, nos chercheurs, qu’elle veut séduire en leur proposant d’aller travailler dans de bonnes conditions en Chine. Une manœuvre intelligente de la part de Pékin puisque la recherche en France est en déclin.
De manière plus agressive et sachant les chercheurs très dépendants de conférences ou de colloques à l’international, l’Empire du Milieu peut aussi bloquer la délivrance de visas, s’il estime que ces derniers sont trop critiques à l’égard de la Chine.
Le pays communiste peut également s’appuyer sur les très nombreux étudiants chinois qui viennent chaque année en France. Une récente étude du ministère de l’Éducation nationale indiquait qu’au cours de l’année universitaire 2021-2022, ils étaient les troisièmes plus nombreux (27.479) à venir s’inscrire dans les universités françaises, derrière les Marocains (46.371) et les Algériens (31.032). Et le régime utilise certains d’entre eux comme des agents chargés de rapporter aux autorités chinoises des propos de professeurs critiquant le régime de Pékin.
Les multiples partenariats passés avec les universités françaises s’inscrivent également dans la stratégie élaborée par la Chine pour exercer son influence voire faire pression financièrement sur notre monde académique. C’est ce que précise le site d’information d’actualité géopolitique Enderi dans un article publié cet été sur « la stratégie d’influence chinoise dans le monde universitaire français ». « Beaucoup d’universités françaises ont aujourd’hui un partenariat avec la Chine et souhaitent le converser, ce que Pékin sait très bien utiliser comme levier pour exercer son influence », précise notamment l’article.
Des rapports parlementaires ont tiré la sonnette d’alarme
Divers rapports parlementaires mettent en garde depuis plusieurs années sur la forte influence de Pékin sur nos universités. En 2021, l’ancien sénateur RDPI (macroniste) André Gattolin déposait un rapport sur la protection du patrimoine scientifique et des libertés académiques dans lequel il détaille la stratégie d’influence du pays asiatique sur le monde universitaire français. Les instituts Confucius sont par exemple mentionnés comme « la face la plus visible de l’implication de la Chine dans l’enseignement supérieur ». L’ancien sénateur explique également comment ces instituts se sont méthodiquement implantés sur le territoire et comment ils séduisent certaines universités françaises situées dans des villes de taille moyenne. Pour rappel, il y a actuellement 18 Instituts Confucius en France.
« Il s’agit d’établissements qui ne possédaient pas de département de langue chinoise, ou alors uniquement en niveau débutant. Les instituts Confucius viennent donc satisfaire une demande au niveau local », écrit l’auteur du rapport. « Ces universités ont également des budgets plus faibles que les plus grandes universités. Or les instituts Confucius sont donnés « tout frais en main » aux établissements, et ils sont pour cette raison particulièrement intéressants d’un point de vue financier », ajoute-t-il.
Mais le parlementaire s’inquiétait de ces partenariats qui se sont avérés être plus avantageux pour les instituts. « Une fois que les universités ont accueilli un institut, elles peuvent difficilement revenir en arrière, sauf à perdre leur enseignement de la langue chinoise, et avec lui une part de leur attractivité et de leur projection à l’international. Dans un second temps, et de manière plus directe, cette dépendance conduit à se retrouver en position de faiblesse face aux exigences de la partie chinoise », révèle-t-il dans le rapport.
Plus récemment, des députés et des sénateurs de la délégation parlementaire au renseignement consacraient une partie de leur rapport annuel sur les ingérences étrangères en France à la stratégie du « Front uni » de la Chine. Le Front uni étant un concept assez large englobant différents types d’acteurs surveillés par le PCC et agissant pour les intérêts de la Chine populaire. Le rapport cite également « différents leviers d’action » de la stratégie de Pékin. Parmi eux, le monde académique et de la recherche « avec comme principal levier la dépendance financière qui peut avoir une influence sur le contenu des cours, le matériel pédagogique ou la programmation d’événements ». Les députés et sénateurs s’en prennent eux aussi aux instituts Confucius. « Ces instituts sont avant tout au service d’une stratégie d’influence et du développement d’un narratif positif pour servir les intérêts du Parti », écrivent-ils.
Une menace pour l’enseignement supérieur français et nos libertés
Ces ingérences chinoises dans nos universités, nos écoles et nos centres de recherches constituent une véritable menace pour notre enseignement supérieur, mais pire encore, pour nos libertés. Les stratégies d’influences sournoises de Pékin privent nos chercheurs et nos enseignants de ce qui pourtant est à la base de leur profession, la liberté d’expression. Certaines de nos universités dépendent désormais financièrement de l’Empire du Milieu et peuvent difficilement arrêter leur partenariat avec des acteurs chinois. Nos dirigeants doivent réaliser que derrière tous les grands discours de Xi Jinping sur la coopération franco-chinoise, il y a une importation progressive du PCC dans nos institutions et plus particulièrement l’université. Et le Parti communiste chinois apporte avec lui une atmosphère délétère (censure, contrôle) et des moyens d’actions que toute démocratie respectable comme la France doivent s’efforcer de rejeter.
Même si la Chine populaire met en place subtilement des stratégies d’influence pour déstabiliser notre enseignement supérieur, elle n’en demeure pas moins un régime totalitaire. Comme tout régime totalitaire, elle est agressive et commet donc des erreurs. En témoignent les nombreux propos virulents tenus par l’ambassadeur de Chine en France, Lu Shaye. En 2021, il traitait le chercheur Antoine Bondaz de « hyène folle » et de « petite frappe ». Ces insultes et plus largement cette attitude dévoilent le vrai visage de Pékin et doivent permettre à la France d’ouvrir les yeux sur la menace qui pèse sur notre enseignement supérieur et nos libertés.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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