Dans un contexte de crise économique, la question de la résilience des entreprises est clairement posée. La prise en compte du développement durable par celles-ci doit donc être vue comme un enjeu stratégique majeur.
Les récentes études montrent très nettement que l’intégration de la dimension sociale et environnementale et leur mise en œuvre concrète dans les entreprises sont à l’origine d’une meilleure performance économique.
Leur capacité à intégrer les salariés – bien-être, gouvernance, formation continue, conditions de travail, etc. – dans une « démarche responsable » leur permet à la fois de les motiver et de les retenir plus facilement, mais aussi de rendre l’entreprise plus attractive et d’améliorer sa réputation. Par ailleurs, les organisations les plus avancées en matière de politique de développement durable sont aussi celles qui investissent le plus dans l’innovation, source de croissance et d’emploi.
On comprend dès lors la nécessité d’enseigner aux étudiants des grandes écoles de commerce et de management l’intérêt et les enjeux du développement durable pour devenir des entrepreneurs et des managers responsables.
Mille et une façons de s’impliquer
Le repérage des enjeux majeurs du développement durable, de leurs impacts pour l’entreprise et des solutions pour les mettre en œuvre est devenu essentiel pour la planète business.
Les degrés d’implication des entreprises dans une démarche de développement durable sont divers : ils peuvent aller d’une intégration des valeurs du développement durable à la stratégie de l’entreprise, à la mise en place d’un système de management environnemental ou d’une véritable démarche de responsabilité sociale d’une entreprise (RSE), ou à la mise en œuvre de quelques actions environnementales ou sociales ponctuelles… jusqu’à une communication environnementale parfois mensongère, qui ne reflète pas les engagements de l’entreprise.
La société civile et les entreprises sont aujourd’hui toujours plus attentives à la mise en œuvre de nouvelles actions prenant en compte les enjeux du développement durable. Celui-ci doit amener à réinventer les organisations, à innover dans les pratiques en tenant compte de la complexité des interdépendances entre la société, l’économie et leurs environnements au sens large. C’est aussi le sens du courant montant outre-Atlantique sous l’expression « business in society ».
Il est donc important que les écoles de commerce accompagnent les étudiants, les managers de demain, pour qu’ils disposent d’une bonne compréhension de ces enjeux et d’un sens aigu de leurs multiples responsabilités.
Casser les idées reçues
Le réel défi consiste à former de manière transversale des managers ; ces derniers doivent devenir conscients des enjeux de développement, de la complexité et de l’incertitude du monde dans lequel ils vont évoluer ; il leur faut aussi être sensibilisés aux problématiques de management responsable, capables d’intégrer le développement durable dans leurs pratiques et leurs stratégiques ; ils doivent également être en mesure d’anticiper et d’innover.
Cette formation implique des parcours pédagogiques permettant d’aborder des multitudes d’aspects : économiques, sociétaux, environnementaux, éthiques, territoriaux, stratégiques ou géo-économiques. Une importance toute particulière doit être accordée à la prise en compte de la dimension territoriale et des responsabilités sociales des décideurs et des organisations économiques. C’est ici que le terme de « business in society » prend tout son sens.
Enseigner le développement durable en école de commerce, c’est aussi casser des images reçues comme celle selon laquelle ce concept se limiterait aux questions environnementales/écologiques. Le développement durable en entreprise concerne également l’éthique, le management, la RSE, le green business, la consommation responsable, l’intelligence économique et territoriale.
Développer des pratiques innovantes
Plusieurs grandes écoles ont ainsi intégré des cours et/ou des conférences sur le développement durable dans leurs cursus de formations. C’est le cas de l’EM Normandie, KEDGE ou Audencia qui permettent à leurs étudiants de comprendre les enjeux du développement durable au travers de ce que l’on appelle aujourd’hui la « responsabilité sociale des organisations » (RSO).
L’objectif est d’acquérir les outils permettant de développer une pratique innovante du management dans les entreprises et de comprendre les enjeux contemporains relatifs au développement durable. Structurés et progressifs, les parcours pédagogiques doivent répondre ainsi à une démarche cohérente et intégrée entre les « cours classiques » enseignés en école de commerce et les cours de développement durable.
Les étudiants apprendront également beaucoup en rencontrant des entrepreneurs responsables, des acteurs de l’économie sociale et solidaire ou encore des chefs d’entreprises se distinguant impliqués.
Reste désormais à mettre en œuvre la prise en compte de ces compétences dans le monde du recrutement. Le Sulistest constitue un premier outil reconnu internationalement et pertinent localement pour mesurer le degré de connaissance des étudiants et du personnel des écoles autour des questions de développement durable.
Sebastien Bourdin, Enseignant-chercheur à l’Institut du développement territorial (IDéT), Laboratoire Métis, École de Management de Normandie
La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.
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