Entre Alain Delon et Jean-Paul Belmondo, une amitié indéfectible, mélange de tendresse et de virilité

Par Epoch Times avec AFP
18 août 2024 17:20 Mis à jour: 18 août 2024 17:36

Les deux vieux lions du cinéma français Jean-Paul Belmondo et Alain Delon ont connu des carrières parallèles, le plus souvent au sommet du box-office, et leur amitié teintée d’une certaine rivalité a nourri la légende de ces deux caractères que tout opposait. « Ils se respectaient énormément » confie Paul Belmondo au Parisien, se disant « très triste de savoir qu’Alain Delon est parti ».

C’est à six jours d’écart en mars 1960 que les deux comédiens se révèlent au grand jour : Jean-Paul Belmondo, l’insolent au physique plus ordinaire, fait sensation dans À bout de souffle, tandis que le public se pâme devant le regard aigue-marine d’Alain Delon dans Plein soleil.

« On nous opposera tout au long de nos vies »

Les hommes se connaissent déjà : ils s’étaient rencontrés sur le tournage de Sois belle et tais-toi. Débutants, ils campent alors des petits escrocs. À l’époque, c’est à Delon que revient le rôle du bagarreur hâbleur. Belmondo incarne une petite frappe, planquée et taciturne.

Ils côtoient les mêmes bars à Saint-Germain-des-Prés : « Entre nous, commence une amitié qui ne s’est jamais tarie », écrit Bebel 60 ans plus tard dans son autobiographie Mille vies valent mieux qu’une.

Et pourtant, « on nous opposera tout au long de nos vies, cherchant à créer une adversité dont la légende pourrait se nourrir », poursuit-il. « En fait nous sommes proches, en dépit d’une divergence évidente d’origines sociales. Son enfance a été aussi triste, pauvre et solitaire que la mienne a été joyeuse, bourgeoise et pleine d’amour ».

Belmondo est né en 1933 à Neuilly, à côté de Paris, dans une famille aimante d’artistes. Il fait le conservatoire avec la bénédiction de son père. Acteur inclassable, animal et énergique, il incarne la génération d’après-guerre qui veut croquer la vie. Avec son physique de quidam, il se glisse facilement dans la peau du « titi parisien », proche du public. C’est pour cette raison que Jean-Luc Godard l’embauche dans la rue pour À bout de souffle.

Né en 1935, Alain Delon est confié à 4 ans, au divorce de ses parents, à une famille d’accueil dont le père est gardien à la prison de Fresnes, près de Paris. Pensionnaire, il commet plusieurs fugues. Quand il s’engage en Indochine, personne ne le retient. Sombre, taciturne, écorché vif… Il ne partage pas la sérénité intérieure qui va profiter à Belmondo.

Toutefois, les deux hommes poursuivent leur course en tête du box-office, cultivant chacun leur image, incarnant tour à tour, comme deux frères siamois, des flics, des truands et des tueurs.

Belmondo, chef de bande, joue sur l’humour, la chaleur, la désinvolture quand Delon fait figure de solitaire froid et distant.

En 1970, Jacques Deray réunit les deux dans Borsalino, l’histoire de deux jeunes malfaiteurs qui se lient d’amitié et deviennent les rois de la pègre à Marseille.

Dans le film, les deux hommes cheminent côte à côte dans leur éclatante jeunesse, costumes trois pièces impeccables et pochettes assorties, le cigare au coin des lèvres, le fameux chapeau de gangster légèrement incliné sur la tête. Ils deviennent inséparables après une bagarre mémorable où ils se rendent coup pour coup.

Pourtant, une brouille éclate entre les deux vedettes à propos d’une formulation contractuelle non respectée sur l’affiche. Belmondo, procédurier, traîne Delon devant les tribunaux et gagne. « C’était des querelles d’amoureux », balaiera-t-il des années plus tard. Il n’empêche, Bébel ne se rendra pas à l’avant-première du film qui fait près de 5 millions d’entrées.

Les deux hommes se sont toujours rendu hommage. « Jean-Paul a suivi son chemin. Moi un autre, c’est tout. C’est une grande vedette nationale. Il a beaucoup de talent et, comme moi, il aime son métier et les risques », déclarait Delon. « On parle toujours de cette soi-disant rivalité mais, pour moi, il ne peut y avoir de rivalité entre nous, on n’a absolument pas le même emploi. Delon ne me gêne pas et je ne pense pas que je le gêne », renchérissait Belmondo.

Patrice Leconte les réunit en 1998 dans « Une chance sur deux ». « A aucun moment nous n’aurions pu, la veille du tournage, intervertir leurs rôles », racontait le réalisateur. « Ils sont diamétralement opposés, ce qui les rend complémentaires et, en même temps, extrêmement proches l’un de l’autre. C’est très curieux, deux acteurs, qui, comme eux, ont à la fois tout et rien à voir avec l’autre. »

« Aujourd’hui c’est vous qui allez nous manquer énormément »

Une amitié indéfectible, mélange de tendresse et de virilité, que Paris Match mettra en scène jusqu’au bout, en juin 2019, dans un bras de fer en bras de chemise.

Sitôt la mort de Bébel connue, le 6 septembre 2021, Alain Delon, la voix tremblant d’émotion, se dira « complètement anéanti ». Il assistera, sous les applaudissements, à ses obsèques religieuses à Saint-Germain-des-Prés.

« Alain, un jour vous m’avez dit que mon père vous manquait, aujourd’hui c’est vous qui allez nous manquer énormément », écrit Paul Belmondo sur Instagram. Dans une interview au Parisien, Paul Belmondo évoque son « lien familial avec lui (Alain Delon ndlr) » de par la relation de son père avec lui et aussi par le lien d’amitié qu’il a avec Anthony Delon. « Il a toujours été présent aux moments importants de notre famille, comme les 18 ans de ma sœur, des mariages, le mien, des enterrements, des premières… » confie l’ancien pilote de Formule 1.

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