Solution intermédiaire entre maintien à domicile et Ehpad, les « habitats partagés », petites colocations pour personnes âgées, pourraient accueillir des dizaines de milliers de résidents à l’avenir mais leur développement est entravé par un « cadre règlementaire confus », s’agacent les opérateurs privés du secteur.
Dans ce type de logement, les seniors « qui ne veulent plus ou ne peuvent plus rester chez eux », sans pour autant souhaiter rejoindre une maison de retraite, signent un bail de location classique.
Veiller à un « sentiment d’arrachement le plus faible possible »
Ils disposent d’une chambre individuelle, mais également de pièces de vie partagées avec leurs colocataires, où une professionnelle s’occupe notamment des courses ou de la préparation des repas.
Les locataires, qui ont chacun leur chambre et leur salle de bains, se retrouvent pour le repas ou les loisirs dans une grande cuisine/salle à manger commune. Le soir et le week-end, un prestataire d’aide à domicile prend le relais. Et des étudiants, logés à l’étage du dessus, perçoivent 250 euros par mois pour être disponibles la nuit au cas où les résidents activeraient leur bouton d’appel à l’aide.
L’objectif est que les seniors « qui ne peuvent plus vivre chez eux » aient un « sentiment d’arrachement le plus faible possible », le tout pour un loyer environ inférieur de 20% au coût d’un Ehpad, soit « 1500 à 1600 euros, aides déduites », détaille Jean de Miramon, l’un des cofondateurs de Domani.
100.000 seniors pourraient en bénéficier en 2030
Dans toute la France, 100.000 seniors au total devraient pouvoir bénéficier d’un tel logement d’ici à 2030, préconisaient les auteurs d’un rapport remis en 2020 au gouvernement.
Pour l’heure cependant, moins de 5000 personnes résident dans des habitats de ce type, affirme un collectif récemment créé par une quinzaine d’opérateurs privés.
Selon ces entreprises, l’ « inertie » de l’administration complique l’avancement des projets. Parfois, le promoteur se voit ainsi refuser l’agrément qui lui permettrait de salarier lui-même les aides à domicile intervenant à titre individuel chez les seniors – par exemple pour l’aide à la toilette.
« Il y a une volonté politique affichée mais il faut que ça suive du point de vue réglementaire », renchérit Maxence Petit dont la société Cosima a ouvert un « domicile partagé » à Lourdes (Hautes-Pyrénées) et en projette trois autres près de Marseille et en banlieue parisienne.
La législation, pourtant, a justement évolué : depuis l’an dernier, les résidents peuvent théoriquement percevoir, sans condition de ressource, une « aide à la vie partagée » (AVP) destinée à financer les prestations communes aux habitants de la colocation, comme le salaire de la « maîtresse de maison ».
Pour l’heure, en effet, seule une trentaine de conseils départementaux ont signé un accord avec l’État pour mettre en place cette aide – financée par les départements à hauteur de 20% –, explique à l’AFP Stéphane Corbin, directeur adjoint de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Mais, selon lui, une soixantaine d’autres départements devraient les rejoindre cette année.
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