L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont accusés mutuellement mercredi de nouvelles attaques à leurs frontières, au lendemain des pires violences entre les deux pays depuis une guerre en 2020 qui ont mis en péril de récentes négociations de paix.
Au moins cent soldats arméniens et azerbaïdjanais sont morts mardi lors de ces affrontements, la Russie annonçant un cessez-le-feu, mais les deux camps affirment que leur adversaire l’a déjà violé.
Cette nouvelle flambée meurtrière intervient alors que l’attention de Moscou, médiateur traditionnel dans la région, est accaparée par son intervention militaire en Ukraine.
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? Vidéo présumée de nombreux tirs de MLRS de l’armée azerbaïdjanaise sur des positions arméniennes. pic.twitter.com/nsaKSU7b6w
— (Little) Think Tank (@L_ThinkTank) September 12, 2022
Le ministère arménien de la Défense a affirmé mercredi que Bakou « avait repris ses attaques avec de l’artillerie, des mortiers et des armes de gros calibre dans les directions de Djermouk, Verin Shorzha », deux localités arméniennes près de la frontière azerbaïdjanaise.
Pour sa part, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a affirmé mercredi matin que les forces arméniennes avaient « bombardé pendant la nuit nos positions dans les zones de Kelbajar et Latchine ».
Dans un communiqué distinct, Bakou a déclaré que les forces arméniennes tiraient notamment à l’obusier sur trois villages azerbaïdjanais. Le porte-parole de l’armée arménienne, Aram Torossian, a démenti mercredi matin ces accusations.
L’Arménie et l’Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, se sont affrontés lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle du Nagorny Karabakh.
La reprise de combats aussi sanglants illustrent combien la situation reste explosive, à la fois dans cette région montagneuse, mais aussi aux frontières officielles entre les deux pays.
Inquiétude de la communauté internationale
L’Arménie a appelé la communauté internationale à réagir, tandis que l’Union européenne, les Etats-Unis, la France, la Russie, l’Iran et la Turquie se sont déclarés très inquiets et ont appelé à la fin des violences.
Mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que la situation restait « tendue ».
La Russie a déployé en novembre 2020 des soldats de la paix au Nagorny Karabakh, mais, depuis son offensive en Ukraine, Moscou est isolé sur la scène internationale et son rôle de médiateur est remis en cause.
Ces derniers mois, l’Union européenne a pris les devants pour trouver un accord de paix. Ces négociations ont permis d’avancer timidement sur la question de la démarcation des frontières et de rouvrir des voies de transport entre les deux pays.
En avril et en mai, les dirigeants arménien Nikol Pachinian et azerbaïdjanais Ilham Aliev se sont rencontrés à Bruxelles et ont convenu de poursuivre les pourparlers.
Mais ces nouveaux heurts « ont rendu nuls » ces avancées, estime le politologue Guela Vasadze, du Centre géorgien des analyses stratégiques. Selon lui, les violences « ont radicalisé davantage les opinions publiques » dans chaque camp.
Ressentiment durable entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan
A Erevan, l’émotion était forte mardi soir devant un hôpital où sont soignés des soldats blessés. « On doit se battre pour nos terres, notre patrie, notre pays. On aura la victoire, peut-être pas aujourd’hui, mais alors demain », a déclaré à l’AFP Sokrat Katchatourian, 65 ans.
Arman Mkhitarian, 40 ans, lui, en est sûr: « Une nouvelle guerre s’annonce » étant donné « l’accumulation » de forces azerbaïdjanaises à la frontière arménienne.
Les relations entre Erevan et Bakou restent empoisonnées par la question du Nagorny Karabakh, une enclave majoritairement peuplée d’Arméniens ayant fait sécession de l’Azerbaïdjan avec le soutien de l’Arménie.
Après une première guerre qui a fait plus de 30.000 morts au début des années 1990, Erevan et Bakou se sont affrontés à nouveau à l’automne 2020, lors de combats qui ont coûté la vie à plus de 6.500 personnes.
L’Arménie a perdu cette dernière guerre et a du céder d’importants territoires. Selon l’expert Gela Vasadze, le fragile cessez-le-feu qui a suivi n’a permis « ni la guerre, ni la paix ».
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