Le malaise est consommé, la guerre déclarée. Ce matin, les taxis parisiens ont montré leur colère contre UberPOP en bloquant le périphérique et l’accès à 3 terminaux de Roissy Charles de Gaulle. Derrière cette colère, un combat contre la nouvelle économie du web qui prend progressivement toutes les parts de marché, sans considération pour la destruction progressive du tissu entrepreneurial déjà présent.
Un match déséquilibré
Car effectivement les deux boxeurs ne jouent pas dans la même catégorie. D’un côté, la profession des taxis est réglementée et doit s’acquitter de licences couteuses et de taxes professionnelles – sans parler des contraintes administratives. De l’autre, une application collaborative, sans contrainte administrative ni financière, proposant des tarifs cassant les prix, en externalisant les services gratuitement auprès des particuliers.
On est, selon les taxis parisiens, dans un cas évident de concurrence déloyale voir d’évasion fiscale, et les autorités françaises n’arrivent pas à agir depuis un an. «On en a ras-le-bol de la concurrence déloyale, ras-le-bol d’Uber qui est au-dessus des lois», déclarait un conducteur de taxis, en ajoutant: «de jour en jour on a une chute d’activité flagrante, ils se mettent dans nos stations, sur nos voies, il y a constamment des tensions».
Un malaise grandissant qui n’est que la pointe de l’iceberg et ne s’arrêtera pas tant que le gouvernement et la justice française ne redéfiniront un cadre plus précis pour sanctionner les entreprises sur le web.
Collègues #Taxis allez y doucement ! Il est même pas 7h lol pic.twitter.com/ac7GcPDq7t
— Le-Pari(s)-du-Taxi (@david77004) 25 Juin 2015
Un cadre juridique impuissant face aux nouvelles technologies de l’information?
Le problème est en fait double. Il y a d’une part un problème de droit international, avec la difficulté voir l’impossibilité de sanctionner en France des applications web hébergées à l’étranger.
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Il y a d’autre part, un problème de droit national. Au nom de la liberté d’entreprendre UberPOP justifie en effet la continuité de son service – alors que l’application est interdite en France depuis le 1er janvier 2015 avec la loi Thévenoud sur la régulation de la concurrence avec les taxis.
Ce principe de liberté d’entreprendre inscrit dans la Constitution française empêche juridiquement à plusieurs juges de condamner UberPOP pour concurrence déloyale – une faille juridique exploitée pour les patrons des applications collaboratives, que le temps de promulgation et d’application des lois n’arrive pas à combler.
Dans les faits pourtant, et malgré l’attrait certain de ces nouvelles technologies de l’information, a lieu une destruction progressive et irréversible de bassins complets d’emplois. Quasiment toutes les professions sont touchées : l’hôtellerie, les voyages, les transports, la presse, les médecins, les professions juridiques, la restauration, etc..
Une réglementation plus stricte serait donc nécessaire rapidement au niveau national et international, pour mettre sur un même pied d’égalité une économie traditionnelle qui travaille pour gagner sa vie et qui représente des milliers ou des dizaines de milliers d’emplois, et une économie collaborative qui casse les prix en se reposant sur le volontariat de particuliers voulant arrondir leurs fins de mois, qui commence à prendre toutes les parts de marché et qui représente proportionnellement des dizaines ou des centaines d’emplois.
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