EUROPE

Envoi de formateurs de l’armée française en Ukraine : Kiev revient sur son affirmation

Des "spécialistes" occidentaux sont déjà sur le terrain en Ukraine en se faisant passer pour mercenaires, selon des responsables russes
juin 1, 2024 16:05, Last Updated: juin 7, 2024 21:23
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Le ministère ukrainien de la Défense a démenti les affirmations relatives à l’arrivée prochaine d’instructeurs français sur le territoire national afin d’aider à la formation du personnel militaire ukrainien.

« À ce jour, nous sommes toujours en pourparlers avec la France et d’autres pays sur cette question », a déclaré le ministère dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux.

Il a noté que les dirigeants militaires ukrainiens ont commencé à « travailler en interne sur les documents pertinents […] pour ne pas perdre de temps à coordonner des questions bureaucratiques quand la décision pertinente sera prise ».

Cette clarification fait suite à une déclaration du chef de l’armée ukrainienne, le général Oleksandr Syrsky, qui affirmait que Kiev avait signé un accord avec Paris autorisant ce dernier à envoyer des formateurs militaires en Ukraine.

« Je suis heureux de saluer l’initiative française d’envoyer des instructeurs en Ukraine pour former des militaires ukrainiens », a déclaré le général Syrsky dans un message publié le 27 mai sur les réseaux sociaux.

« J’ai déjà signé les documents qui permettront aux premiers instructeurs français de visiter prochainement nos centres de formation et de se familiariser avec les infrastructures et le personnel. »

Le ministère français de la Défense a depuis précisé que les propositions d’envoi d’instructeurs militaires étaient toujours à l’étude.

« La formation sur le sol ukrainien reste un sujet de discussion avec les Ukrainiens afin de déterminer leurs besoins exacts », a déclaré le ministère dans un communiqué.

Dans l’état actuel des choses, la France n’a pas de personnel militaire – du moins officiellement – pour assister ou former des troupes en Ukraine.

Au cours des derniers mois, l’idée d’envoyer du personnel militaire occidental en Ukraine, soit pour former, soit pour combattre, n’a cessé de prendre de l’ampleur.

En février, le président français Emmanuel Macron a surpris les observateurs en déclarant lors d’une réunion des dirigeants de l’Union européenne que le déploiement de personnel occidental en Ukraine « ne devrait pas être exclu ».

Depuis, il est allé encore plus loin, affirmant que les alliés de Kiev ne devraient avoir « aucune limite » dans leur approche face à l’invasion russe, qui en est maintenant à sa troisième année.

Mais la plupart des capitales occidentales se sont montrées réticentes à cette idée, du moins en public, craignant qu’une telle initiative n’élargisse le conflit et ne déclenche une confrontation directe avec la Russie.

La Maison Blanche a déclaré à plusieurs reprises qu’elle n’enverrait pas de personnel – quel qu’il soit – en Ukraine et a exhorté ses alliés de l’OTAN à faire de même.

Le chef d’état-major interarmées, le général Charles Q. Brown Jr., s’exprime lors d’une conférence de presse tenue à l’issue d’une réunion du groupe de contact pour la défense de l’Ukraine au Pentagone, le 20 mai 2024, à Arlington, en Virginie. (Kevin Dietsch/Getty Images)

La semaine dernière, le général Charles Brown, président de l’état-major interarmées des États-Unis, a réitéré la position de Washington sur la question.

« Pour l’instant, il n’est pas prévu d’envoyer des formateurs américains en Ukraine », a déclaré le général Brown à la presse le 20 mai.

Néanmoins, l’approche agressive de M. Macron a séduit certains alliés de l’OTAN, particulièrement la Pologne et les trois États baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie).

En mars, Radoslaw Sikorski, ministre polonais des Affaires étrangères, a déclaré qu’il n’était « pas impensable » de déployer du personnel militaire en Ukraine. Il a ensuite affirmé que du personnel occidental était « déjà » sur place, décrivant leur présence en Ukraine comme un « secret de polichinelle ».

Gabrielius Landsbergis, ministre lituanien des Affaires étrangères, a récemment déclaré que la formation de soldats ukrainiens en Ukraine était « tout à fait faisable ».

Il a également affirmé qu’il était « plus pratique » de former des soldats en Ukraine que de les former dans les États membres de l’OTAN.

La semaine dernière, la première ministre estonienne Kaja Kallas a affirmé que certains alliés de Kiev – elle n’a pas précisé lesquels – « entraînaient déjà des soldats sur le terrain » en Ukraine.

Des volontaires ukrainiens s’entraînent à la guerre urbaine avec des membres des forces armées britanniques dans un camp militaire, le 24 février 2023, dans le sud-est de l’Angleterre. (Leon Neal/Getty Images)

Le 28 mai, les ministres européens de la Défense se sont réunis à Bruxelles pour discuter de propositions visant à fournir à Kiev des instructeurs militaires occidentaux.

Selon le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, la réunion s’est achevée sans parvenir à un consensus sur la question.

« La question d’assurer une partie de la formation en Ukraine a fait l’objet d’un débat, mais aucune position européenne commune n’a été clairement définie », a déclaré M. Borrell à l’issue de la réunion.

Bien que l’UE gère déjà un programme de formation pour le personnel militaire ukrainien, ses activités sont actuellement limitées au territoire des États membres de l’Union.

Toutefois, selon un haut diplomate russe, Konstantin Gavrilov, des ressortissants français, polonais et baltes sont présents en Ukraine depuis le début du conflit début 2022.

« La France, les États baltes et la Pologne sont particulièrement zélés en ce qui concerne le déploiement potentiel de contingents nationaux en Ukraine », a déclaré M. Gavrilov à l’agence de presse russe TASS le 27 mai.

« Des citoyens de ces pays se battent pour l’Ukraine – en tant que mercenaires – depuis le tout début. »

Le lendemain, le président russe Vladimir Poutine a repris cette affirmation, déclarant que des « spécialistes » occidentaux étaient présents en Ukraine « en se faisant passer pour des mercenaires ».

« Ils sont là et essuient des pertes », a déclaré le dirigeant russe lors d’une visite d’État en Ouzbékistan, qu’ « il leur est de plus en plus difficile de dissimuler. »

Avec Reuters

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