De nouveaux heurts entre manifestants indigènes et la police ont eu lieu vendredi à Quito, au lendemain d’un appel à « radicaliser » les actions contre les réformes économiques du gouvernement de Lenin Moreno.
Au dixième jour d’une vague de contestation sociale sans précédent, des affrontements ont eu lieu entre protestataires et forces de l’ordre non loin du Parlement, qui avait été brièvement envahi mardi par des manifestants.
Des heurts ont également eu lieu dans d’autres points du centre de la capitale, quadrillée par la police et l’armée et dont l’activité est sévèrement entravée par ce mouvement social, inédit depuis 2007.
S’abritant derrière des planches, des hommes cagoulés ont lancé des pierres et fusées artisanales aux abords du Parlement en direction de la police, qui répliquait avec du gaz lacrymogène et avait déployé des véhicules anti-émeutes, ont constaté des journalistes de l’AFP.
« Assassins », criaient aux policiers les manifestants, bâtons en main et drapeau de l’Equateur sur les épaules, au milieu d’un épais nuage de fumée, alors qu’ils tentaient de se rassembler à l’Agora, siège de la Confédération des nationalités indigènes de l’Equateur (Conaie).
Cinq civils, dont un dirigeant indigène, ont trouvé la mort depuis le début des manifestations, et 554 personnes ont été blessés, selon les autorités. Près d’un millier ont été arrêtés. Des blessés ont été évacués par les manifestants sur des civières de fortune, ont constaté des photographes de l’AFP.
Le gouvernement n’a pour l’heure pas réagi à ce regain de violence.
Par ailleurs, un millier d’Indiens d’Amazonie, armés de lances, sont arrivés vendredi à Quito pour rejoindre la mobilisation des peuples autochtones dans la capitale. Un « autre groupe est en train d’arriver », a précisé à l’AFP Apawki Castro, porte-parole de la Conaie.
« Ici on viole les droits humains », a déclaré, en colère, Marlon Vargas, un dirigeant de ces communautés, dans une vidéo diffusée par la Conaie.
Confronté à la pire crise de son mandat, le président Lenin Moreno, élu en 2017, a transféré lundi le siège du gouvernement à Guayaquil. L’état d’urgence a été décrété pour 60 jours, tout comme un couvre-feu autour des institutions du pouvoir, afin que les forces armées puissent rétablir l’ordre.
Au total, 74.000 militaires et policiers ont été déployés.
Les indigènes, qui représentent 25% des 17,3 millions d’Equatoriens, exigent le maintien des subventions aux carburants, dont la suppression a fait bondir les prix à la pompe de plus de 100%.
Mais pour Lenin Moreno, libéral de 66 ans arrivé au pouvoir sous la bannière socialiste, difficile de revenir en arrière. Sa mesure, si impopulaire soit-elle, s’inscrit dans un accord conclu avec le FMI en échange d’un prêt de 4,2 milliards de dollars censé relancer l’économie.
Jeudi, la principale organisation indigène a rejeté le dialogue avec le gouvernement, appelant à « radicaliser les actions » de protestation contre la hausse du prix de l’essence.
Des blocages de routes et de puits pétroliers en Amazonie
Ce mouvement social, marqué par des blocages de routes et de puits pétroliers en Amazonie, des manifestations parfois violentes et des grèves, est inédit dans le petit pays andin depuis 2007.
Le 1er octobre, le président Lenin Moreno, élu sous l’étiquette socialiste, avait annoncé qu’il cessait de subventionner les carburants les moins chers et les plus utilisés dans le cadre d’un accord conclu avec le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit une aide de 4,2 milliards de dollars en échange de réformes.
Lenin Moreno accuse son prédécesseur Rafael Correa (2007-2017), ex-allié devenu adversaire politique, d’avoir « activé » un « plan de déstabilisation » avec l’aide du président vénézuélien Nicolas Maduro. Ces deux derniers ont nié. Pour le chef de l’Etat vénézuélien, les manifestations en Equateur sont une nouvelle « insurrection populaire » contre le FMI.
Washington a en revanche exprimé vendredi son soutien au chef de l’Etat équatorien. « Les Etats-Unis soutiennent les efforts du président Moreno et du gouvernement d’Equateur pour institutionnaliser les pratiques démocratiques et appliquer les réformes économiques nécessaires », a déclaré le secrétaire d’Etat Mike Pompeo dans un communiqué.
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