Équateur : quatre adolescents retrouvés morts, 16 militaires mis en détention pour « disparition forcée »

Par Epoch Times avec AFP
1 janvier 2025 10:00 Mis à jour: 1 janvier 2025 11:12

La justice équatorienne a ordonné mardi la détention provisoire de 16 soldats soupçonnés de la disparition forcée de quatre adolescents, dont les corps ont été retrouvés calcinés près d’une base militaire, dans une affaire qui choque le pays et inquiète les organisations internationales.

« Les résultats de l’expertise médico-légale confirment que les quatre corps retrouvés à Taura correspondent aux trois adolescents et à un enfant disparus après une opération militaire, le 8 décembre », a indiqué le parquet sur X dans la journée, mettant fin à l’incertitude sur le devenir des garçons, âgés de 11 à 15 ans et disparus depuis plus de trois semaines.

Des personnes manifestent contre la disparition de quatre mineurs disparus lors d’une opération militaire, devant le palais de justice de Guayaquil, en Équateur, le 31 décembre 2024, lors de l’audience de mise en accusation de 16 militaires possiblement impliqués dans la disparition. (MARCOS PIN/AFP via Getty Images)

Saul Arboleda, Steven Medina et les frères Josué et Ismael Arroyo étaient partis jouer au foot quand ils ont été arrêtés par des militaires le 8 décembre dans le secteur de Las Malvinas, au sud du port de Guayaquil, ville touchée par la violence du narcotrafic et où l’armée est déployée.

Le 24 décembre, découverte de quatre corps brûlés

Les militaires ont affirmé que peu de temps après les avoir arrêtés pour des soupçons de vol, ils avaient relâché les enfants en bonne santé. Ces derniers ne sont jamais rentrés chez eux.

Le 24 décembre, quatre corps brûlés ont été retrouvés dans une zone de mangrove près de la base de l’armée de l’air équatorienne, dans la ville de Taura, à la périphérie de Guayaquil.

Le crime de disparition forcée : jusqu’à 26 ans de prison

Un tribunal pénal équatorien a ordonné mardi la détention préventive des seize soldats qui font l’objet d’une enquête pour la « disparition forcée » présumée des mineurs.

Des personnes manifestent contre les 16 militaires présumés impliqués dans la disparition de quatre mineurs disparus au cours d’une opération militaire, devant le palais de justice de Guayaquil, en Équateur, le 31 décembre 2024, lors de l’audience de mise en accusation.(MARCOS PIN/AFP via Getty Images)

Ils avaient auparavant été mis aux arrêts dans une caserne sur décision des autorités militaires.

Le crime de disparition forcée est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 26 ans de prison, selon le code pénal équatorien.

Les seize soldats vont « entrer dans le système normal de privation de liberté, ce que ne sont pas les casernes », a indiqué Billy Navarrete, directeur exécutif du Comité de défense des droits de l’Homme de Guayaquil, qui accompagne les parents des quatre adolescents.

Le « facteur aggravant qu’est le décès » devra être pris en compte, a-t-il ajouté.

Émotion et colère dans tout le pays

Cette affaire a suscité une vive émotion en Équateur, où les ONG dénoncent de graves violations des droits de l’Homme sous le gouvernement de Daniel Noboa.

Des personnes manifestent contre la disparition de quatre mineurs disparus lors d’une opération militaire, devant le palais de justice de Guayaquil, en Équateur, le 31 décembre 2024, lors de l’audience de mise en accusation de 16 militaires impliqués potentiels dans la disparition. (MARCOS PIN/AFP via Getty Images)

Les agences de l’ONU et de l’Organisation des Etats américains ont exprimé leur inquiétude après la disparition des quatre mineurs.

Des dizaines de membres de la famille, de voisins et de militants des droits de l’Homme se sont rassemblés dans la matinée devant le palais de justice de Guayaquil.

« Noboa assassin », pouvait-on lire sur l’une des pancartes brandies par les manifestants.

Un manifestant tient une effigie du président équatorien Daniel Noboa lors d’une manifestation contre la disparition de quatre mineurs disparus au cours d’une opération militaire, devant le palais de justice de Guayaquil, en Équateur, le 31 décembre 2024, lors de l’audience de mise en accusation de 16 militaires possiblement impliqués. (MARCOS PIN/AFP via Getty Images)

La promesse du gouvernement de « ne dissimuler rien ni personne »

Le ministre équatorien de la Défense a promis lundi « toute la transparence » dans cette affaire. Convoqué devant une commission parlementaire sur l’enfance, Gian Carlo Loffredo a adressé un message aux parents des adolescents, s’engageant à « ne dissimuler rien ni personne ».

Le 23 décembre, le président Daniel Noboa avait dit avoir « ordonné l’intensification de toutes les actions nécessaires à la localisation des quatre enfants et pour trouver tous les responsables afin qu’ils répondent de leurs actes devant la justice et le pays ».

Le président équatorien Daniel Noboa (C), accompagné du ministre de la Défense Gian Carlo Loffredo (2e à gauche), du chef du commandement conjoint des forces armées, Jaime Vela (2e à droite), et d’autres membres du haut commandement militaire, assiste à une cérémonie militaire pour commémorer le 215e anniversaire du premier cri de l’indépendance au lycée militaire Eloy Alfaro à Quito, le 8 août 2024. (RODRIGO BUENDIA/AFP via Getty Images)

De graves violations des droits humains au nom de la lutte contre les gangs

Longtemps considéré comme un havre de paix entre la Colombie et le Pérou, principaux pays exportateurs de cocaïne, l’Équateur a vu la violence exploser ces dernières années, des bandes rivales liées aux cartels mexicains et colombiens s’affrontant pour prendre le contrôle du pays.

Daniel Noboa, qui cherche à être réélu en février, a déclaré en janvier un état d’urgence pour faire face, selon lui, au « conflit armé interne » ouvert par les gangs, déployant des militaires dans les rues.

Depuis, des organisations telles que Human Rights Watch (HRW) ont dénoncé de graves violations des droits humains.

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