Escapade incontournable à Kingston-upon-Hull en 2017

26 janvier 2017 03:24 Mis à jour: 29 janvier 2017 22:21

Les Britanniques sont décidément très forts quand il s’agit de rebondir. En 2003, un magazine décernait à Kingston-upon-Hull le titre peu glorieux de UK’s crappest town, soit la ville la plus nulle d’Angleterre, juste après Liverpool… Cinq ans plus tard, Liverpool portait fièrement l’étendard de Capitale européenne de la Culture et, en 2017, Kingston-upon-Hull sera the UK City of Culture, à la surprise des Anglais eux-mêmes ! Un titre mérité ?

La petite ville portuaire de Kingston-upon-Hull est plus connue par son diminutif Hull comme la désigne la compagnie Ferries P&O qui en a fait sa destination au départ de Rotterdam aux Pays-Bas ou de Zeebruges en Belgique. Rien de tel qu’une nuit sur le ferry pour aborder cette escapade en Grande-Bretagne. Une étape bien agréable, rythmée par le roulis du bateau, l’idéal comme transition pour passer d’un jour à l’autre à la conduite à gauche si vous optez pour une escapade motorisée.

Petit historique

En 2008, Liverpool a gagné le titre de Capitale européenne de la Culture. L’occasion d’une extraordinaire métamorphose pour la ville portuaire qui avait progressivement sombré dans le marasme économique et la violence urbaine. Inspiré par ce succès inattendu, le gouvernement anglais a décidé d’octroyer tous les quatre ans le même insigne à l’échelle du Royaume-Uni à une cité qui serait désignée sur base de candidatures volontaires. Après Londonderry en 2013, c’est Kingston-upon-Hull qui s’est réveillée un matin de 2013 future UK City of Culture 2017. Un titre qui en a surpris plus d’un au Royaume-Uni et qui, aujourd’hui, à l’avant-veille de l’événement, suscite bien des curiosités.

Porte d’entrée en Angleterre bien pratique pour partir à la découverte du Yorkshire, Hull se voit quotidiennement traversée, voire encombrée par le charroi des camions et des voitures qui empruntent le ferry, à l’aller comme au retour du continent. Lorsque le gouvernement décide d’accorder à la ville portuaire le titre quadriennal de Capitale de la Culture 2017, c’était lui donner l’opportunité de se faire enfin connaître comme destination en soi, version Escapade.

Les anciens docks qui firent la fortune du port abritent aujourd’hui les bateaux de plaisance de la marina. (Charles Mahaux)

C’est que la ville, stratégiquement située le long de l’estuaire du fleuve Humber, à une dizaine de kilomètres de la mer, a une longue histoire à découvrir, entre autres dans le Musée Maritime installé dans les prestigieux anciens bureaux portuaires. Hull était jadis une plaque tournante du commerce maritime et fluvial avec la Scandinavie, les ports baltiques et même l’Amérique. Ancien comptoir de la Hanse, la ville était spécialisée dans la pêche à la baleine. Plus tard, ses marchands se sont enrichis grâce au commerce triangulaire, quand les navires partaient chercher des esclaves sur les côtes africaines pour les emmener aux Antilles britanniques et revenir au pays chargés de tabac, de sucre, de café et de rhum. De quoi bâtir de belles fortunes qui vont redessiner la ville. Construits à l’embouchure de la rivière Hull sur le fleuve Humber, des docks appartenant aux armateurs sont prolongés par de belles maisons de briques rouges cernées de jardins. C’est dans cet ensemble remarquablement préservé que se sont installés plusieurs musées regroupés sous le nom de Museum Quarter, tous gratuits pour le plus grand plaisir des visiteurs.

Flâner dans un centre compact

La première maison-musée est celle qui vit naître et grandir William Wiberforce, un politicien philanthrope, méconnu de tous, de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Pourtant, il fut en Angleterre l’un des meneurs influents du mouvement abolitionniste. Profondément heurté par le juteux marché des esclaves qui entachait sa ville enrichie par les produits des plantations, un commerce qu’il considérait dépravé et immoral, il consacra 25 ans de sa vie à faire campagne pour l’abolition de la traite des nègres dans les colonies britanniques, cause gagnée en 1833, trois jours avant sa mort et une quinzaine d’années avant que le même décret ne soit signé en France.

Les familles se défouleront dans le Streetlife Museum consacré aux différents modes de transport du siècle dernier : wagons, tramway, bus scolaire, véhicule de pompiers et même une carriole aux allures de diligence où sitôt installés, les visiteurs y vivront, grâce à un programme virtuel, le peu de confort de ces véhicules de voyage ainsi que les bruits et les odeurs qui accompagnaient cette entreprise. On sort de cette visite convaincu que le trafic devait être infernal jadis dans les venelles pavées de Hull où transitaient à la fois des passagers et leurs malles, mais aussi des commerçants pressés et de nombreuses marchandises tractées par des mules ou des charrettes à bras. Plus didactique mais tout aussi intéressant, l’East Riding Museum retrace le passé historique de la région depuis la préhistoire jusqu’au Moyen Âge, visite animée par une muséographie particulièrement attrayante.

Le Fish Trail, un chemin de découverte de la vieille ville balisé par des gravures de poissons, permet une autre approche de Hull. Si l’ensemble de ses bâtisses historiques, pour la plupart de style géorgien, a été magistralement restauré, elle affiche cependant quelques audaces architecturales contemporaines qui s’intègrent harmonieusement dans cette composition de briques rouges, un matériau exploité depuis des siècles, car l’argile se récoltait directement sur les berges de la rivière Hull dont le nom signifie d’ailleurs en langue scandinave «boue». Le Princes Quay avec sa longue galerie marchande vitrée offre de très belles vues sur le quai envahi par les pubs et sur la place centrale du City Hall surmonté de coupoles dorées. Autre création moderne, le Deep, un aquarium qui posséderait un des plus profonds tunnels panoramiques sous-marins, il évoque par sa forme un iceberg érodé par la puissance des vagues.

Si la petite ville invite à la flânerie, elle est aussi connue pour ses pubs d’âge vénérable qui en font une tradition incontournable d’autant que les habitants sont ici particulièrement chaleureux, sans doute, disent-ils, parce que leur histoire singulière les a toujours tournés vers le monde. Indépendants, ils le sont et le manifestent entre autres avec leurs cabines de téléphone qui, ici et seulement ici, sont blanches et gérées par le City Council de Hull, non pas par le fameux British Telecom. C’est aussi à Hull que chaque été se tient en septembre le Freedom Festival qui accueille – pendant trois jours dans le monde de l’art, de la danse, du théâtre et de la musique – quelque 200 performances d’artistes originaires de 25 pays de quoi transformer le cœur de la ville en espace unique de streetlife déjantée ouvert à tous.

La Princess Street est bien connue pour son architecture de style géorgien avec son alignement de façades strictement symétriques. (Charles Mahaux)

Beverley, the place to be !

Déjà destination touristique au XIIe siècle pour sa situation au cœur d’un paysage de collines ondulantes et pour la richesse inattendue de son patrimoine religieux, la petite ville de Beverley est une excursion incontournable au départ de Hull, d’autant qu’un voyage en train d’un quart d’heure à peine suffit à joindre la petite cité dont la gare est à deux pas du centre. Impossible de s’y égarer, les flèches de son imposante église abbatiale attirent d’emblée le regard. Beverley Minster comme on l’appelle est un hommage des hommes à la gloire de leur dieu, une construction immense en style gothique anglais en forme de croix dont la taille impressionne dans une si petite bourgade. Quand les cloches sonnent à toute volée, elles donnent le ton à la communauté dont ses membres participent aux offices et s’y retrouvent ensuite autour d’un thé, comme le veut la tradition anglicane. Une seule rue principale traverse Beverley de part en part, d’une église à l’autre. L’église St-Mary, tout aussi gothique mais plus petite que sa consœur, vaut le détour pour sa richesse architecturale. Boutiques, pubs et restaurants se succèdent dans le centre tandis que les rues secondaires alignent des maisons basses en briques rouges toutes semblables et pourtant différentes avec leurs jardinets et chemins ouverts aux piétons pour leur permettre de couper au court. Une ambiance désuète de station de vacances qui séduit les citadins de Hull et le touriste de passage.

Infos pratiques

Y aller : La formule la plus agréable pour se rendre à Hull et poursuivre éventuellement vers le nord de l’Angleterre est d’embarquer à Zeebruges sur la côte belge avec la compagnie P&O Ferries qui offre un départ quotidien en début de soirée avec arrivée le lendemain matin. Tous les passagers voyagent en cabine avec sanitaires privés et outre différentes formules de restauration, d’autres activités (cinéma, piano-bar, magasinage, spectacles, etc.) sont proposées pour que chacun se sente en vacances dès qu’il est monté à bord. [www.POferries.com] ou +33 3 66 74 03 25

Programme de l’événement : l’année 2017 sera divisée autour de 4 thèmes associés aux 4 saisons. Pas moins de 4000 volontaires se sont déjà engagés pour accueillir les visiteurs et encadrer les activités. Pour sa première saison baptisée Made in Hull, on découvrira comment cette ville portuaire a pu inspirer de grandes idées et de grandes icônes. Le chapitre suivant, Roots and Routes, Hull s’affirmera encore plus la porte d’entrée vers le Royaume-Uni, mais aussi cité connectée vers le monde actuel. De juillet à septembre, avec Freedom, l’été célébrera la liberté comme plateforme ouverte aux créateurs et à l’imagination, aux conférenciers et aux débats centrés sur une même interprétation de l’émancipation tout en respectant une idée de justice sociale. Enfin Quirky, la dernière saison sera centrée sur tout ce qui fait l’originalité de Hull. [www.hull2017.co.uk]

Se loger : Sans hésiter le Holiday Inn Marina au bord de la Marina de Hull et à deux pas du centre de la vieille ville s’avère un excellent rapport qualité-prix www.holidayinn.com/hull. À Beverley, une auberge de jeunesse installée dans l’ancien monastère des frères Dominicains offre un lieu fabuleux pour s’y poser une nuit. [www.yha.org.uk/hostel/beverley-friary]

Boire et manger : L’offre est multiple et variée entre des lunchs légers faits maison (Liquid Jade petite oasis charmante au cœur du piétonnier) et des repas raffinés plus exotiques [www.1884wineandtapasbar.co.uk] toujours à prix doux. Quant aux pubs, ils sont légion, toujours conviviaux ils offrent de quoi se sustenter tout en savourant une pinte en compagnie d’un public étonnamment mixte, entre jeunes et moins jeunes, entre bandes d’amis et couples amoureux, toujours enclins à partager des histoires qui terminent en éclats de rire.

 

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.