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Escrime: Yannick Borel ravi Paris avec l’argent, sa première médaille olympique individuelle

juillet 29, 2024 6:41, Last Updated: juillet 29, 2024 6:43
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Faisant mentir l’atmosphère étouffante autour des épéistes français, Yannick Borel a ravi à Paris avec l’argent sa première médaille olympique individuelle. Un aboutissement à 35 ans pour le Guadeloupéen, constant et patient.

Le tireur massif, tutoyant le double mètre en hauteur (1,96m) sans manquer d’épaisseur, a fait déjouer un à un ses adversaires, jusqu’à tomber face au Japonais Koki Kano.

L’épée française ne quitte plus les finales olympiques. Succède à Romain Cannone, un tireur à l’âge quasi canonique, lui ayant permis de se détacher de mois de discordes.

A l’origine, après un débrief houleux en septembre, de la fronde contre l’ex-entraîneur de l’arme Hugues Obry, depuis démissionnaire, Yannick Borel a paru en être le moins affecté des trois mousquetaires rebelles. A en juger par les mots ou les initiatives de Romain Cannone ou Alexandre Bardenet.

« On ne peut pas s’éterniser sur un conflit », expliquait en avril de sa voix de basse le champion olympique par équipe de Rio, venu au yoga et ne buvant « plus une goutte d’alcool depuis des mois ». « La respiration, la méditation, sont des choses que je découvre et qui m’aident pour entretenir la machine. »

Il a réussi à mettre sa concentration sur la piste

« Il a réussi à mettre sa concentration sur la piste, et à faire abstraction du reste, et ça, franchement, c’est très construit de sa part. Il a montré ses capacités à rester calme, à ne pas tout mélanger », souligne auprès de l’AFP le champion du monde 2014 Ulrich Robeiri, qui l’entraîne dans son club de Levallois-Perret.

La sagesse est aussi technique à l’écouter: « Il pouvait avoir certains défauts le faisant sortir de sa compétition,  une certaine précipitation dans ses actions. »

« Il est capable de mettre des touches rapidement, facilement, sans trop préparer ses actions, mais il pouvait tomber dans sa caricature parfois », observe Robeiri.

Ayant presque déserté la structure fédérale de l’Insep pour « éviter justement de penser au conflit et éviter de ressasser ça en permanence », il paraît y être parvenu. Aidé sans doute par sa personnalité affable, illustrée par son sourire sur lequel tout paraît glisser.

Ses plus beaux millésimes paraissaient derrière lui, entre l’exercice 2016-2017 terminé à la première place au classement mondial puis le suivant celui de son titre mondial à Wuxi en Chine.

Sa fracture à un pied en début d’année 2023 ne l’a pas aidé. « J’ai encore des douleurs qui reviennent de temps en temps, que je soigne, livrait-il au printemps dernier. Je fais beaucoup de kiné. »

Une vengeance tardive lui garantissant une médaille

Longtemps le déchirement a été cette sortie d’entrée aux JO de Tokyo face à l’Egyptien Mohamed Elsayed, celui-là même qu’il a écarté avec autorité (15-9) en demi-finale dimanche, dans une vengeance tardive lui garantissant une médaille.

« Je me suis posé la question: est-ce que je reprends ou est-ce que je raccroche », avait livré le tireur tricolore un an après la « cicatrice encore à vif de Tokyo ». « Je ne pouvais pas rester sur cet échec-là donc je me suis remis en selle. »

La désillusion l’a alimenté en carburant: « tous les matins en me levant je pense à l’or olympique le 28 juillet », répète le natif de Pointe-à-Pitre depuis des mois.

Autre conséquence peu anodine, l’épisode nippon l’a libéré du statut d’unique leader de l’épée masculine française pesant sur ses épaules, aussi larges soient-elles. « L’effet Canonne a du bon sur lui parce qu’il est moins en haut de l’affiche, notait Hugues Obry avant la rupture. Quand il était champion du monde, on ne parlait que de lui. » Même sans l’or autour du cou, ça pourrait redevenir le cas après dimanche.

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