Espagne : découvrez cette ville unique, bâtie au cœur des grottes et des rochers : une harmonie entre environnement et rationalité

Par Michael Wing
3 août 2024 17:40 Mis à jour: 3 août 2024 17:40

Une magnifique rue ombragée serpente doucement le long d’une rivière, avec de part et d’autre des bodegas et des restaurants en pleine effervescence. Dans cette rue ombragée, sous un rocher escarpé qui surplombe mystérieusement les façades blanchies à la chaux, Espagnols et voyageurs se retrouvent dans la vaste ombre fraîche du mois d’août.

Cet étrange rocher est plus qu’un simple rocher : une falaise monolithique entière est suspendue au-dessus des maisons, semblant étreindre les établissements, à tel point qu’il est difficile de savoir comment les choses se sont déroulées : les boutiques ont-elles été construites entre les rochers ? Ou bien les rochers se sont-ils formés autour des boutiques ? Ces questions invitent à la découverte. Mais en regardant la rue animée et ombragée, on ne se demande pas pourquoi les Maures du XIIe siècle ont tenu bon dans cette merveilleuse enclave il y a des siècles.

L’ardent soleil andalou qui éclaire cette vaste étendue d’ombre pourrait bien répondre à toutes ces questions. Les premiers troglodytes qui sont arrivés ici, dans l’actuelle ville de Setenil de las Bodegas (3000 habitants), dans les sierras du sud de l’Espagne, ont probablement remarqué que les courbes rocheuses naturelles de la vallée n’offraient pas seulement des murs et des plafonds préfabriqués, mais aussi de l’ombre et des températures constantes. L’inertie thermique des rochers maintient les étés frais et les hivers chauds. Ils sont arrivés ici, naturellement, pour échapper au soleil brûlant. Ils ont trouvé un coin de fraîcheur et y ont élu domicile.

La rue appelée Calle Cuevas del Sol à Setenil de las Bodegas, en Espagne. (Mauro Rodrigues/Shutterstock)
Une rue de Setenil de las Bodegas. (Avillfoto/Shutterstock)

Aujourd’hui, la rue est un pôle d’attraction touristique, sans parler du rêve des blogueurs, bien que les rues étroites de la ville exigent de la créativité de la part des visiteurs voyageant en voiture, en particulier dans l’art de trouver une place de parking. La ville est une perle rare et mérite que l’on y passe la nuit. Des voyageurs du monde entier s’y rendent simplement pour voir les grottes blanchies à la chaux de cette ville andalouse, l’une des nombreuses villes blanchies à la chaux (et la plus célèbre) dans les collines environnantes.

La rue ombragée et animée s’appelle Calle Cuevas del Sol, ce qui signifie « grottes du soleil », et son histoire passionnante est à la hauteur de son puissant magnétisme touristique. Le nom de la ville, Setenil de las Bodegas, évoque la raison d’être de cette rue ombragée. Selon plusieurs traductions, ce nom signifierait « sept fois rien », en référence au nombre de fois où les envahisseurs ont tenté de conquérir la ville et n’ont rien obtenu.

Considérée comme une position stratégique importante, la ville a été tenue par les Maures du califat almohade au XIIe siècle. Les envahisseurs catholiques venus du nord ont mené leur premier siège de la ville en 1407, sans succès. Six autres assauts ont suivi, jusqu’à ce que les Maures soient finalement chassés en 1484 grâce à l’utilisation de la poudre à canon et de l’artillerie. La rue appelée « Caves du soleil » était utilisée pour garder les produits au frais dans le climat chaud de l’Andalousie. Elle a peut-être contribué à la défense de la ville.

Panorama de Setenil de las Bodegas. (Juan Pedro Pena/Shutterstock)
Les clients des établissements de la Calle Cuevas del Sol profitent du plein air à Setenil de las Bodegas. (Atapialopez28/Shutterstock)

Setenil était l’une des dernières places fortes musulmanes de la péninsule ibérique, et l’un des derniers vestiges des défenses des Maures à Setenil peut encore être visité aujourd’hui. Les ruines du château de Nazari, qui se dresse sur une falaise, ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Il s’enorgueillissait autrefois de 40 tours pendant la Reconquista catholique contre l’expansion maure, mais aujourd’hui, vous pouvez contempler les pierres croulantes d’une seule d’entre elles.

L’agriculture est depuis longtemps une tradition andalouse. Après avoir repris la région, les catholiques ont introduit le raisin pour le vin, les amandes et les vergers d’oliviers pour l’huile. Une autre traduction du nom de la ville, Setenil de las Bodegas, indique que le vin fait partie des produits de la région. Mais les caves florissantes, ou bodegas, ont été entièrement détruites par l’infestation du phylloxéra dans les années 1860. Cependant, la culture des oliviers s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui.

Rues de Setenil de las Bodegas. (à g. : elRoce/Shutterstock ; à d. : Francois Lariviere/Shutterstock)
Vue de Setenil de las Bodegas. (essevu/Shutterstock)
Des habitations troglodytes bordent la rivière. (Stefano Zaccaria/Shutterstock)

L’une des caractéristiques les plus remarquables de la ville, outre ses habitations troglodytes, est le badigeon que l’on retrouve si souvent dans les villes du sud de l’Espagne. Les Maures ont également laissé cet héritage, en badigeonnant les murs du village avec du lait de chaux, appelé « cal », un composé de chaux éteinte. La chaux réfléchit la lumière du soleil, ce qui permet aux habitations de rester fraîches pendant les étés brûlants d’Andalousie.

On dit aussi que la peste n’est pas étrangère à l’application de cette teinte pâle. Lorsque le choléra et la fièvre jaune ont balayé le sud de l’Espagne entre le XVIe et le XIXe siècle, le cal a été peint sur les maisons à la suite de l’épidémie.

Aujourd’hui, cette magnifique rue à l’ombre est très vivante. Les habitants et les étrangers se mêlent et se rencontrent, fréquentant les bodegas et les restaurants tout au long de la Calle Cuevas del Sol, s’abritant de la pluie et du soleil. La tradition locale consiste à sortir une chaise dans la rue et, à l’ombre fraîche, entamer une conversation joyeuse avec un voisin, un ami ou un voyageur.

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