EUROPE

Espagne: le financier britannique critique du Kremlin brièvement arrêté (police)

mai 30, 2018 13:17, Last Updated: mai 30, 2018 13:17
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William Browder, investisseur britannique critique du Kremlin et ex-patron du juriste Sergueï Magnitski mort en 2009 dans une prison russe, a été arrêté brièvement mercredi en Espagne, alors que la confusion régnait autour d’un « mandat » d’arrêt qui n’a jamais existé selon Interpol. « William Browder avait été transféré vers un commissariat parce qu’il y avait un mandat d’arrêt de (l’organisation internationale de police criminelle) Interpol à son nom, mais il s’est révélé que ce mandat d’arrêt n’était plus en vigueur. Il a donc été laissé en liberté », a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police.

Ce porte-parole a affirmé qu’« un mandat d’arrêt caduc doit être effacé du programme informatique, mais que dans ce cas, Interpol ne l’avait pas effacé ». Mais contacté par l’AFP à son siège de Lyon en France, Interpol a assuré que M. Browder n’avait jamais été placé sur la liste des personnes recherchées. « Il n’y a pas et qu’il n’y a jamais eu de notice rouge » à l’encontre de M. Browder, a assuré l’organisation.

William Browder avait lui-même annoncé son arrestation dans la matinée sur Twitter. « Urgent: je viens d’être arrêté par la police espagnole à Madrid en application d’un mandat d’arrêt Interpol à la demande de la Russie », avait-il écrit. Patron du fonds d’investissement Hermitage Capital, M. Browder a ensuite annoncé sa remise en liberté par un tweet, en assurant que « le secrétaire général d’Interpol à Lyon avait avisé les policiers de ne pas appliquer la nouvelle notice rouge présentée par la Russie« .

« C’est la sixième fois que la Russie abuse d’Interpol dans mon cas », a-t-il soutenu, avant d’indiquer qu’il était en Espagne pour donner des informations au procureur anti-corruption Jose Grinda « au sujet de l’énorme masse d’argent de l’affaire Magnitski étant parvenue en Espagne ». M. Browder, qui vit à l’étranger et refuse de revenir en Russie, avait été condamné le 29 décembre 2017 par contumace à une peine de neuf ans de camp par un tribunal de Moscou, après avoir été reconnu coupable de « faillite délibérée » et d’« évasion fiscale ».

Il avait déjà été condamné auparavant par contumace à neuf ans de camp en 2013 par le même tribunal pour « évasion fiscale à grande échelle en bande organisée ». Son ex-employé, le défunt juriste russe Sergueï Magnitski, était devenu un symbole de la lutte contre la corruption dans son pays. Arrêté en 2008 après avoir dénoncé une vaste machination financière ourdie, selon lui, par des responsables de la police et du fisc au détriment de l’Etat russe et de Hermitage Capital, Magnitski était mort en 2009 en prison à l’âge de 37 ans, après avoir été battu et privé intentionnellement de soins, selon une expertise sans effet juridique.

William Browder fait depuis campagne pour que des sanctions internationales soient prises contre les personnes impliquées dans la mort du juriste, qui n’ont pas été inquiétées par la justice russe. Les Etats-Unis avaient voté en 2012 une loi en mémoire de Magnitski ouvrant la voie à des sanctions contre des personnes impliquées d’une manière ou d’une autre dans cette affaire, ce qui avait déclenché une grave crise diplomatique entre Washington et Moscou. Les députés britanniques ont approuvé à leur tour début mai un « amendement Magnitski », autorisant l’imposition de sanctions à l’encontre de personnes coupables de violations des droits de l’homme, et inspiré de cette affaire.

DC avec AFP

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