Le nouveau gouvernement du socialiste espagnol Pedro Sanchez, entré en fonctions lundi, a pour principal défi de tenter de trouver une solution à la crise en Catalogne, où il a accepté de mener une négociation controversée avec les indépendantistes.
Cette négociation était la condition sine qua non pour que le parti séparatiste ERC s’abstienne la semaine dernière lors d’un vote de confiance à la chambre des députés pour que M. Sanchez, arrivé au pouvoir en juin 2018, puisse être reconduit.
Après d’âpres négociations avec ERC, les socialistes ont accepté que des discussions se tiennent très prochainement entre le gouvernement central et le gouvernement régional contrôlé par les séparatistes pour « débloquer et canaliser le conflit politique sur l’avenir de la Catalogne ».
Un vote des Catalans sur les éventuels accords issus de ces négociations est prévu.
« La question catalane a été le principal problème depuis cinq ou six ans en Espagne et c’est la première fois que quelqu’un décide de l’aborder par la négociation », souligne le politologue Ernesto Pascual de l’Université ouverte de Catalogne.
Des milliers d’Espagnols manifestent contre le #gouvernement de Pedro Sanchez#Vox #Madrid #Espagne ?? pic.twitter.com/Pz5h4v3c9X
— RT France (@RTenfrancais) January 12, 2020
La grande interrogation porte toutefois sur la portée de ces discussions, les positions des deux parties étant diamétralement opposées.
Les indépendantistes veulent aborder la question d’un référendum d’autodétermination et celle de l’amnistie de leurs dirigeants emprisonnés ou ayant fui à l’étranger après la tentative de sécession de 2017.
Mais les socialistes ont déjà assuré qu’un tel référendum en Catalogne était purement et simplement impossible.
L’accord entre le PSOE et ERC évoque un « dialogue ouvert sur toutes les propositions présentées » mais souligne que le résultat de la discussion devra rentrer dans « l’ordre juridique et démocratique » et donc respecter la Constitution.
Or, « un référendum d’autodétermination en Catalogne n’est pas possible dans le cadre de la Constitution espagnole », insiste le professeur de droit constitutionnel Xavier Arbós. « Nous ne verrons pas un référendum comme celui qui a eu lien en Ecosse » en 2014, abonde l’historien et analyste politique Joan Esculies.
Réformer la Constitution pour inclure la possibilité d’un tel vote nécessiterait une majorité qualifiée inatteignable de toute façon en raison du refus des grands partis, dont les socialistes.
Pour Joan Esculies, il est donc plus probable que la discussion débouche « sur un accord pour clarifier et graver dans le marbre les compétences de la région, qui accorderait à la Catalogne une place particulière en Espagne ».
La riche région du nord-est du pays dispose déjà de larges compétences en matière de santé, d’éducation et même de maintien de l’ordre mais une partie de sa population accuse l’Etat de ne pas y investir assez et veut protéger encore plus la langue et la culture catalanes.
Selon un récent sondage du gouvernement régional, la question de l’indépendance divise la Catalogne, 47,9% y étant défavorables et 43,7% favorables.
L’Espagne a enfin un président du gouvernement. Felicidades @sanchezcastejon https://t.co/z2I917LLIi
— Norma Mével Pla (@NormaMevPla) January 7, 2020
Quoi qu’il en soit, dans le contexte actuel tendu, où des manifestations parfois violentes ont eu lieu en Catalogne en octobre, toute concession aux indépendantistes sera durement attaqué par la droite et l’extrême droite de Vox qui accusent déjà M. Sanchez de « trahison » pour s’être maintenu au pouvoir grâce à l’abstention d’ERC.
Un accord attribuant plus de compétences à la région sera sans aucun doute attaqué devant le Tribunal Constitutionnel par ces formations. Les conservateurs l’avaient déjà fait en 2006 contre le statut d’autonomie de la Catalogne dont une partie avait finalement été retoquée par cette instance.
« Et si tel était le cas, cela provoquerait une frustration similaire » en Catalogne à celle d’alors qui avait nourri le mouvement indépendantiste, juge M. Arbos.
Mais l’opposition de droite n’est pas la seule en embuscade, la négociation promise à ERC par M. Sanchez a été critiquée au sein même du mouvement indépendantiste par le parti de Carles Puigdemont, président catalan déchu après la tentative de sécession, et grand rival d’ERC.
Cette négociation « est un long processus qui passera par des phases de rapprochement, d’éloignement voire de rupture. Mais au moins, c’est un premier pas », estime Joan Esculies.
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