Plusieurs personnes, dont l’ancien PDG Jean-Louis Baillot, ont interjeté appel de leur condamnation lors du procès d’Ikea France pour avoir espionné des centaines de salariés, a-t-on appris mardi auprès du parquet de Versailles.
En première instance le 15 juin, et à l’issue de débats parfois houleux, la filiale française du géant de l’ameublement et M. Baillot avaient été respectivement condamnés à un million d’euros d’amende et à deux ans de prison avec sursis et 50.000 euros d’amende.
Jean-Louis Baillot a interjeté appel de la décision qui le reconnaissait notamment coupable de « recel de collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux », pour des faits majoritairement commis autour des années 2009-2012.
Son successeur, Stefan Vanoverbeke (2010-2015), avait été relaxé comme l’avait demandé la procureure, notant qu’il n’y avait pas « d’élément matériel » pour l’incriminer.
D’autres personnes ont également fait appel, parmi lesquelles le directeur administratif et financier de l’époque, Dariusz Rychert, ainsi que l’ex-directrice adjointe Sylvie Weber, tous deux condamnés à un an d’emprisonnement avec sursis et 10.000 euros d’amende, a poursuivi le parquet de Versailles.
Jean-Pierre Fourès, qui dirigeait la société d’investigations privée sollicitée par l’ancien « Monsieur Sécurité » d’Ikea France pour obtenir des renseignements confidentiels et qui a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 20.000 euros d’amende, conteste également la décision.
Un directeur de magasin et l’ancienne directrice des ressources humaines ont aussi fait appel de leur condamnation.
Ikea France avait comparu à partir de mars 2021 aux côtés de quinze prévenus, anciens dirigeants de l’entreprise, directeurs de magasins, fonctionnaires de police – dont trois condamnés à six mois de prison avec sursis – et du patron de la société d’investigations privée.
La décision du tribunal avait suscité des réactions mitigées chez les quelque 120 parties civiles, parmi lesquelles de nombreux syndicats. Certaines s’étaient réjouies que ces condamnations « montrent que le patronat ne peut pas tout faire en France », comme l’ancien délégué Force ouvrière (FO) Adel Amara, d’autres les ont jugées insuffisantes.
Le tribunal avait également contraint Ikea France à les indemniser par des dommages et intérêts compris entre 1.000 et 10.000 euros pour chacune d’entre elles.
Dans cette vaste affaire qualifiée d’espionnage par la presse puis instruite à partir de 2012, Ikea France et ses dirigeants de l’époque étaient accusés de s’être illégalement renseignés sur les antécédents judiciaires, train de vie ou patrimoine de certains salariés via la société « en conseil des affaires » Eirpace, qui aurait pioché ces données confidentielles dans des fichiers de police.
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