Essonne : pour punir les élèves ayant triché, un établissement scolaire les enferme plusieurs heures dans une pièce de 3m2

Par Paul Tourège
23 janvier 2020 17:54 Mis à jour: 23 janvier 2020 17:55

En cas de tricherie, les élèves de l’Institut Saint-Louis Saint-Clément doivent passer une journée et demie enfermés dans « une pièce de 3 mètres carrés, sans fenêtre, avec des chaises, une table et quelques cartons ».

D’après les journalistes du Parisien, l’Institut privé catholique Saint-Louis Saint-Clément de Viry-Châtillon aurait mis en place un dispositif particulier pour sanctionner les élèves coupables de tricherie.

S’appuyant sur une note de la direction adressée aux parents d’élèves que les journalistes du quotidien affirment avoir été en mesure de consulter, Le Parisien explique que les élèves concernés sont enfermés seuls pendant une journée et demie dans un parloir de l’établissement.

Privés de récréation et de téléphone portable, ils disposent de deux pauses toilettes et d’une pause déjeuner en solitaire. Les demi-pensionnaires ont le droit d’aller chercher un plateau repas, tandis que les externes doivent apporter un sandwich.

« Il y a deux parloirs, un petit et un plus grand. Le plus petit, c’est une pièce de 3 mètres carrés, sans fenêtre, avec des chaises, une table et quelques cartons. On y reste de 8h45 à 16h45 seul, sans pouvoir sortir », a déclaré un lycéen ayant fait les frais du dispositif dans les colonnes du Parisien.

« Être enfermée entre les quatre murs blancs d’un débarras, ça rend fou. J’ouvrais la porte pour avoir un peu d’air, mais on me la refermait. J’avais l’impression d’être dans un asile ou en prison », témoigne une autre élève.

« C’est quand même dur psychologiquement. Surtout pour une suspicion de triche », renchérit un autre pensionnaire de l’établissement.

Outre ces trois demi-journées passées dans un parloir, les contrevenants font également l’objet d’un rapport de fraude. « Le surveillant prend en photo notre téléphone ou notre main en cas de triche, par exemple », confie un élève.

Un nouveau directeur depuis la rentrée 2019

Jointe par les journalistes du Parisien, l’Association des parents d’élèves de l’enseignement libre (Apel) de l’Essonne – qui représente les parents des établissements catholiques – estime que la punition est « inadmissible » et « digne du XIXe siècle ».

« Je suis abasourdi. Beaucoup de parents se plaignent du nouveau directeur [Christophe Robuchon-Lee, ndlr] depuis la rentrée. Mettre les enfants dans un parloir est inacceptable », souligne Patrick Delcroix, président de l’Apel de l’Essonne.

Certains membres de l’établissement scolaire approuvent néanmoins cette sanction disciplinaire.

« On a énormément de tricheries, de plus en plus. Pour moi, la sanction est adaptée. Cela permet à l’élève de réfléchir. Il faut savoir que cela devient un réel problème », estime un professeur d’histoire cité par RTL.

« Le parloir permet aux élèves de s’avancer sur leurs cours et surtout de réfléchir. Ça permet aussi de les dissuader de tricher la prochaine fois », assure un lycéen interrogé par les journalistes de BFMTV.

Arrivé à la tête de l’établissement Saint-Louis Saint-Clément en septembre 2019 après avoir été nommé par le diocèse du département, Christophe Robuchon-Lee aurait intégré la punition au règlement intérieur sous la forme d’un avenant selon Le Parisien.

Le quotidien précise que la direction de l’établissement scolaire aurait justifié cette mesure dans un courrier adressé aux parents d’élèves en mettant en avant des tentatives de tricherie régulières.

Si le règlement de l’Éducation nationale stipule qu’une sanction doit être définie selon la gravité de la faute commise, elle laisse toutefois au chef d’établissement le soin d’apprécier cette gradation.

« On a bien plus de devoirs et d’examens qu’ailleurs, beaucoup trichent à cause de ça, même si ça n’excuse rien », observe un élève.

« Ce lycée est un tremplin pour les classes préparatoires, le rythme est donc très soutenu », poursuit un autre.

Contactée par Le Parisien, l’inspection académique de Versailles n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Le responsable diocésain n’a pour sa part pas donné suite aux sollicitations des journalistes du quotidien.

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