Le volcan Nyiragongo, surplombant Goma dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), est entré en éruption samedi soir, poussant de nombreux habitants paniqués à fuir cette ville.
Depuis le début de soirée, des lueurs rougeoyantes s’échappent du cratère et une odeur de souffre est perceptible dans Goma, située sur le flanc Sud du volcan, sur les rives du lac Kivu, selon un correspondant de l’AFP.
Aucune coulée de lave n’était visible de la ville, ni tremblement de terre ressenti. Cela n’a pas empêché des mouvements de panique dans la ville même, ses habitants rentrant chez eux précipitamment et observant avec inquiétude le cratère au loin dans la nuit.
« Le ciel est devenu rouge. Il y a une odeur de souffre. Au loin, on observe des flammes géantes sortir de la montagne. Mais il n’y a pas de tremblement de terre. Puis les sirènes n’ont pas hurlé jusque-là », a raconté au téléphone à l’AFP une habitante de Goma, Carine Mbala.
« Suivre les orientations de la protection civile »
Dans un message enregistré et diffusé sur les radios locales et les réseaux sociaux, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu a « confirmé l’éruption du volcan Nyiragongo depuis ce 22 mai vers 19H00 » heure locale.
« Les investigations sont en cours et la population doit suivre les orientations de la protection civile », a déclaré le général Constant Ndima, appelant au « calme ».
« Nous allons donner de plus amples explications à la population pour la canaliser vers les directions où elle sera en sécurité », a ajouté le gouverneur, chargé de la gestion de la province depuis l’instauration de l’état de siège dans la région le 6 mai pour lutter contre les groupes armés.
L’électricité a été coupée dans une grande partie de la ville et des centaines d’habitants, souvent en famille, se dirigeaient à pied, à moto ou en voiture vers la frontière rwandaise toute proche.
« Les gens partent ou se préparent à partir », a déclaré un autre habitant, tandis que ne cessait de grossir le flot des gens en fuite, matelas sur la tête, colis et enfants dans les bras, voitures klaxonnant. La population prenait la direction du poste-frontière avec le Rwanda, dans la partie sud de la ville, ou la route de l’ouest vers Sake, vers la région congolaise du Masisi. Goma jouxte directement la frontière et la « grande barrière », le poste frontière entre les deux pays, est situé dans le sud même de la ville.
« Je prends les enfants et on monte dans la voiture, il y a un risque que la coulée vienne sur Goma, on ne sait jamais », a expliqué un autre habitant.
Un hélicoptère onusien a « mené un vol de reconnaissance »
Selon un document interne de la mission de l’ONU en RDC (Monusco), dont l’AFP a eu copie, un hélicoptère onusien a « mené un vol de reconnaissance au dessus de la zone et a confirmé des activités d’éruption sur le Nyiragongo ».
« Cependant, la coulée de lave se dirige vers le Rwanda. La ville de Goma et ses environs sont à l’abri ».
Goma abrite un important contingent de Casques bleus et de nombreux membres du personnel de la Monusco. Elle est aussi la base de nombreuses ONG et organisations internationales.
Selon un habitant de Goma, deux avions ont décollé dans la soirée de l’aéroport situé en pleine ville, habituellement sans activité aérienne le soir.
« Chaque personne dans la ville sait comment se comporter pendant l’éruption. (…) Il ne faut pas paniquer », a déclaré sur les radios locales Joseph Makundi, le coordonnateur de la protection civile au Nord Kivu.
« La première chose à faire pour chaque maman est de rassembler ses enfants, prendre les objets nécessaires, notamment carte d’identité, diplômes et actes de propriété. Prendre également un peu de nourriture voir ou aller », a-t-il dit. « Nous vous en avons déjà beaucoup parlé, vous savez comment sortir de la ville ».
Goma surveille la direction de la lave
Pour l’instant, l’Observatoire volcanologique de Goma surveille la direction de la lave et il s’avérait que celle-ci était le Rwanda pour l’instant.
La précédente éruption majeure du Nyiragongo remonte au 17 janvier 2002. Elle avait causé la mort de plus de cent personnes, couvrant de lave quasiment toute la partie est de Goma, y compris la moitié de la piste de l’aéroport. Celle-ci s’était alors lentement écoulée vers la ville, qu’elle avait littéralement coupée en deux pour se déverser dans les eaux du lac Kivu.
L’éruption la plus meurtrière, en 1977, a fait plus de 600 morts.
Située dans la province du Nord-Kivu, voisine aussi de l’Ouganda, la région de Goma est une zone d’intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres.
« Eruptions douces »
Une des caractéristiques de ces deux volcans ce sont les « éruptions douces », relativement fréquentes, des flux de lave s’écoulant par les flancs et non par une explosion dans le cratère. Ce fut le cas au moment de l’éruption de janvier 2002.
Selon une source au sein des autorités du parc national des Virungas, où sont situés le Nyiragongo et le Nyamuragira, voisins de quelques kilomètres, il s’agit d’« une éruption douce dans une des failles sur le flanc nord-est ».
De la lave s’écoulerait vers la localité de Kibumba, à quelques kilomètres au nord de Goma, en direction de la frontière du Rwanda, tandis que la ligne électrique de la centrale de Matebe a été coupée.
Dans un rapport daté du 10 mai, l’Observatoire volcanologique de Goma avertissait que « l’activité séismo-volcanique au niveau du Nyiragongo » avait « augmenté », méritant « une attention particulière de surveillance ».
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