Le maire LR de Nice Christian Estrosi a lancé un pavé dans la mare en appelant la droite à passer un accord avec Emmanuel Macron pour 2022, au grand dam des Républicains qui cherchent toujours leur candidat.
« Pour ne pas gâcher tous les talents de la droite, passons un accord avec Emmanuel Macron pour qu’il soit notre candidat commun à la présidentielle et que ceux-ci puissent participer au redressement de notre pays », a proposé M. Estrosi dans le Figaro paru lundi 31 août au soir.
Même si l’appel de l’ancien ministre sarkozyste est assorti de « conditions », il a été fraîchement reçu par la droite qui organise sa grande rentrée vendredi et samedi au Port-Marly. « Je trouve ça totalement misérable », a affirmé le numéro 3 des Républicains Aurélien Pradié, en accusant le maire de Nice de « se vendre au plus offrant ».
« Christian Estrosi se trompe de combat », a estimé dans Le Parisien le patron des députés LR Damien Abad selon qui « il faut un candidat de la droite à la présidentielle parce que les Français ont besoin d’une alternance politique, on ne peut pas s’enfermer dans un duel Macron-Le Pen un an et demi avant la présidentielle ».
« La France a besoin de nos valeurs et de nos convictions. Si nous ne les défendons pas (…) nous serons mangés par les deux bouts, entre le RN et LREM », a tweeté l’eurodéputée Agnès Evren.
Soyons nous-même. Nous n’avons aucune honte à avoir : la France a besoin de nos valeurs et de nos convictions.
Si nous ne les défendons pas, elles seront reprises et trahies par d’autres. 2/3— Agnes Evren (@AgnesEvren) September 1, 2020
Nous serons « mangés » par les deux bouts, entre le RN et LREM dont on sait que ni l’un, ni l’autre ne représentent un choix complet et solide pour la France. 3/3@lesRepublicains
— Agnes Evren (@AgnesEvren) September 1, 2020
« On tend la main à toutes les bonnes volontés »
Le rétrécissement de l’espace politique de la droite, entre l’exécutif empiétant sur son programme et captant son électorat, et certains au RN appelant à une « union des droites », est à l’œuvre depuis 2017.
« On tend la main à toutes les bonnes volontés », a affirmé mardi 1er septembre le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Le RN a lui raillé « la mort cérébrale » des Républicains : le parti « est désormais de trop ! », selon le numéro 2 du RN Jordan Bardella.
Christian Estrosi a justifié son appel par le fait qu’« il existe beaucoup de talents chez nous mais, soyons honnêtes, aucun d’entre nous ne s’impose pour concourir à la présidentielle ». Le maire de LR de Nice est certes souvent présenté comme « Macron-compatible », mais sa critique touche un point sensible, alors que LR n’a encore tranché ni sur le nom de son candidat ni sur le mode de désignation – les divergences sont apparues samedi aux universités d’été de LR à La Baule sur l’idée d’une primaire.
Christian Estrosi: «Passons un accord avec Emmanuel Macron». La droite ? Quelle droite ? https://t.co/npzOxOHd2z
— Louis Aliot (@louis_aliot) September 1, 2020
Une « situation d’urgence »
Le nom le plus fréquemment évoqué est celui de François Baroin, qui a le soutien de Christian Jacob. Mais le président de l’AMF ne clarifiera ses intentions qu’à l’automne.
Dans l’intervalle, d’autres posent des jalons, de Xavier Bertrand (le président ex-LR des Hauts-de-France) à Bruno Retailleau (le président des sénateurs LR) en passant par Valérie Pécresse (la présidente ex-LR de l’Ile-de-France).
Une multiplication de « semi-candidatures » qui entraîne un « trouble » chez les électeurs, selon le politologue Pascal Perrineau. Selon un sondage Ifop paru lundi, le candidat préféré des sympathisants LR en 2022 serait Édouard Philippe (22%), devant François Baroin (21%), Xavier Bertrand (18%) et Valérie Pécresse (15%).
« Tant que la droite n’est pas en ordre de bataille à la fois sur le candidat et la procédure, c’est compliqué pour un électeur de droite de ne pas continuer à hésiter », ajoute M. Perrineau pour qui la droite va « être dans une situation d’urgence ». Plusieurs responsables de LR ont appelé à « ne pas griller les étapes » et attendre l’après régionales pour trancher sur le candidat.
Une stratégie compliquée, selon M. Perrineau : « C’est vrai qu’ils peuvent capitaliser sur une éventuelle bonne performance aux régionales et qu’il y a un risque d’usure à sortir trop tôt du bois. Mais l’électorat est en déshérence de leader et, peu à peu, cet attrait pour Emmanuel Macron peut se traduire en véritable vote ».
« Les électeurs préféreront toujours l’original à la copie »
Avec la nomination d’un Premier ministre LR et une priorité donnée aux sujets sécuritaires, « on voit bien que le président est dans une stratégie de rendre cohérent son soutien de droite », affirme le politologue.
À droite, le danger est bien senti et les attaques se sont multipliées ces derniers jours sur les thèmes sécuritaires. « Nous n’avons aucune chance si nous faisons du sous-Macron », a averti samedi M. Retailleau dans Le Parisien : « Les électeurs préféreront toujours l’original à la copie ».
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