Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a envoyé une lettre à la présidence allemande de l’UE, menaçant d’opposer son veto au budget européen suite à un accord conclu jeudi pour priver de fonds européens les pays membres qui violent l’Etat de droit, a indiqué dimanche le site d’information mandiner.hu.
« Bien que la Hongrie soit engagée en faveur de la coopération, à la vue des derniers développements, elle ne peut pas fournir l’unanimité requise pour le paquet (de mesures) adopté en juillet » sur le budget européen 2021-2027, ainsi que le plan de relance post-Covid qui s’adosse à ce budget, indique ce courrier envoyé à l’Allemagne, qui occupe la présidence tournante de l’UE, à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et au président du conseil européen Charles Michel, et cité par le site hongrois.
Interrogé par l’AFP sur cette lettre, le gouvernement hongrois n’a pas répondu.
Priver de fonds européens
Le Parlement européen et l’Allemagne, qui négociait au nom des Vingt-sept, se sont entendus jeudi sur un mécanisme pour priver de fonds européens les pays membres qui violent l’Etat de droit, ouvrant la voie au déblocage du budget européen.
Selon cet accord provisoire, le futur budget intégrera un mécanisme inédit conditionnant l’attribution de financements au respect des principes de l’État de droit (indépendance de la justice, liberté de la presse…).
C’était une exigence cruciale des eurodéputés, engagés dans d’âpres négociations budgétaires avec les Etats, après le sommet de juillet et l’accord entre les Vingt-Sept sur le budget européen 2021-2027 de 1.074 milliards d’euros, et le plan de relance post-Covid de 750 milliards d’euros qui y est adossé.
Hostilité au mécanisme de sanction
Mais selon mandiner.hu, Viktor Orban a estimé que « le mécanisme de sanction proposé est basé sur des définitions légales vagues », qui créent notamment « des occasions d’abus politiques », et que « si cela reste le cas, le gouvernement hongrois n’a pas d’autres choix que de rejeter les autres éléments du paquet de mesures ».
L’Allemagne avait fait voter fin septembre par une majorité d’Etats membres un compromis sur l’Etat de droit. Mais neuf Etats avaient voté contre, dont la Hongrie et la Pologne, dans le collimateur de Bruxelles pour des réformes accusées de saper l’indépendance de la justice.
Varsovie et Budapest ont rapidement réitéré leur farouche hostilité à ce mécanisme, menaçant d’opposer leur veto au budget européen.
Les deux pays refusent actuellement leur feu vert à une décision permettant à l’UE de s’endetter pour financer le plan de relance, retardant le processus de ratification par les parlements nationaux.
Le budget de l’UE nécessite le feu vert des eurodéputés ainsi que des Etats à l’unanimité.
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