La question clé à la suite de la récente rencontre en Argentine entre le président américain Donald Trump et le dirigeant chinois Xi Jinping n’est pas simplement de savoir s’il y aura un accord pour lever les tarifs douaniers et pour désamorcer la guerre commerciale États-Unis–Chine, mais aussi quelles en seront les conditions.
Les responsables chinois se livrent depuis longtemps à une campagne de propagande pour se présenter comme la partie lésée, en présentant Trump comme agresseur injuste et protectionniste qui empiète de manière inappropriée sur les prérogatives de la politique intérieure chinoise. Si l’on peut s’attendre à ce que le régime chinois tente ainsi d’enjoliver leur mercantilisme flagrant, il est décevant de constater que de nombreux commentateurs et leaders d’opinion occidentaux semblent avoir été pris au piège de cette ruse.
C’est le cas, par exemple, d’un récent éditorial du Washington Post publié par Lawrence Summers, ancien secrétaire au Trésor dans l’administration de l’ex-président américain Bill Clinton, dans lequel il suggère de renoncer à faire pression sur la Chine afin qu’elle introduise des réformes systémiques et de se concentrer plutôt sur des « objectifs réalisables » par rapport aux demandes des États-Unis.
M. Summers a été l’un des principaux partisans de l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il devrait donc être offensé plutôt qu’indulgent face au mercantilisme de ce pays. Une attitude indulgente envers la Chine a été l’aspect déplorable des relations américano-chinoises, bien documentée par Stewart Patterson dans son excellent nouveau livre China, Trade and Power.
Pourtant, M. Summers soutient « qu’il est aussi facile de comprendre les dirigeants chinois qui insistent sur le fait que c’est à la Chine de choisir son système politique et que les négociations économiques devraient se concentrer sur l’identification pragmatique des opportunités gagnant-gagnant, plutôt que sur des questions idéologiques ».
Non, ce n’est pas à la Chine à choisir entièrement ses politiques économiques et commerciales – non, si elle veut rester à l’OMC et bénéficier de l’accès libre aux marchés que lui confère l’adhésion à cette organisation internationale. Pour adhérer à l’OMC, il faut suivre un ensemble de règles conçues pour assurer un commerce basé sur l’économie de marché. Il ne permet pas d’adhérer à un tel système en gardant les doigts croisés derrière le dos.
En ce qui concerne l’identification pragmatique d’opportunités dites « gagnant-gagnant », M. Summers ressemble aux nombreux responsables chinois qui présentent les pratiques mercantilistes – telles que contraindre les entreprises étrangères à transférer des technologies à des partenaires chinois – comme « gagnant-gagnant ».
Il y a une blague bien connue dans le monde des affaires et parmi les experts sur la Chine : lorsque les responsables chinois parlent de scénarios « gagnant-gagnant », ils veulent dire en réalité que la Chine va gagner deux fois.
Le régime chinois sait que les pratiques en question – telles que le vol de la propriété intellectuelle occidentale, les coentreprises obligatoires avec transferts de technologie forcés et les subventions massives et sans précédent accordées aux « champions industriels » sélectionnés par l’État chinois – ne sont pas « gagnant-gagnant ». Elles sont « gagnant-perdant » : les entreprises chinoises gagnent et les entreprises étrangères, y compris les entreprises américaines et européennes, perdent.
Quoi qu’il en soit, M. Summers estime que les États-Unis et le reste du monde ne peuvent rien faire pour empêcher la Chine de devenir la plus grande économie de la planète. C’est vrai : la Chine a une population de 1,4 milliard d’habitants, soit quatre fois celle des États-Unis, et son économie croît plus rapidement. Mais le problème n’est pas là et ne l’a jamais été.
M. Summers et d’autres laissent entendre que l’objectif de l’administration Trump est de « contenir » l’économie chinoise. Cela ne fait que renforcer les propos du régime selon lesquels la Chine est la victime, tandis que les tarifs douaniers américains ne sont qu’une insulte de plus dans une longue liste d’exemples « d’agression impérialiste » étrangère.
Je ne crois pas que l’objectif de l’administration Trump soit de contenir la Chine, et ce n’est pas non plus l’objectif de la plupart des partisans d’une approche « dure » au commerce avec la Chine. Le véritable objectif de l’administration Trump est simple : la Chine doit cesser de tricher, elle doit commencer à respecter les règles du commerce mondial. Des règles comme « ne volez pas la propriété intellectuelle » ; « lorsque les partenaires commerciaux ouvrent leurs marchés à vos producteurs, vous devez alors leur rendre la pareille en ouvrant les vôtres – ceci sans aucune condition attachée, comme les transferts de technologie forcés » et « maintenez les subventions pour vos industries nationales dans des limites raisonnables ».
Comme l’a formulé clairement Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce : « L’administration Trump a patiemment demandé à la Chine de mettre fin à ses pratiques déloyales, d’ouvrir son marché et de s’engager dans une véritable concurrence sur le marché. Nous avons été très clairs et avons exposé les changements spécifiques que la Chine devrait entreprendre. Malheureusement, la Chine n’a pas changé son comportement. »
En fin de compte, il ne s’agit pas d’un combat par rapport aux objectifs de la stratégie chinoise en matière de haute technologie, formulée dans le plan « Made in China 2025 » ; il s’agit d’un combat par rapport aux moyens utilisés par la Chine pour atteindre ses objectifs.
Comme l’a souligné Information Technology and Innovation Foundation, de nombreux pays ont établi des stratégies nationales pour bénéficier de la prochaine vague du développement des industries de l’innovation, y compris de l’intelligence artificielle. Toutefois, à l’exception de la Chine, tous le font de façon équitable en investissant dans les sciences fondamentales, en soutenant le développement des compétences, en encourageant l’adoption de nouvelles technologies par le gouvernement, en assurant une large disponibilité des ensembles de données, en encourageant le transfert de technologies par les universités, etc.
Seule la Chine est prête à violer les règles de concurrence loyale et tente d’avancer par des moyens illicites tels que l’espionnage industriel.
Il est temps que la Chine agisse comme un partenaire commercial responsable à l’échelle internationale. Si tel est le cas, cela bénéficiera à l’économie chinoise et à l’économie mondiale.
Robert Atkinson
Robert Atkinson est président de Information Technology and Innovation Foundation (ITIF), le principal groupe d’experts sur la politique scientifique et technologique.
Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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