Abdallah, brillant étudiant de Centrale Supélec, va quitter sa banlieue de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) pour débuter une thèse dans la prestigieuse université américaine de Harvard.
Le travail et la volonté paient toujours, tôt ou tard, dit-on. La ville de Chanteloup-les-Vignes est bien connue des cinéphiles des années 90, théâtre du film La Haine de Matthieu Kassovitz. Le réalisateur y dépeignait une banlieue gangrenée par la pauvreté, la violence et la désillusion, sous fond d’émeutes anti-policières.
Abdallah connaît bien son quartier et sa ville, Chanteloup-les-Vignes. Il y a grandi et fait ses premières classes élémentaires et collégiennes. Mais Abdallah a surtout évolué dans une famille où la valeur du travail importe avant tout. Ses parents, arrivés en France dans les années 80, ont élevé leurs trois enfants dans cet esprit.
« J’ai toujours été bon élève, mais grâce à l’impulsion de mes parents… On m’a fait comprendre très tôt que l’éducation et les études, c’est ce qui allait me permettre de me sortir de ce milieu social défavorisé », se souvient ce jeune homme aux yeux rieurs et aux boucles brunes, interviewé chez ses parents par Le Parisien. Ceux-ci, agents d’entretien, n’ont pu aider leurs enfants dans les devoirs, « mais ils ont toujours voulu qu’on leur montre qu’on avait fait nos devoirs tous les soirs. Je pouvais écrire n’importe quoi, mais je devais leur montrer », relate affectueusement Abdallah.
« Vas-y et, si besoin, on prendra un crédit »
Lycéen à Conflans-Sainte-Honorine, Abdallah décide d’abord de s’inscrire au PACES (Première Année Commune aux Études de Santé) avant de finalement se réorienter vers une autre prépa. Mais, ratant les inscriptions sur la toute nouvelle plateforme ParcourSup, il doit s’inscrire en procédure complémentaire. « J’ai envoyé des candidatures en dehors de Parcoursup, on me répondait qu’il fallait soit passer par Parcoursup, soit revenir à la rentrée. »
Comme chaque année, le jeune homme va passer son été à faire des ménages, mais cette année-là, son esprit est ailleurs.
« Tous les jours, je posais le chariot sur le côté et regardais si je n’avais pas une nouvelle réponse dans ma boîte mail. Quatre jours avant la rentrée je n’avais toujours rien, quand Janson est soudain apparu en filière PCSI sur Parcoursup ! Je me suis dit « tiens c’est bizarre, c’est une très bonne prépa ! » Après une lettre de motivation confirmant sa demande, Abdallah est officiellement inscrit dans ce lycée parisien du 16e arrondissement.
« J’ai regardé les logements en catastrophe, et rapidement je suis tombé sur Le Bon coin sur une chambre de bonne à 400 euros par mois, le strict minimum, toilettes sur le palier et 6e sans ascenseur, très honnête pour un 9 m2. » Seulement, 400 euros représentent une somme non négligeable pour ses parents. Mais, qu’à cela ne tienne, sa mère rétorque : « Vas-y et, si besoin, on prendra un crédit ».
Abdallah découvre alors un milieu inconnu, évoluant avec une majorité de camarades provenant de lycées prestigieux et de milieux sociaux favorisés. « J’avais envie de montrer que je représentais une catégorie sociale qui n’était pas aussi privilégiée que la leur, mais que des talents peuvent s’en sortir ! »
L’étudiant travaille dur et maintient ses bons résultats. Mais, chez ses parents, il se rend bien compte qu’on se serre la ceinture, plus que de coutume. Mettant sa fierté de côté, le jeune homme va exposer sa situation à la CPE qui met tout en œuvre pour l’aider.
« Au mois de mars, elle m’avait trouvé une place en internat et la commission me proposait 50 % du prix sur l’internat ! Ça me revenait à 150 euros par mois ! C’était la première fois qu’on me tendait la main et que j’avais quelqu’un de l’extérieur qui me disait « je crois en toi ! » J’ai donc déménagé à l’internat et suis passé de 4e à premier de la classe puis en classe étoile ! »
Centrale Supélec, Stanford et Harvard
Après deux années de prépa, il faut ensuite passer les concours pour les grandes écoles. Mais Abdallah n’y croit pas vraiment. « J’étais plein d’autocensure, alors quand j’apprenais l’existence de certaines écoles, j’étais sûr qu’elles n’étaient pas accessibles. » Il ne passe alors les concours de l’ENS et de l’X qu’à moitié, mais termine ceux de Centrale Supélec et des Mines.
L’aventure est pourtant loin de s’arrêter pour le jeune Chantelouvais qui va intégrer Centrale Supélec. Une année de césure lui permet de faire un semestre à l’université de Stanford en Californie « où les questions de diversité sont plus avancées ». Mieux armé quant à son avenir, l’étudiant termine son année de césure à Harvard « dans l’un des hôpitaux de la fac de médecine, en stage de recherche toujours ».
De retour à Centrale Supélec, Abdallah va aussi décider d’aider des jeunes collégiens à accéder à des stages de haut niveau.
En septembre prochain, Abdallah débutera sa thèse à Harvard avec l’objectif de monter son entreprise dans l’imagerie médicale et espérant pouvoir développer « un outil révolutionnaire pour les patients ». « C’est un secteur qui est très porteur, parce que je pense que cela va changer la façon dont les médecins travaillent au quotidien ».
« Croyez en vos rêves! Donnez-vous les moyens! »
Christophe Laux, professeur à Centrélec, ne tarit pas d’éloges à son propos : « Dans le cas d’Abdallah, ce n’est pas l’ascenseur social, mais la fusée sociale, parce que, là, il part vers les étoiles ! »
Abdallah en est sûr, il y a, et il y en aura bien d’autres comme lui.
Aussi, envoie-t-il ce message aux jeunes étudiants : « Le seul obstacle que vous pouvez avoir à vos rêves, c’est vous-même ! Il ne faut vraiment pas se mettre de limites ni faire preuve d’autocensure… Il y a de grandes écoles aujourd’hui qui n’attendent que vous ! Croyez en vos rêves ! Donnez-vous les moyens ! Et, j’en suis sûr, vous aurez des parcours encore plus brillants que le mien ! »
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