Malgré les avantages évidents de la relecture, les élèves sont en général réticents à reprendre les premières versions de leur travail, rechignant face à l’effort supplémentaire que cela leur demande. Ou alors, s’ils le font, ils se contentent de bâcler cette phase de révision.
La maîtrise de l’écrit se manifeste par une orthographe et une grammaire correctes, une présentation logique des idées et une utilisation appropriée des détails et des preuves. Or, trop de lycéens ont un niveau insuffisant de ce point de vue.
Apprendre à se relire est une compétence qui servira aux élèves de diverses manières. Les recherches montrent que, si l’écriture est un moyen efficace d’aider les élèves à retenir des informations dans différents domaines, l’étape de la révision les aide à développer une compréhension conceptuelle plus profonde du sujet sur lequel ils écrivent.
Différences de motivation
La relecture est également un élément essentiel pour les épreuves d’admission dans l’enseignement supérieur, quand l’écrit comporte un essai ou une dissertation. Mais au-delà du champ scolaire et étudiant, l’écriture joue aussi un rôle important dans le domaine professionnel. Les formes de communication numérique sont utilisées dans 80 % des emplois d’ouvriers et 93 % des postes d’employés. Se relire est essentiel pour être à l’aise avec les compétences requises dans un monde où le travail virtuel est de plus en plus courant.
Étant donné tous ces avantages, comment motiver les étudiants à investir le temps et les efforts nécessaires à une bonne relecture ? En tant que chercheuse spécialiste des questions de motivation, j’ai réalisé avec des collègues une étude en 2021 qui montre que tout se rapporte aux raisons qu’a un élève de bien écrire ;
Certains élèves veulent améliorer leurs compétences rédactionnelles tandis que d’autres s’inquiètent surtout de leurs performances par rapport à celles de leurs camarades. En gardant en tête ces différences de motivation, voici quelques pistes pour créer les conditions incitant les élèves à se relire et se corriger.
Donner confiance aux élèves
Réduire l’anxiété est un premier paramètre sur lequel on peut jouer. Cette émotion s’accompagne de pensées négatives et d’un malaise physique, ce qui peut diminuer la capacité des élèves à se concentrer quand ils écrivent. Elle peut aussi rendre les élèves réticents à relire ce qu’ils écrivent. Il est important que les étudiants acceptent qu’écrire demande des efforts qui peuvent générer une certaine anxiété, que ressentir cela n’a rien d’anormal. Créer un environnement de classe encourageant les élèves à demander de l’aide peut rassurer les élèves et les amener à améliorer leur écriture.
Si les élèves ne considèrent pas l’écriture comme une activité utile sur le plan personnel, ils risquent de ne pas se sentir motivés pour relire leur travail. On peut donc privilégier les genres d’écriture qui les amènent à explorer leurs intérêts si on veut les motiver à bien écrire. Les recherches montrent que les expériences d’écriture agréables en classe incitent plus les élèves à reprendre leurs textes.
Les croyances des élèves quant à leur capacité à bien écrire peuvent aussi influencer leur tendance à se relire. L’un des moyens les plus efficaces de donner aux élèves confiance dans leurs compétences en la matière est de leur donner des occasions de réussite. Les élèves peuvent ressentir ces succès quand ils atteignent leurs objectifs, surmontent leurs réticences personnelles et reçoivent des retours positifs.
Les tâches d’écriture qui exigent plus de compétences que celles dont dispose actuellement un élève peuvent le faire douter de lui-même. Mais si ces exercices difficiles sont conçus pour s’appuyer sur des compétences déjà maîtrisées, ils peuvent au contraire lui donner plus d’assurance.
Des évaluations précises
Les recherches montrent que les étudiants qui se focalisent sur l’acquisition de connaissances et l’amélioration de leurs capacités d’écriture ont tendance à davantage se relire que les étudiants qui se comparent aux autres. Le fait de se concentrer sur l’un ou l’autre objectif est influencé par les messages directs ou indirects que les enseignants leur envoient. Les efforts des enseignants pour favoriser l’apprentissage sont particulièrement importants dans un contexte scolaire compétitif où les comparaisons sociales sont inévitables.
Les pratiques de correction qui vont au-delà de la simple notation sont efficaces pour réduire l’anxiété et encourager la relecture. Quand les élèves reçoivent des commentaires d’évaluation ciblés, cela peut les aider à comprendre dans quel sens se relire pour atteindre les objectifs scolaires.
Dans le cas d’exercices complexes, diviser la tâche en mini-tâches permet aux enseignants de faire un retour aux élèves à chacune des étapes avant que les élèves ne soumettent le devoir pour l’évaluation finale.
Narmada Paul, Professeur adjoint de clinique en psychopédagogie, Université du Kentucky
Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.
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