Les jeunes filles et les chefs religieux jouent un rôle central pour l’élimination des mutilations génitales féminines (MGF) et des mariages précoces, qui touchent des millions d’enfants en Afrique, ont estimé mardi les participants à un colloque international de trois jours à Dakar.
Les chefs religieux ou traditionnels sont invités à « renforcer le dialogue au sein de leurs communautés religieuses pour remettre en cause les idées reçues de longue date selon lesquelles les mariages d’enfants et les MGF sont des pratiques acceptables », indique la déclaration finale adoptée à l’issue de ce « premier sommet africain » organisé depuis dimanche par le Sénégal, la Gambie et l’ONG Safe Hands for Girls.
Les mutilations génitales, pratiquées en général avant sept ans, « constituent un danger et une atteinte à l’intégrité physique des femmes », a déclaré à l’AFP l’imam sénégalais Abdou Aziz Kane, en marge de cette conférence ayant rassemblé quelque 500 membres d’ONG, d’associations de victimes et responsables gouvernementaux d’une dizaine de pays et d’institutions internationales comme la Banque mondiale.
« Les prêcheurs doivent élever leurs voix pour sensibiliser à ces problèmes », a ajouté ce membre de l’Association nationale des imams et oulémas du Sénégal. Lors des discours de clôture, le numéro deux de la mosquée Al-Azhar, institution de l’islam sunnite qui siège au Caire, a prononcé une fatwa (décret religieux) interdisant les mariages précoces, jugeant que « l’âge minimum de maturité » pour les jeunes filles était de 18 ans.
« Les croyances restent un gros problème sur le terrain parce que les gens pensent que ces pratiques sont des obligations religieuses », a relevé la coordonnatrice en Gambie de Safe Hands for Girls, Lisa Camara, en espérant que ce sommet aura permis de « faire avancer la cause ».
Plus de 200 millions de femmes continuent de subir les effets de mutilations génitales dans le monde, notamment en Afrique, et quelque 50 millions de jeunes filles risquent d’en être victimes d’ici à 2030, selon un rapport de l’Unicef de 2016. Même si la tendance est en baisse dans plusieurs pays, des « poches de grande résistance » persistent, notamment en Somalie, en Guinée, à Djibouti et au Mali, selon les organisateurs.
Les mutilations génitales féminines freinent également le développement des pays en « entraînant des taux élevés de mortalité maternelle » liées aux complications engendrées par les MGF, souligne la résolution.
En Afrique, 39% des filles sont par ailleurs mariées avant leur 18e anniversaire et 13% avant leur 15e, indique par ailleurs l’Unicef. Les participants ont également appelé les Etats à « renforcer la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des filles, afin qu’elles puissent profiter de leur enfance ».
« Les filles, en particulier les survivantes de mariage précoce, doivent être à l’avant-garde de la lutte », recommandent les signataires. Il faut les placer « au cœur du débat sur les changements sociaux » et s’attaquer aux questions d’éducation, de santé et de pauvreté, en évitant les « approches universelles » ne prenant pas en compte des situations « complexes et variables », ont-ils estimé.
D.C avec AFP
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