EXCLUSIF – Les prisonniers du 6 janvier et leurs familles exposent la brutale vérité sur l’isolement en prison

Par Patricia Tolson
24 septembre 2022 16:37 Mis à jour: 24 septembre 2022 16:37

Cela a commencé sans avertissement.

Un prisonnier du 6 janvier est sorti de sa cellule sans masque. La prison était en confinement et plusieurs détenus comme lui ont été aspergés de gaz poivré, menottés et mis à l’isolement. Les tablettes des détenus ont été rapidement confisquées, mais pas avant que plusieurs d’entre eux aient eu le temps d’envoyer des messages texte, exposant la brutalité qu’ils venaient de voir. Epoch Times a récupéré un grand nombre de ces messages. Dans des entretiens exclusifs avec Epoch Times, les proches de plusieurs prisonniers du 6 janvier partagent leur histoire.

Les identités des personnes figurant dans les messages textes des détenus ont été expurgés par Epoch Times par crainte de représailles.

« [Un ***] vient juste d’avoir lieu »

Selon un message envoyé par un prisonnier du 6 janvier à un membre de sa famille, « [Un ***] vient juste d’avoir lieu » au Centre de traitement correctionnel de Washington vers 9 h 46 le 5 septembre. Un des gardiens vient « d’attaquer McAbee parce qu’il ne portait pas de masque ».

Le nom du prisonnier est Ronald Colton McAbee. Sa femme, Sarah, décrit pour Epoch Times ce qui s’est passé.

Ronald venait d’être sorti de sa cellule afin de recevoir ses médicaments. Selon Sarah, les détenus doivent prendre leurs médicaments devant l’infirmière pour prouver qu’ils ont avalé les pilules. Le chariot de médicaments était à une dizaine de mètres de la porte de la cellule de Ronald. Quand il est sorti de sa cellule pour prendre ses médicaments, il ne portait pas son masque.

Le lieutenant Crystal Lancaster s’est mise à lui crier dessus en lui ordonnant de mettre son masque. Il a répondu qu’il allait avaler ses médicaments et donc qu’il n’avait pas besoin de son masque. Une fois qu’il a pris ses médicaments le Lt Crystal Lancaster est arrivée vers lui pour lui asperger le visage de spray OC.

Le spray au poivre et le spray OC sont globalement fabriqués à partir des mêmes ingrédients. C’est la concentration plus élevée d’oléorésine de capsicum (OC) qui les distingue. Un rapport de mars 1994 (pdf) publié par le département de la Justice (DOJ) reconnaît les propriétés plus puissantes et potentiellement mortelles du spray OC lorsqu’il est utilisé en dehors des directives recommandées ou sur une personne souffrant de troubles respiratoires préexistants, comme l’asthme.

Alors que Ronald était à terre, en proie à la douleur, le Lt Lancaster a ordonné à l’agent responsable du secteur de le menotter. Une fois menotté, le Lt Lancaster l’a de nouveau aspergé, à bout portant, au visage.

Le récit de Sarah est confirmé par les messages envoyés par d’autres prisonniers du 6 janvier aux membres de leurs familles.

Capture d’écran des messages envoyés par trois prisonniers du 6 janvier, alors que les événements se déroulaient à la prison de Washington pendant une agression présumée du Lt Crystal Lancaster. (Obtenu par Epoch Times)
[Traduction : J6 ALERT. « Le Lt Lancaster vient d’agresser Macabe [sic] parce qu’il ne portait pas de masque, elle l’a d’abord poussé puis l’a aspergé… Elle l’a également pulvérisé alors qu’il était menotté et à terre à bout portant. »
« Le Lt Lancaster n’a pas seulement utilisé une force excessive. Elle l’a agressé avec un spray au poivre ‘mortel ou dangereux’ ou un spray OC. Il allait prendre ses médicaments mais il n’avait pas de masque alors elle l’a agressé ! C’est une agression avec une arme dangereuse et mortelle. D’après les événements du 6 janvier. »]

Selon Sarah, d’autres prisonniers du 6 janvier sont sortis de leurs cellules. Trois d’entre eux, Ron Sandlin, Bart Shively et Ryan Nichols, ont commencé à crier sur le Lt Lancaster, lui demandant d’arrêter d’agresser Ronald. Ron Sandlin a alors été menotté. Lui et Ronald ont été emmenés en cellule d’isolement. Bart Shively et Ryan Nichols ont également été aspergés, menottés, et placés en cellule d’isolement. Sarah précise qu’il n’y a pas de caméras dans la zone des cellules d’isolement.

« C’est très inquiétant car les gardiens peuvent entrer et faire ce qu’ils veulent à ces personnes sans avoir à rendre de comptes », déplore‑t‑elle.

Les messages envoyés par deux autres prisonniers du 6 janvier corroborent ces informations et fournissent davantage de détails.

Capture d’écran de messages assemblés envoyés par trois détenus du 6 janvier, lors de l’agression présumée du Lt Crystal Lancaster. (Obtenu par Epoch Times)
[Traduction : « Merci pour l’adresse. Nous avons encore été attaqués. S’il vous plaît, faites-le savoir au monde entier. Aujourd’hui à 11 h 45, Ron MacAbee allait chercher ses médicaments. Il a été confronté par le Lt Lancaster, qui l’a alors gazé directement au visage pour ne pas avoir obéi assez vite. (En fait, il était déjà au chariot de médicaments où il aurait dû découvrir son visage pour prendre ses médicaments de toute façon.) Lorsque le groupe s’est, à juste titre, insurgé contre une agression injustifiée, (l’équipe ERT, qui est la version du SWAT en prison), est arrivée en courant pour attaquer le reste d’entre nous. Plusieurs officiers attrapaient les gens par le cou et leur bloquaient le visage avec des bombes lacrymogènes alors qu’ils les poussaient dans leurs cellules pour qu’ils puissent s’occuper de Mac sans interférence. J’ai vu qu’il avait reçu au moins deux coups de spray au visage, et probablement plus. Tout était complètement calme avant ça. La plupart des gens dormaient encore ou lisaient dans leurs cellules. Ces gens dans cette prison sont malades, racistes, avec un programme politique violent. Le monde a besoin de le savoir immédiatement. »
« Le Lt Lancaster est arrivée dans l’unité et a agressé Ronald McAbee. Tout le monde a vu ce qui s’est passé. Elle l’a aspergé de spray OC et l’ERT est arrivée et a verrouillé l’unité. McAbee était menotté. L’agent de correction a ouvert la porte pour permettre à MacAbee de prendre ses médicaments du matin auprès de l’infirmière. Il a marché environ dix mètres jusqu’à l’infirmière et était seul, éloigné. Elle l’a attrapé et l’a aspergé au visage. Elle l’a aspergé une seconde fois alors qu’il était menotté. Tout ça parce qu’il ne portait pas de masque. À 12 h 45, ils ont ramené Ronnie Sandling et 15 minutes plus tard, ils ont ramené Mac Abee mais l’ont relocalisé dans une autre cellule avec très peu d’espace hors caméra. Un problème avec Ryan Samsel se prépare.
Ils ont emmené Ryan Nichols et Bart Shively au trou et on s’attend à ce qu’ils reviennent mais ils ont été relocalisés dans des cellules différentes. On ne sait pas trop pourquoi ces déplacements ont lieu. Cet endroit a perdu la tête aujourd’hui.
Ryan et Bart sont revenus dans l’unité à 13 h 15 et ont été relogés dans des cellules différentes. Le système de griefs électronique est en panne depuis un mois et ils ne veulent pas distribuer de formulaires papier. Cet endroit est rapidement en train de tomber en ruine.
Il semble qu’ils ne veulent aucun d’entre nous dans le trou parce que ça interfère avec leurs opérations de drogue. Bien que les vidéos soient sorties, ils refusent littéralement de nous mettre dedans. »
]

Une longue histoire d’abus et de conditions inhumaines

Sarah affirme que l’établissement s’illustre par des conditions inhumaines documentées de longue date. Elle souligne également que le Lt Lancaster, bien connu des prisonniers du 6 janvier et de leurs proches pour être particulièrement vulgaire et brutale, a été bannie de l’unité en charge des prisonniers du 6 janvier pour abus verbal et pour avoir volé le courrier des détenus.

« Je ne sais pas si cette interdiction a été levée ou pourquoi elle se trouvait dans ce secteur. »

Le récit de Sarah a été validé de manière indépendante par les messages d’autres prisonniers du 6 janvier.

Capture d’écran d’un message envoyé par un prisonnier du 6 janvier à la prison de Washington lors de l’agression présumée du Lt Crystal Lancaster. (Obtenu par Epoch Times)
[Traduction : « Un officier du Département des services correctionnels a agressé un prisonnier J6 Ron Macabre [sic]. Barton Shivley confirme la maltraitance dans le message suivant. S’il vous plaît appelez le service des US Marshals et portez plainte. Message suivant : Bonne après-midi, nous venons d’avoir un problème ici à la prison. Un de nos gars a été agressé par un officier ici dans ce secteur… Nous ne faisions rien de mal et elle est venue nous créer toutes sortes de problèmes…alors elle a dit au gardien de le menotter et tout le monde s’est levé pour le défendre. Alors ils ont débarqué en force et aspergé tout le monde au gaz lacrymogène. Nous faisons actuellement une grève de la faim dans la cellule. S’il vous plaît, faites savoir au monde ce qui se passe ici. Elle doit être renvoyée. Elle ne fait que causer des problèmes chaque fois qu’elle vient ici… ce n’est pas juste.
S’il vous plaît dites à tous que nous faisons une grève de la faim, tout le monde doit savoir comment nous sommes maltraités !!!!!! Merci Dieu bénisse l’Amérique ! »
]
Capture d’écran d’un message envoyé par un prisonnier du 6 janvier à la prison de Washington D.C. lors de l’agression présumée du Lt Crystal Lancaster.
[Traduction : « Nous sommes en confinement. Je viens juste de descendre ici. Ils ont aspergé Mac avec du gaz poivré et l’ont emmené au trou, alors dis‑le à Sarah. Cette lieutenante Lancaster est répugnante comme l’enfer. C’est elle qui l’a sali. Alors toute l’unité est venue le défendre et ça a failli devenir une émeute. J’étais dans ma cellule et ne pouvais pas en sortir, Dieu merci, sinon je serai au trou aussi. Je suis OK cependant. Si vous pouvez ajouter un peu d’argent sur ma tablette parce que ce jour va être long. »]
Capture d’écran d’un message texte envoyé par un prisonnier du 6 janvier à la prison de Washington D.C. lors de l’agression présumée du Lt Crystal Lancaster. (Obtenu par Epoch Times)
[Traduction : « mise à jour
Ils essaient d’inculper Ryan Nicoles, Bart Shively et Ronnie Sandlin pour avoir agressé le Lt Lancaster. Ces gars n’ont rien fait de mal à part venir en aide à un frère qui était au sol après avoir été malmené. Ils se sont littéralement tenus debout et ont crié aux officiers d’arrêter d’agresser Macabee, l’accusé du 6 janvier. Mac a été pulvérisé par les officiers à bout portant, tout cela parce qu’il n’était pas combatif et qu’il demandait des réponses sur la raison pour laquelle il avait été frappé et aspergé à plusieurs reprises. En Amérique, il s’agit d’un abus de pouvoir flagrant qui doit cesser. Nous avons besoin de votre aide. »
]

Selon Nicole Reffitt pour Epoch Times, les sévices ciblés infligés aux prisonniers du 6 janvier ne sont pas nouveaux au « goulag de Washington ». Son mari, Guy Reffitt, y a souffert pendant près de 20 mois. Guy a été le premier accusé du 6 janvier à passer en jugement et le premier qu’on a essayé d’inculper avec en surcroît la dimension de « terrorisme domestique », dit‑elle.

« Heureusement, le juge ne l’a pas accordé », poursuit Nicole, en précisant que son mari n’a jamais pénétré dans le bâtiment du Capitole, ni touché qui que ce soit, ni endommagé quoi que ce soit. « Il a quand même été condamné à sept ans et demi. Nous essayons toujours de nous faire une idée de ce qui se passe.

« Je n’ai pas pu parler à mon mari. »

Les tablettes utilisées par les prisonniers pour communiquer avec leurs proches ont été soudainement confisquées, rappelle-t-elle.

« Il n’a pas été en mesure de m’envoyer un message. Le dernier message qu’il m’a envoyé était qu’ils étaient agressés et que les officiers avaient retiré leurs caméras corporelles. »

Le SMS d’un proche en visite a confirmé que les tablettes des détenus avaient été confisquées.

Capture d’écran d’un SMS envoyé par le proche d’un prisonnier du 6 janvier de la prison de Washington, à la suite de l’agression présumée du Lt Lancaster. Le message confirme que les tablettes des détenus ont été confisquées. (Obtenu par Epoch Times)
[Traduction : « Ils ont pris les tablettes noires de tout le monde. »]

Nicole Reffitt explique également que le système électronique de règlement des griefs des détenus a été désactivé et qu’ils n’ont pas pu déposer de griefs auprès de la prison depuis plus d’un mois. Cela signifie qu’aucun des incidents d’abus n’est documenté et que personne n’est tenu pour responsable. Même les griefs papier déposés par les prisonniers sont « déchirés sous leurs yeux ».

L’histoire de ces abus a été confirmée par le message d’un autre prisonnier du 6 janvier.

Capture d’écran d’un message envoyé par un prisonnier du 6 janvier à la prison de Washington lors de l’agression présumée du Lt Lancaster. (Obtenu par Epoch Times)
[Traduction : « Deux hommes bons, Ronald Mcabee et Ronald Sandin ont été aspergés de gaz poivré et agressés et emmenés au trou. Ronald Mcabee tentait d’obtenir son médicament du matin lorsque le Lt Lancaster l’a agressé avec un spray au poivre. C’est le genre de choses auxquelles nous sommes habitués ici au C2B du goulag de DC. Agression du personnel. Violence sous couvert d’autorité. Nous sommes considérés et appelés insurgés par le personnel ici. Une chose est sûre, ils vont revenir. Ils arrivent à un point où ils vont aller trop loin. Nous avons besoin de prières pour l’homme dans le trou, pour leurs familles. Pour une fin rapide de cette persécution du peuple américain. Nous sommes seuls, à des milliers de kilomètres de chez nous, et tout ce que nous avons, c’est l’un l’autre. Nous sommes prêts à nous battre. #justice4J6 »]

Sarah a précisé que son mari est resté dans sa cellule, baignant dans le spray OC pendant plus de 12 heures avant d’être emmené au service médical et « jeté dans une douche chaude ». Ensuite, les gardes lui ont fait renfiler les mêmes vêtements imbibés de spray OC avant de le remettre dans sa cellule. Quatre heures plus tard, le produit a commencé à se réactiver sur sa peau et dans ses yeux. Il a supplié qu’on lui permette de prendre une douche avec de l’eau et du savon. On lui a dit de « prendre sur lui ». C’est seulement vers minuit qu’il a pu prendre une douche avec de l’eau et du savon et mettre des vêtements propres.

Erreur d’identité ou représailles intentionnelles ?

Malgré des appels répétés aux sénateurs et représentants des États‑Unis, au Bureau des prisonniers et aux US Marshals, Bonnie Nichols affirme pour Epoch Times que rien n’a changé. Comme l’a rapporté Epoch Times en juillet, son mari Ryan Nichols fait face à 11 chefs d’accusation, dont de multiples infractions avec la mention « arme mortelle ou dangereuse ». L’« arme mortelle ou dangereuse » était un spray au poivre.

Au petit matin du 7 septembre, Bonnie a reçu une série de SMS déchirants de Ryan décrivant son état physique et mental après avoir été agressé par le Lt Lancaster et mis à l’isolement. Il croit qu’il a été attaqué par le Lt Lancaster par erreur. Il y a eu erreur sur la personne, selon lui.

Messages envoyés par Ryan Nichols à sa femme Bonnie le 7 septembre 2022, après qu’il ait été agressé par le Lt Crystal Lancaster et jeté en isolement. (Avec l’aimable autorisation de Bonnie Nichols)
[Traduction : « Bonjour, ma chérie, je vais bien. On est au Sud 1. Ils nous ont sortis des cellules, et nous devons attendre l’audience sur les charges. »
« Ils m’ont donné trois charges, qui sont toutes fausses. »
« Nous sommes en isolement cellulaire, et cela fait environ deux jours que nous sommes en isolement cellulaire. »
« Macabee [sic] a dit qu’il croit que Lancaster l’a agressé sans provocation, parce qu’elle pensait qu’il était moi. Nous nous ressemblons un peu. »
« Ils ont encore volé mes découvertes, et ont pris mon disque dur qui contenait tout mon travail sur l’affaire que je devais donner à Joe, cela concernait l’ensemble du dossier. »
« Ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas le trouver. »
« Il était juste dans ma cellule et Lancaster le savait parce qu’elle étaitt venue dans ma cellule juste avant ça. »
« Les médecins m’ont donné de la crème contre les brûlures. »
« Ils m’ont laissé assis dans le spray OC toute la journée, toute la nuit, et le jour suivant avant de me donner une douche. »
« Je n’ai toujours pas reçu de soins psychiatriques. »
« Le personnel médical m’a donné du Mag-AI Plus pour les brûlures et a grondé l’ERT qui m’a basiquement dit de prendre sur moi et que mes brûlures n’avaient pas d’importance juste devant le personnel médical. »]

Cependant, Bonnie est convaincue que l’agression de son mari était une mesure de représailles intentionnelle en raison de la plainte déposée le 10 août « qui la nommait spécifiquement ».

Selon la pétition pour une ordonnance d’Habeas corpus en vertu de l’article 28 U.S.C. 2241 et la demande de redressement déclaratoire par voie d’injonction (pdf), le Lt Lancaster, la gardienne responsable du quartier d’isolement connu sous le nom de « The Hole » (le Trou), « abuse verbalement et mentalement des détenus ».

« Elle supervise également des officiers et des gardes qui font de même, et est soupçonnée d’introduire des drogues dans la prison », peut‑on lire dans la demande. « La présence de drogues dans la prison a été confirmée à la fois par le rapport des U.S. Marshals et par le témoignage du président du conseil municipal de DC sur la ‘Sécurité judiciaire et publique’. »

Selon différentes sources, un agent correctionnel a déjà été arrêté dans l’établissement de DC en février. Il aurait  accepté des pots‑de‑vin pour apporter de la drogue, des couteaux et des téléphones portables aux détenus. Il y a également eu de multiples overdoses et deux décès liés à la drogue « qui corroborent d’autant plus la présence de drogue dans la prison de DC ».

Bonnie précise également que le Lt Lancaster a été bannie de la cellule du 6 janvier « pendant des semaines ». Elle narguait les détenus, les traitant de noms tels que « biscuit blanc *** » et leur disant qu’elle allait « *** votre papa et vous donner une petite sœur ».

La dernière fois que Ryan a été jeté en isolement, c’était apparemment en représailles à un grief qu’il avait déposé. Parce qu’il souffre d’un trouble de stress post‑traumatique en raison des traumatismes subis pendant son service militaire, il a été placé sous surveillance anti‑suicide. Cependant, il n’a pas été autorisé à voir une infirmière ou à recevoir des conseils en matière de santé mentale. Ils l’ont simplement mis dans une camisole de force et « l’ont attaché à un banc ».

Maintenant il est de nouveau en isolement. La section est toujours en confinement. Comme il n’a pas été autorisé à se doucher pendant 48 heures après l’agression, il a des brûlures chimiques sur tout le corps à cause du spray OC. L’équipe des urgences lui a dit « d’arrêter d’être un *** ».

Bonnie Nichols avec le père de son mari Ryan, Don, devant la Maison Blanche à Washington en août 2022. (Avec l’aimable autorisation de Bonnie Nichols)

« Je suis en colère à cause de ce qui continue à se passer », confie Bonnie. « C’est comme si cette prison était intouchable. C’est grave que ces hommes soient toujours dans la même situation après deux ans. »

Outre les mauvais traitements et les conditions abominables, Bonnie déclare que les « éléments que son époux a découverts pour sa défense lui ont été enlevés. »

Tout le travail qu’il a effectué sur son dossier, toutes les requêtes, tout ce sur quoi il a travaillé au cours des 19 derniers mois se trouvait sur une clé USB qui a disparu de sa cellule pour la deuxième fois. Les gardes prétendent ne rien savoir – encore une fois.

« Il y aura l’enfer pour payer »

Don Nichols, le père de Ryan, accompagne Bonnie lors de l’interview avec Epoch Times.

Don a passé la matinée au téléphone. Il a contacté le directeur du Federal Bureau of Prisons et l’U.S. Marshals Service. On lui a dit : « Le mieux est de mettre la main sur vos sénateurs et vos membres du Congrès ».

« Louie Gohmert a déjà fait tout ce qu’il pouvait faire », explique Don, saluant les efforts du député républicain du Texas pour la cause des prisonniers du 6 janvier.

Selon Bonnie, Louie Gohmert « a fait plus que n’importe qui ».

Don veut savoir pourquoi tant de prisonniers du 6 janvier ont été accusés d’avoir usé d’une « arme dangereuse ou mortelle » en utilisant du spray au poivre, alors que les gardiens peuvent asperger « les détenus en attente de jugement qui n’ont pas été condamnés pour un crime. Et ce, plusieurs fois avant et après qu’ils soient menottés » sans subir de conséquences.

« Je pose une simple question », précise Don. « Puis‑je déposer des accusations criminelles contre le Lt Lancaster au nom de mon fils ? C’est la question à laquelle je veux que quelqu’un en charge de ce système réponde. Parce que je suis prêt à prendre l’avion pour Washington D.C., quel que soit le jour, pour dire que je suis d’accord pour déposer des accusations contre chaque personne qui a perpétré ce crime contre ces hommes. »

Bonnie se demande : « Jusqu’à quel point un être humain peut‑il en supporter avant que ce ne soit trop ? »

Elle rappelle comment plusieurs accusés du 6 janvier qui n’étaient même pas incarcérés se sont suicidés. Christopher Stanton Georgia, 53 ans, du comté de Fulton, en Géorgie, est mort d’une blessure par balle qu’il s’est lui‑même infligée quelques jours seulement après l’intrusion au Capitole. Le 25 février, à 17 h 30, quelques semaines avant sa condamnation, Matthew Perna, 37 ans, s’est rendu dans son garage et s’est pendu. Le 20 juillet, Mark Roderick Aungst, 47 ans, de South Williamsport (Pennsylvanie), est devenu le troisième accusé du 6 janvier à se suicider.

« Je vous le dis », avertit Bonnie, la voix brisée, « si mon mari s’enlève la vie à cause de ça, il y aura  l’enfer pour payer ».

Le Président a fait de la haine un « devoir patriotique »

Selon Joseph McBride, l’avocat représentant Ryan Nichols et plusieurs autres prisonniers et accusés du 6 janvier, les gardiens de la prison exercent des représailles contre Ryan en raison de la requête en Habeas corpus déposée contre Lancaster.

« Il n’y a pas d’autre explication », explique Me McBride à Epoch Times. « Notre plan est de plaider pour sa libération aujourd’hui. »

Selon une requête (pdf) déposée le matin du 8 septembre devant la Cour de district des États‑Unis pour le district de Columbia, Me McBride a demandé « à la Cour de rejeter toutes les accusations contre » Ryan « pour la raison que le gouvernement, en la personne du président, a intentionnellement et irrémédiablement corrompu le groupe de jurés ».

Citant 31 déclarations distinctes que le président Joe Biden a faites contre les républicains MAGA lors de son discours de 24 minutes le 1er septembre, Me McBride a déclaré que « le président a incité la nation entière à haïr les défendeurs du 6 janvier par devoir patriotique ».

Selon la requête d’urgence du défendeur pour une libération immédiate avant le procès et la demande d’une audience d’urgence (pdf), Me McBride « demande à la Cour d’ordonner la libération temporaire immédiate » de Ryan « de la détention provisoire » parce que la prison de D.C. exerce actuellement des représailles contre le défendeur pour avoir déposé une affaire civile contre elle, la durée de la détention provisoire du défendeur est une violation de ses droits à une procédure régulière, et le défendeur est détenu dans des conditions de détention qui violent ses droits civils et humains.

Me McBride a également demandé à la cour (pdf) un changement de lieu.

Nulle part ailleurs où aller

À la suite de l’agression dont ont été victimes leurs proches, chaque membre des familles du 6 janvier gèrent la situation à leur manière. Sarah a réclamé la vidéo de surveillance pour voir par elle‑même ce qui s’est passé. Bonnie et Don veulent des réponses. Nicole se rend à Washington « pour faire une veillée avec d’autres membres de la famille du 6 janvier devant la prison » pour chanter avec les prisonniers.

Chaque soir, sans faute, ils chantent l’hymne national, explique Nicole.

« Cela peut être intimidant et très effrayant », avoue-t‑elle. « Nous nous battons contre la force pure du gouvernement américain, et nous ne sommes que des gens ordinaires. C’est écrasant de penser au combat que nous avons devant nous et que nous menons depuis bientôt 20 mois. C’est effrayant, mais c’est important. Je vais faire un acte de foi et aller à Washington parce que je n’ai nulle part ailleurs où aller. »

Eric Glover, avocat général du Département de l’administration pénitentiaire du district de Columbia, et le directeur du Département de l’administration pénitentiaire Thomas Faust n’ont pas répondu aux demandes de commentaire à l’heure de la mise sous presse.

Fred Lucas a contribué à cet article.

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